Trouver une place d’apprentissage, avec l’appui de l’orientation

Cette année, comme à la rentrée 2020, plusieurs cantons - dont Vaud et Genève - ont mis en place des mesures pour soutenir l’apprentissage (ici l’Ecole professionnelle commerciale de Lausanne). Vanessa Cardoso

Des jeunes ont pu commencer les cours professionnels sans contrat d’apprentissage, tout en étant coachés pour en trouver une. Témoignage.

Trouver sa voie peut parfois prendre du temps. Les conseillers et conseillères en orientation accompagnent les jeunes dans leurs réflexions sur leur avenir et dans les démarches visant à réaliser un projet de formation. «La majorité des jeunes intéressés par l’apprentissage font leurs démarches seuls pour trouver une place», relève Thao Pons, responsable des prestations Transition 1 à l’Office cantonal d’orientation scolaire et professionnelle (OCOSP) du canton de Vaud. Pourtant, certains rencontrent des difficultés dans cette étape de leur parcours. «Lorsque le niveau scolaire ne permet pas encore de réaliser son projet ou que celui-ci est encore peu défini, les élèves concernés en fin de scolarité obligatoire sont orientés vers une mesure de transition», poursuit Thao Pons. De plus, y compris pour les jeunes ayant un projet solide, leCovid-19 a constitué un défi supplémentaire à l’insertion. En témoigne le nombre de places d’apprentissage restées vacantes dans certains secteurs. Pour contribuer à résoudre l’écart entre l’offre et la demande, en plus de repousser le délai de signature du contrat d’apprentissage à la fin d’octobre,l’État de Vaud a mis en place l’action «Inscription anticipée en école professionnelle» l’année dernière déjà. Accessible aux personnes ayant un projet professionnel réaliste et en voie de concrétisation dans l’un des métiers proposant encore des places d’apprentissage pour la rentrée scolaire, cette mesure a permis en 2020 à une soixantaine de jeunes Vaudois de commencer les cours professionnels avant d’avoir un contrat en poche, et de bénéficier d’un coaching en vue de trouver une place dans une entreprise formatrice. Elif Bulgan, 19 ans, vient de commencer sa deuxième année d’apprentissage d’employée de commerce dans une gérance immobilière. «J’ai fait toute ma scolarité en Suisse, raconte la jeune fille. À la fin de l’école, je voulais travailler avec des enfants.» Mais deux stages en garderie lui ont permis de comprendre que ce métier n’était peut-être pas fait pour elle. «Le bruit, les pleurs…À la fin de la journée, j’avais mal à la tête.»

Deuxième projet
Employée de commerce, c’était son deuxième projet. «On me disait que ça ouvre beaucoup de portes, et un test chez la conseillère en orientation de l’école a confirmé mon intérêt. On ne pense pas assez à aller voir les conseillers en orientation, c’est dommage! Ils sont là pour nous aider.» Mais il était déjà trop tard dans l’année pour que ses efforts en vue de décrocher une place d’employée de commerce portent leurs fruits. Elif Bulgan redouble sa 11e en vue d’obtenir les points nécessaires pour entrer en classe de raccordement. «Mes parents souhaitaient que je fasse des études, mais je ne me voyais pas passer trois ans de gymnase…» À l’issue de cette année qui ne lui permet pas d’accéder au Rac (pour entrer à l’École de commerce), et ses démarches en vue de trouver une place d’apprentissage d’employée de commerce n’ayant pas été récompensées, elle entre à l’École de la transition, où elle est coachée par une conseillère en orientation. «Cela m’a été très utile, se souvient Elif Bulgan. J’ai fait plusieurs stages dans une assurance, une fiduciaire, une entreprise de construction et un cabinet de physiothérapie. Faire des stages permet de savoir vraiment ce qu’on veut faire.»

Inscription anticipée aux cours
Ses expériences dans le domaine administratif l’ont convaincue d’être sur la bonne voie mais, malgré ses bons rapports de stages, elle ne parvient toujours pas à décrocher une place pendant cette année de transition. Sur la base de la motivation et du réalisme du projet de la jeune fille, sa conseillère de l’École de la transition l’inscrit à la fin de l’été 2020 à l’École professionnelle commerciale de Lausanne, où elle commence les cours. Cette inscription anticipée étant assortie d’un coaching intensif par une conseillère en orientation de l’OCOSP, la mesure lui a été particulièrement profitable. «Mon gros souci, c’étaient les lettres de motivation. Je bloquais, je n’arrivais pas à formuler des choses intéressantes. Mes parents ne parlent pas bien le français. Ma conseillère m’a expliqué comment faire une lettre parfaite! Chaque semaine, on faisait le point. Elle m’a beaucoup aidée!» C’est également avec elle que la jeune fille a préparé l’entretien d’embauche qui a abouti à son engagement. Heureuse dans son entreprise formatrice où elle partage son bureau avec 4 autres apprentis, elle est reconnaissante envers ses collègues pour leur soutien apporté dans ses premières semaines de travail. Soulagée et rassurée sur ses compétences, Elif Bulgan peut faire de nouveaux projets. «Après mon CFC, j’aimerais partir un an aux États-Unis pour perfectionner mon anglais.»

Corinne Giroud
Office cantonal d’orientation scolaire et professionnelle - Vaud

Publié dans le 24 heures du 16 septembre 2021

Partager la page

Partager sur :