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Découvrir les métiers manuels dans la cour d'école

Bien équipés pour le travail de chantier, les élèves et leur enseignant travaillent aux finitions extérieures de la petite maison. Florian Cella

Les options de compétences orientées métier (OCOM) sont l’occasion pour les élèves de réfléchir à leur avenir professionnel.

Chavannes-près-Renens, l’ambiance est à la fête ce matin-là: des élèves de 10e voie générale de l’Établissement primaire et secondaire de Chavannes-près Renens et de Saint-Sulpice s’apprêtent à rejoindre pour deux périodes la maisonnette en construction dans la cour. Réunis d’abord en classe de travaux manuels, ils ont pu discuter avec un apprenti menuisier venu leur présenter son métier et qui les accompagnera dehors. «N’oubliez pas de prendre un crayon!» lance Franck Clusan à ses élèves. Fruit d’un partenariat entre l’école obligatoire et le monde professionnel (lire ci-contre), ce chantier miniature permet aux élèves intéressés par les activités manuelles de mettre leur curiosité et leurs aptitudes à l’épreuve de la réalité. Rassemblés autour de la maisonnette en bois qui, coiffée d’un toit plat, n’était initialement pas destinée à rester à l’extérieur, les élèves ont été confrontés dès le début du projet, en automne 2018, aux aléas du travail de chantier. Sous la direction de leur enseignant de travaux manuels, ils sont intervenus pour étancher la construction abîmée par les intempéries, réparer les déprédations et réaliser les aménagements techniques. Franck Clusan a de l’expérience dans le domaine: «J’ai construit moi-même mon chalet.»

Mise en pratique
Garçons et filles commencent à s’activer. Les uns, supervisés par l’apprenti menuisier, sont chargés de fixer un volet à charnières, mais ils se heurtent très vite à une difficulté: les charnières à disposition ne peuvent être fixées qu’à l’extérieur de la structure. «Le volet pourrait être facilement dévissé et des personnes pourraient entrer dans la maison, commente le futur menuisier. Il faut tout démonter et commander de nouvelles pièces.» Du côté nord de l’édifice, un autre groupe a pour mission de poser une gouttière. Les élèves mesurent et scient les supports de bois aux dimensions voulues, sous l’oeil attentif de leur enseignant.
Concentrés et collaboratifs, les adolescents apprécient cette expérience. «Je découvre des choses et j’aime bien travailler dehors, en été. Ça donne une autre idée du bâtiment», commente Iman. Son voisin, Arbias, renchérit: «J’aime bien bouger, ça me détend. On est dehors, c’est spécial et ça change tout le temps.» Doua, qui avait initialement choisi l’option spécifique Économie, a changé pour l’option de compétences orientées métier (OCOM) Habitat: «C’est manuel et on a besoin de force. Les filles, on en a aussi!» Quant à Arthur, il envisage un apprentissage dans la construction, peut-être installateur sanitaire ou électricien.

«Il faut parfois les pousser»
Il est déjà temps de ranger le matériel et de retourner en classe. Même si, au dire de Franck Clusan, «il faut parfois les pousser», tous ses élèves se réjouissent des périodes de travaux manuels en extérieur. L’OCOM Habitat fait l’objet d’une évaluation sur le matériel et les règles de sécurité. Autant de notions qui pourront être utiles par la suite, quelle que soit la voie de formation choisie.

Corinne Giroud
Office cantonal d’orientation scolaire et professionnelle - Vaud

Publié dans le 24Heures du 15 octobre 2020

Une collaboration école-métiers

Le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC) prévoit, dans la grille horaire des élèves de la voie générale, des options de compétences orientées métier (OCOM) en lien avec la formation professionnelle. Le projet de l’Établissement primaire et secondaire de Chavannes-près-Renens et de Saint-Sulpice est la première collaboration entre l’école et un groupement professionnel. Le directeur de l’école de l'Ouest lausannois, Didier Sieber, veut casser l’image selon laquelle l’apprentissage serait une voie de garage, «laissant sur le carreau de nombreux élèves de la voie générale bercés par le rêve académique». L’idée de Franck Clusan – faire découvrir sur le terrain les métiers manuels aux élèves intéressés – a naturellement trouvé écho auprès de Didier Sieber. Approchés, les Experts Maison, groupement de trois associations professionnelles consacré à la promotion des formations dans le domaine de la construction, ont accepté de mettre à disposition leur stand au Salon des métiers et de la Formation Lausanne. Construite et reconstruite sept fois à Beaulieu Expo, la petite maison a cédé sa place à un nouveau concept et a pu être installée à Chavannes. Le suivi technique du chantier est assuré par les Experts Maison, qui s’occupent également de recruter les apprentis pour le projet. Cette expérience inédite crée des occasions de contacts entre les élèves et la formation professionnelle: une dizaine d’apprentis sont déjà venus parler de leur métier et apporter leur soutien aux élèves.

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