Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 28 février 2023, point 6 de l'ordre du jour

Texte déposé

Tout au long de sa durée de vie, le vêtement a des conséquences écologiques et sociales.

 

On le sait, l’industrie textile fait parler d’elle à travers de nombreux scandales, notamment lors de la fabrication des habits. En cause de mauvaises conditions de travail, une mauvaise protection des travailleurs et travailleuses qui oeuvrent dans les usines de production à l’autre bout du monde pour des salaires misérables ou encore le recours au travail des enfants ainsi que des pratiques catastrophiques pour l’environnement (utilisation de produits nocifs, utilisation de ressources vitales – la production d’un jeans nécessite 7’000 litres d’eau, soit l’équivalent de 2 litres d’eau potable par jour pour une personne pendant 9,5 années).

Ou encore l’exploitation de ressources non renouvelables pour produire des fibres synthétiques comme le polyester qui pour 70 % proviennent du pétrole.

 

Une fois dans nos armoires, les conséquences néfastes continuent. En effet, lors de chaque lavage en machine, les vêtements en matière synthétique libèrent des microfibres de plastique tellement petites qu’elles ne sont pas filtrées par les stations d’épuration. Ainsi, ce sont environ 

500'000 tonnesdeparticules de plastique qui partent dans les cours d’eau, les lacs et les océans.

 

Enfin, lorsque nous sommes lassés de nos habits ou qu’ils sont en trop mauvais état, leur route polluante se poursuit. En effet, la Suisse récolte près de 65'000 tonnes de vêtements usagés par année. Quand ils ne sont pas jetés à la poubelle, la plupart des habits qui ne sont plus portés sont donnés aux entreprises de collecte telles TexAid ou Textura.

Lors du tri, il est souvent constaté que ces vêtements sont très usés, de mauvaise qualité et ne peuvent pas être revendus sur le marché local de la seconde main. Certains tissus abîmés peuvent être recyclés en chiffons ou transformés en isolants, le reste étant revendu à l'étranger. Selon Texaid (Martin Boëschen, Directeur), 50% de la collecte européenne est exportée en Asie et en Afrique, comme par exemple au Kenya ou 185'000 tonnes sont importées.

Si la revente de ces vêtements peut représenter une source de revenus pour les revendeurs locaux, malheureusement beaucoup d’habits (entre 30 à 40%) sont en trop mauvais état pour être revendus, ou sont inadéquats avec le climat du pays, comme par exemple des vestes d’hiver, des pantalons en velours ou des bonnets qui sont totalement inutiles en Afrique. Dès lors, ils sont jetés ou brûlés dans des décharges à ciel ouvert, ce qui provoque des problèmes sanitaires et écologiques.

 

Les vêtements de travail et les uniformes n’échappent pas cette réalité. Ces habits qui sont fortement sollicités doivent durer, protéger les diverses parties du corps (frottement, trous, coupures, etc.) et doivent pouvoir résister à des températures élevées et être nettoyés efficacement (peintures, sang, poussières, etc.), tout en assurant à son utilisateur une liberté de mouvement et du confort. Afin de répondre à ces diverses exigences, les fibres que composent ces habits sont souvent produites chimiquement plutôt qu’à partir de matières premières renouvelables.

 

L’État de Vaud, à travers les divers métiers exercés au sein de son administration, est également un acheteur et consommateur de vêtements.

Dès lors, les questions suivantes se posent :

  1. Quel est le volume annuel de vêtements utilisés par l’État de Vaud ?
  2. Comment sont-ils nettoyés ?
  3. Où, comment et par qui sont-ils récupérés ou recyclés ?
  4. Est-ce que lors des achats d’habits, l’administration se soucie de leur provenance, du possible recyclage et des fibres utilisées ?
  5. Est-ce qu’il existe une « stratégie vêtements » afin de réduire l’impact écologique des divers vêtements utilisés par les employés de l’État ?

D’avance, nous remercions le Conseil d’État pour ses réponses.

 

Références:

The OR Foundation – WWF – Greenpeace - Rts.ch - The Good Goods

 

Conclusion

Souhaite développer

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Nathalie VezVER
Yannick MauryVER
Rebecca JolyVER
David RaedlerVER
Sébastien HumbertV'L
Cloé PointetV'L
Yves PaccaudSOC
Sylvie PodioVER
Graziella SchallerV'L
Alice GenoudVER
Sylvie Pittet BlanchetteSOC
Felix StürnerVER
Valérie ZoncaVER
Didier LohriVER
Martine GerberVER
Théophile SchenkerVER
Sabine Glauser KrugVER
Valérie InduniSOC
Yolanda Müller ChablozVER
Alberto MocchiVER
Cendrine CachemailleSOC
Monique RyfSOC
Muriel ThalmannSOC
Oriane SarrasinSOC

Document

23_INT_21-Texte déposé

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Nathalie Jaccard (VER) —

Comme dit dans le texte de l’interpellation, la production de textiles et de vêtements a un coût social. En cause : de mauvaises conditions de travail des personnes, voire des enfants, qui ne bénéficient pas de bonnes conditions de sécurité dans les teintureries, les usines de tissage et les ateliers de couture aux normes d’hygiène insuffisantes, pour des salaires indignes. Ecologiquement, cela a également un coût considérable par l’utilisation de ressources précieuses telles que l’eau, par exemple. Pour rappel, la production d’un jean nécessite 7000 litres d’eau avec lesquels on pourrait donner 2 litres par jour à boire à une personne pendant 9 ans et demi. Les vêtements en matières synthétiques ont un bilan encore plus catastrophique. Le magazine scientifique Quark a répertorié 6500 produits chimiques différents, dont certains toxiques ; ils peuvent mettre des centaines d’années à se décomposer. Lors du lavage, les vêtements perdent des microphytes qui, à cause de leur taille, ne sont pas filtrées et se retrouvent dans les eaux usées, tout comme les agents adoucissants ou les retardateurs de flammes absolument nécessaires pour certains corps de métiers. Ils polluent ainsi certains cours d’eau et se transmettent à travers la chaîne alimentaire pour se retrouver dans le corps humain.

Nous avons conscience que les uniformes, les vêtements de chantier et autres vêtements de travail sont plus sollicités et plus vite usés que des habits de ville. Ils sont souvent exposés à des contraintes très spécifiques et concentrées sur certains points. Si l’on veut qu’ils remplissent leur mission de protection, ils doivent être remplacés immédiatement dès qu’ils sont abîmés. L’idée n’est pas de déshabiller les employées et employés de l’Etat ni de renoncer à la qualité de leur protection. Toutefois, au vu de ce qui précède, un certain nombre de questions se posent notamment sur la manière dont ils sont nettoyés, comment et par qui ils sont récupérés ou recyclés, si lors des achats l’administration se soucie de leur provenance et des possibilités de recyclage des fibres utilisées, et s’il existe une stratégie afin de réduire l’impact écologique des divers vêtements utilisés par les employés de l’Etat. D’avance, nous remercions le Conseil d’Etat pour ses futures réponses.

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

L’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.

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