Le choix de l'apprentissage pour accéder à l'indépendance

Alexandre Emery est aujourd’hui à la tête de son entreprise, qui compte une dizaine de collaborateurs dans les domaines du carrelage et de la poêlerie-fumisterie. ODILE MEYLAN

Après une formation de carreleur, puis de poêlier-fumiste, Alexandre Emery a monté sa propre entreprise.

Très jeune, Alexandre Emery a eu le goût de l’indépendance et du travail bien fait : « Mon parcours scolaire a été chaotique, je n’étais pas du tout studieux. En revanche, j’ai toujours voulu travailler et gagner ma vie. Le travail manuel et le domaine de la construction m’intéressaient beaucoup et mes parents m’ont encouragé à faire ce dont j’avais envie comme métier. Ils m’ont aussi soutenu dans mon choix d’entreprendre un apprentissage. » Une voie que le jeune homme a privilégiée dès le départ, car elle répondait à deux impératifs pour lui : accéder rapidement à une certaine liberté et apporter du plaisir aux gens en réalisant du bon travail. « J’ai toujours eu des difficultés avec l’autorité. Je l’accepte, mais ça me pèse. Je voulais donc être indépendant le plus tôt possible. C’était une source de motivation pour moi, un objectif à ma sortie de l’école. Même si on n’est jamais complètement libre, avec un apprentissage on peut rapidement monter son entreprise et apprendre de ses propres erreurs. » Durant sa scolarité obligatoire, Alexandre Emery réalise de nombreux stages d’une semaine dans des métiers variés : poseur de sol-parquet, constructeur métallique, viticulteur, peintre et carreleur. C’est finalement cette dernière profession qui retient son attention. « C’est un métier intense physiquement, mais on a une certaine autonomie sur les chantiers et on voit le résultat concret de notre travail à la fin de la journée. Le fait que le marché de l’emploi était favorable dans ce domaine a aussi joué un rôle dans mon choix. »

Prendre le rythme du monde professionnel
Le passage de l’école obligatoire à la formation professionnelle n’est cependant pas de tout repos : « C’était dur de changer complètement de système : se lever plus tôt le matin, être avec un patron et des ouvriers. » Après l’obtention de son CFC, Alexandre Emery enchaîne avec un apprentissage en deux ans de poêlier-fumiste, métier qu’il découvre avec intérêt lors d’un chantier. « Là, c’était encore un nouveau challenge, mais ça m’a passionné. Dans la poêlerie-fumisterie, on travaille des matériaux variés : métal, pierre, béton, bois, etc., et les techniques ouvrent sur une connaissance globale du bâtiment. Le côté artistique est aussi très intéressant : on crée un objet fini de A à Z pour les clients. »
Alexandre Emery tient à souligner la qualité de l’encadrement dont il a bénéficié durant ses deux formations : « J’ai eu la chance d’avoir des patrons qui aimaient énormément leur métier, des artisans qualifiés qui m’ont donné envie de faire les choses bien et qui avaient une grande conscience professionnelle. Je leur suis très reconnaissant de m’avoir transmis ces valeurs. Ils m’ont également fait confiance et donné la possibilité de faire mes preuves. »  

Persévérer pour atteindre son objectif
Ses deux CFC en poche, le jeune homme effectue deux séjours de trois mois à Berlin et à Munich pour suivre des cours d’allemand. De retour en Suisse, il réalise quelques mandats pour des entreprises de carrelage, et, en 2013, à tout juste 21 ans, il ouvre sa propre entreprise. « J’ai commencé avec juste une camionnette, qui faisait office de dépôt. Durant les trois premières années, je travaillais énormément, parfois jusqu’à quatorze heures par jour. » Rapidement, Alexandre Emery engage un premier-aide carreleur, puis, en 2014, son actuel chef d’équipe. « Les débuts n’ont pas été linéaires, il y a eu des hauts et des bas. J’ai dû me débrouiller et apprendre sur le tas, acquérir de l’expérience dans des domaines qui n’étaient pas ma formation de base : traitement des salaires, comptabilité, gestion d’équipe et des stocks. » Au bénéfice d’une formation de formateur en entreprise, il n’a par contre pas réussi jusqu’ici à dégager du temps pour entreprendre le brevet fédéral : « Ce n’est pas un regret, mais je le ferai peut-être par la suite », relève-t-il.

Garder le contact avec les clients
L’équipe d’Alexandre Emery se compose aujourd’hui de dix collaborateurs fixes, dont deux apprentis carreleurs, avec des activités réparties à environ 60% pour le carrelage et 40% pour la poêlerie-fumisterie. Une dimension idéale pour l’entreprise du jeune patron qui souhaite garder des travaux à taille humaine. Si aujourd’hui il ne travaille plus sur les chantiers et se consacre essentiellement à la gestion de l’entreprise, c’est aussi pour pouvoir répondre aux demandes de sa clientèle : « Faire plaisir aux gens, c’est encore quelque chose qui m’importe beaucoup. Je veux être disponible pour aller voir les clients, les conseiller, les accompagner dans des choix de carrelage ou sur le chantier, régler les détails sur place avec eux. J’ai envie de garder ce contact. Pour moi, chaque nouveau mandat, c’est comme si c’était le premier. Se remettre en question et conserver cette envie de bien faire son métier est essentiel », conclut le jeune entrepreneur.

Zoé Schneider
Office cantonal d’orientation scolaire et professionnelle - Vaud

Publié dans le 24 heures du 25 novembre 2021

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