Acquérir un CFC à l’âge adulte

Mélanie Hofmann travaille au secteur infirmier d’une institution médico-éducative où elle assure des soins de base aux résidents, à la demande des équipes éducatives. OLIVIER VOGELSANG

Portrait d’une ASSC ayant obtenu deux certifications grâce à un dispositif fédéral adapté au profil des adultes

D’abord aide-familiale, puis aidesoignante, Mélanie Hofmann est aujourd’hui assistante en soins et santé communautaire (ASSC). Centré sur la relation, le parcours de la jeune femme a pourtant connu une interruption visant à équilibrer vie privée et vie professionnelle. «J’ai travaillé comme aide-soignante en EMS, au CMS, en milieu hospitalier… J’ai fini par ressentir une grosse fatigue, à toujours m’occuper des autres…» Après plusieurs années à l’écart du milieu des soins pour se consacrer à sa famille, elle a néanmoins été rattrapée par le virus. «Mon métier me manquait. Je suis soignante! »
Prête à retrouver une activité professionnelle dans le domaine, elle a cherché longtemps un poste à sa convenance. «Je ne voulais plus faire de nuits ni d’horaire coupé.» C’est au secteur infirmier de l’institution L’Espérance qu’elle a trouvé sa place. Engagée comme soignante ressource mobile, elle est chargée d’intervenir – «comme un service de soins à domicile» – dans les lieux de vie des résidents, à la demande des équipes éducatives.

Acquérir un CFC par la validation des acquis
Mélanie Hofmann s’est décidée à faire valider ses acquis professionnels en vue d’obtenir un CFC. «Mes enfants avaient grandi, il était temps pour moi de me lancer un défi sur le plan professionnel. J’avais entendu parler de la validation des acquis de l’expérience (VAE) et, avant de me lancer, je me suis beaucoup questionnée, je me disais que je n’y arriverais pas…»
Elle finit par envoyer son dossier de candidature pour l’obtention du CFC d’ASSC. Lors du premier entretien d’évaluation de sa demande avec un conseiller en orientation du Portail Certification professionnelle pour adultes (CPA) de l’OCOSP, ce dernier l’a rendue attentive au fait que, son lieu de travail relevant plus du domaine social que des soins, elle aurait intérêt à réorienter son dossier vers l’acquisition du CFC d’assistante socio-éducative (ASE). Mélanie Hofmann a donc constitué un deuxième dossier de candidature, tout en maintenant sa première demande. À sa surprise, les deux dossiers ont été acceptés par l’organisme responsable. «Il y a bien des points communs entre les deux formations, et de nombreux acquis ont pu être validés. Le plus gros à faire pour moi concernait ASSC, plus technique qu’ASE.» Elle a commencé à constituer son portfolio pour ASSC en janvier 2017 et, au terme de plusieurs mois de travail personnel et de séances collectives, elle a obtenu son CFC en juin 2018. Pour se mettre à niveau dans les soins techniques, elle a suivi des modules de formation complémentaire. «C’est concentré. Il est important d’avoir de la pratique sur le lieu de travail pour acquérir les gestes et garder la main.» Un an plus tard, elle obtenait son CFC d’ASE, également par la VAE.

Démarche exigeante
L’accompagnement des candidats, prévu par le dispositif VAE, a été assuré par Maria Amélia Kaltenrieder et Edith Sigg, conseillères en orientation au portail VAE de l’OCOSP et coaches CAS en validation des acquis de l’expérience. Mélanie Hofmann salue leur indispensable appui. «Rien que l’inventaire des expériences, sur la base des attestations et certificats de travail ou autres expériences de vie demande un temps fou. Pour chaque compétence à faire valider, il faut apporter et commenter trois situations professionnelles. Les conseillères en orientation nous ont aidés à structurer notre travail, à comprendre les énoncés du plan de formation. »
Mélanie Hofmann revient sur cette expérience exigeante. «Décrire ce qu’on fait, réfléchir à la manière de le faire… C’est un travail personnel autant que professionnel. Cela remet en question tout ce qu’on fait.» Ses deux CFC sont un plus pour cette professionnelle qui a vu son salaire d’ASSC revalorisé par son employeur. «Avec mon CFC d’ASE, je pourrais aussi changer de secteur à L’Espérance.»

Corinne Giroud
Office cantonal d’orientation scolaire et professionnelle - Vaud

Publié dans le 24Heures du 1er octobre 2020

La VAE en bref
Accessible à des adultes disposant d’une expérience professionnelle de cinq ans au moins, la validation des acquis de l’expérience (VAE) consiste en l’élaboration, avec l’appui de conseillers en orientation, d’un portfolio reposant sur la valorisation des acquis et expériences en lien avec les compétences du métier visé. Après l’acquisition éventuelle de connaissances complémentaires par des cours à l’école professionnelle, eux-mêmes objets d’un examen, le dossier est défendu devant des experts de la formation professionnelle. Une maîtrise suffisante du français (A2 pour l’AFP, B1 pour le CFC) et une bonne capacité d’expression écrite et orale sont indispensables pour mener à bien une VAE. Sur les 935 diplômes (CFC et AFP) obtenus par des adultes en 2018 dans le canton de Vaud, 24 l’ont été par la VAE. Une permanence d’information pour les adultes intéressés par la démarche est assurée le lundi après-midi au Centre d’information sur les études et professions
de Lausanne.

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