La carrosserie, un domaine de l’automobile resté artisanal

Carrossière-peintre dans une petite entreprise de la région lausannoise, Éloïse Manfredi évolue entre pare-chocs, hayons et portières, parmi d’autres éléments de carrosserie qu’elle s’attache à rendre comme neufs. Vanessa Cardoso

Les métiers de la carrosserie évoluent avec la technologie. Ils exigent de la minutie et de la précision. Témoignage d’une jeune carrossière-peintre qui apprécie la variété de ses tâches.

«Nous avons beaucoup de travail, il y a de plus en plus de voitures sur les routes», observe Éloïse Manfredi, carrossière-peintre employée depuis presque trois ans dans un atelier de réparation à Cheseaux-sur-Lausanne. Certes, comme de nombreux métiers manuels, ceux de la carrosserie se sont adaptés aux évolutions technologiques et sociétales. «Aujourd’hui, on change plus facilement certaines pièces plutôt que de les réparer», confie la jeune femme de 26 ans. Pourtant, le métier qu’elle exerce conserve sa vocation artisanale. «J’aime mon métier, car il est gratifiant de voir le résultat final de son travail sur une voiture accidentée. Si les tôliers réparent, ce sont les peintres qui terminent le travail. C’est une forme d’art.» Dès son arrivée à 7h30, la jeune carrossière discute avec le chef d’atelier des travaux du jour et de leur degré d’urgence. «Ensuite, je m’organise. J’évalue les travaux de peinture à réaliser après le passage du tôlier. Il y a aussi des retouches à faire sur des pièces qui n’ont pas eu besoin du tôlier.» Revêtue d’une combinaison, équipée de gants, d’un masque filtrant et d’un casque de protection pour les oreilles, la jeune fille se concentre sur son programme, qui varie d’un jour à l’autre. «Avant d’appliquer la peinture proprement dite, explique-t-elle, il faut poncer les surfaces, éventuellement garnir les défauts de mastic, poncer à nouveau et poser une sous-couche d’accrochage.»

Un travail de haute précision
Une grande minutie et une attention soutenue lui sont indispensables pour réaliser les délicats préparatifs qui sont la base d’une réparation invisible. La voiture ou la pièce sont ensuite isolées dans une cabine, à l’abri des poussières qui pourraient tomber sur les vernis. À l’aide d’un programme informatique, la jeune carrossière obtient la formule de la couleur. «Je prépare la teinte sur la base du code couleur de la voiture et des échantillons disponibles. Chaque marque a ses codes. Je mélange ensuite les composants, et je rectifie au besoin la teinte.» Puis la jeune femme gicle la peinture au pistolet: «Nous utilisons des vernis à base d’eau, plus respectueux de l’environnement que les solvants.» Une à deux couches de peinture sont nécessaires, sur lesquelles seront encore appliquées deux couches de vernis de finition avant d’être séchées au four à peinture. Parfois, Éloïse Manfredi est sollicitée pour s’occuper de pièces spéciales, ce qu’apprécie tout particulièrement la jeune carrossière qui peut exercer ses talents sur des objets moins conventionnels. «J’ai repeint un support de caméra, un capot de tracteur et, pendant mon apprentissage dans une autre carrosserie, des containers à habits!»

Un métier où les filles se distinguent
Dans sa volée d’apprentissage, six filles se sont lancées dans le métier. «Dans ma classe, nous étions 4 filles sur 15 apprentis. Nous sommes restées amies. L’une d’elles, Aurélie Fawer, vient de finir 6e aux championnats du monde des métiers en Russie!»Et dans son poste actuel, Éloïse Manfredi a une collègue carrossière-peintre titulaire du brevet fédéral. La jeune femme s’est trouvé des affinités avec ce métier presque par hasard, car la carrosserie ne faisait pas partie de ses premiers choix de formation. «Petite, je voulais être mécanicienne moto. Plus tard, mon métier de rêve, c’était pâtissière.» Après un an d’apprentissage dans une boulangerie-pâtisserie, elle interrompt pourtant sa formation. «Les horaires irréguliers, la pression du patron… C’était une mauvaise expérience, même si j’aime toujours la pâtisserie. Je suis partie une année au pair en Suisse alémanique pour faire le point.» De retour à la maison, elle entre au SEMO (Semestre de motivation), où elle ne reste qu’une semaine. «Grâce à mon père, j’ai pu faire un stage dans une carrosserie et ça m’a bien plu! J’ai envoyé des dossiers de candidature à plusieurs entreprises.» Un stage dans une carrosserie de Lonay (VD) se révèle décisif à la fois pour le patron et la jeune fille, sa toute première apprentie. Comme les délais pour la signature d’un contrat d’apprentissage étaient dépassés, son formateur a été d’accord de l’engager en préapprentissage en attendant. Aujourd’hui titulaire du CFC de carrossière-peintre, Éloïse Manfredi est fière de son parcours et apprécie chaque instant son travail et ses journées bien remplies. Quant à son avenir, elle ne fait aujourd’hui que l’entrevoir. «Je ne sais pas encore… Peut-être voyager quelque temps en van,mais il faut d’abord que je passe mon permis de conduire!» répond-elle en rigolant.

Corinne Giroud
Office cantonal d’orientation scolaire et professionnelle - Vaud

Publié dans le 24 heures du 30 septembre 2021

Partager la page

Partager sur :