Point séance

Séance du Grand Conseil du mercredi 16 juin 2021, point 15 de l'ordre du jour

Texte déposé

-

Documents

RC_20_POS_218_Carole Schelker

Objet et développement

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Carole Schelker (PLR) — Rapporteur-trice

Le but du postulat de notre collègue Yvan Pahud était de pérenniser les mesures visant à organiser des voyages d’étude exclusivement en Suisse. Mme la conseillère d’Etat Cesla Amarelle nous a en effet expliqué que, dès juin 2020, le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture a décidé que les voyages et sorties scolaires de l’enseignement obligatoire et postobligatoire se dérouleraient en Suisse, ceci jusqu’à juillet 2021, afin de tenir compte de la grande incertitude liée à l’évolution de la pandémie, apporter un soutien au secteur touristique indigène et, de façon plus générale, réfléchir à des voyages plus locaux pour mieux prendre en considération les enjeux climatiques et de durabilité. Parallèlement, le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture a pris une autre mesure très forte qui va dans le sens du postulat, avec l’interdiction du recours à l’avion pour tous les prochains voyages d’étude dès la rentrée 2021. A ce titre, le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture a édité, à l'intention des enseignants, un guide des voyages d’étude durables pour favoriser les voyages locaux. Le message du guide, qui encourage les voyages indigènes afin de limiter les émissions de CO2, a été très bien accueilli par les établissements scolaires et plusieurs commissaires se sont exprimés favorablement sur son contenu.

En ce qui concerne les mesures incitatives très fortes via des subsides pour des voyages en Suisse proposées par le postulant, la conseillère d’Etat a précisé qu’il appartient aux communes de financer les voyages d’étude réalisés pendant l’enseignement obligatoire. La demande du postulant n’est donc pas applicable. Il en va de même pour le postobligatoire où ces voyages ne sont pas subventionnés. Finalement, le postulant a proposé de retirer le dernier paragraphe de son postulat qui concerne les subsides, proposition acceptée à l’unanimité de la commission. De nombreux commissaires se sont exprimés pour appuyer le fait que la prise de conscience des élèves sur l’impact des voyages en avion est un enjeu important. Sur le principe, la majorité de la commission ne souhaite pas de restrictions supplémentaires à une jeunesse qui vit actuellement une situation très difficile en raison de la pandémie et ne veut pas non plus interdire strictement les voyages hors de Suisse, pour une raison pédagogique évidente d’ouverture d’esprit des jeunes vers d’autres horizons. Afin d’aller dans ce sens et d’être moins restrictif, quelques modifications du postulat ont donc été proposées, notamment concernant l’avant-dernier paragraphe, le but étant que les enseignants ne privilégient pas d’emblée des voyages d’étude à l’étranger, mais réfléchissent d’abord à l’opportunité de les faire en Suisse, tout en laissant une certaine souplesse. L’avant-dernier paragraphe a donc pris la forme suivante :

« Néanmoins, afin de soutenir durablement notre économie et de limiter nos émissions de CO2, les postulants proposent que les intentions de cette mesure ne s’arrêtent pas à l’année scolaire 2020-2021, mais puissent être pérennisées tout en permettant des voyages hors de Suisse, lorsque l’intérêt pédagogique du projet est avéré. »

La reformulation de l’avant-dernier paragraphe du postulat a été acceptée par 7 voix et 2 abstentions. Les abstentions ont été argumentées par le fait que l’interdiction des voyages en avion et la publication d’un guide pour favoriser les voyages locaux sont déjà appliquées par le département qui travaille dans ce sens. Au vote, par 7 voix contre 2, la commission recommande au Grand Conseil de prendre partiellement en considération ce postulat et de le renvoyer au Conseil d’Etat.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Yvan Pahud (UDC) —

Je remercie la présente rapportrice pour son excellent rapport. En effet, elle a très bien réussi à refléter la volonté du postulat et les débats que nous avons eus en commission. Je remercie également Mme la conseillère d’Etat pour le bon accueil réservé à ce postulat et même sa force de proposition dans l’amendement proposé. Ce postulat fait suite à la mesure mise en place par le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture, pour que les voyages d’étude se déroulent plutôt en Suisse pendant la période de pandémie. Mon postulat voulait donc pérenniser cette mesure. Nous avons la chance de vivre dans un pays quadrilingue, avec des régions bien différentes et de nombreux établissements pouvant accueillir des jeunes. La pandémie nous a montré que faire des voyages en Suisse permet de découvrir notre pays et c’est aussi dans ce sens que je souhaitais aller. Cela fait également suite à la mobilisation des jeunes dans la rue qui demandaient que les politiques agissent pour le climat, voilà une mesure concrète mise en place. Je vous invite dès lors à soutenir ce postulat.

M. Jean-Marc Genton (PLR) —

Je faisais partie des deux membres de la commission qui se sont opposés à ce postulat. Une majorité des membres de notre Grand Conseil a eu la chance et surtout le bonheur de participer à un voyage à l’étranger pendant sa période scolaire et cela nous rappelle d’excellents souvenirs. Il est évident que les camps et les sorties en Suisse sont également importants, mais interdire – ou dresser des obstacles – ces voyages me semble dommage et disproportionné pour notre jeunesse, sous prétexte que cela va sauver la planète. Je vous remercie de classer ce postulat, sachant que des voyages à l’étranger seront toujours possibles, des demandes pouvant être faites et je ne vois pas qui pourrait les interdire.

M. Jean-Marc Nicolet —

A contrario de ce que vient d’affirmer mon préopinant, le postulat de notre collègue Yvan Pahud a le grand mérite de proposer la pérennisation des mesures prises par le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture l’an dernier, en pleine crise sanitaire, afin que les sorties, camps et autres voyages de fin de scolarité se déroulent avant tout en Suisse, à tout le moins pour inciter les directions d’établissement de l’enseignement obligatoire et postobligatoire, les enseignants et les élèves à prévoir et organiser des sorties à l’intérieur de nos frontières. Le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture n’a pas attendu le postulat Pahud et a pris une mesure bienvenue, celle de l’interdiction du recours à l’avion pour tous les voyages d’étude, dès la rentrée 2021, de quoi diviser par cinq les émissions de CO2 liées à ces voyages. Une exception a été prévue à cette interdiction de l’avion : si des motifs strictement pédagogiques devaient être retenus par le département.

Par ailleurs, un guide très intéressant des voyages d’étude durables a été rédigé par la cellule durabilité du département afin de favoriser les voyages locaux en Suisse. L’objectif est de faire valoir les attraits de notre pays ainsi que ses grandes capacités d’accueil et de soutenir l’économie touristique. Après un intéressant débat autour des mesures préconisées par le postulant et la prise en compte des mesures déjà mises eu œuvre, la commission, par 7 voix contre 2, a proposé une prise en considération partielle de ce postulat et son renvoi au Conseil d’Etat, non sans avoir reformulé une des demandes du texte et supprimer ce qui concerne le financement de ces sorties, lequel diffère selon que l’on soit dans l’enseignement obligatoire ou postobligatoire. Compte tenu des avancées bienvenues proposées par ce postulat et fort de mon témoignage, au nom du groupe des Verts, je vous invite à renvoyer ce texte au Conseil d’Etat.

M. Stéphane Montangero (SOC) —

Ce postulat a deux mérites principaux : le premier est de montrer ce que le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture a fait de manière réactive par rapport à la pandémie et surtout avec une action s'inscrivant dans la durée. Je le souligne, car nous avions demandé que le fameux guide des voyages d’étude durables – lequel permet d’ouvrir des perspectives par rapport aux différents voyages d’étude – soit joint au rapport. Il y a aussi une sorte de recadrage du voyage d’étude et du projet pédagogique qui va autour. Je remercie par ailleurs la conseillère d’Etat pour la clarté de ses explications liées au fait que ces voyages d’étude sont avant tout des projets pédagogiques durant lesquels on voyage. Cet aspect ressort très clairement du rapport de notre collègue Schelker et il met en perspective des enjeux allant au-delà du postulat de notre collègue Pahud. A ce propos, je souhaite faire référence à un texte adopté hier et qui constituait la réponse à l’interpellation faisant partie du paquet du Plan climat, réponse dans laquelle toute une série de chiffres étaient donnés par le département, notamment le fait que plus de 80% des voyages d’étude avaient lieu en avion dans certains secteurs.

Quant au deuxième mérite de ce postulat, la commission a aussi fait un voyage d’étude, soit celui des possibilités d’amender, modifier, prendre en considération partielle ou non un postulat. Pour celles et ceux que cela intéresse, quelques explications utiles à bon nombre de nos collègues pour de futurs textes figurent à la page 5 du rapport. Nous sommes enfin persuadés que le contenu de ce postulat permettra de continuer sur une bonne lancée et, au nom du groupe socialiste, je vous recommande de le transmettre tel que modifié, c’est-à-dire en prise en considération partielle, au Conseil d’Etat.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est close.

Le Grand Conseil prend le postulat en considération partiellement avec 6 oppositions et 1 abstention.

Retour à l'ordre du jour

Partager la page

Partager sur :