MOCCA, c'est quoi?

 

Visite au cabinet de la Bressonne à Moudon. Il s’agit d’un des premiers cabinets de médecine de famille dans le canton de Vaud à avoir mis en place le projet pilote MOCCA. Le Modèle de Coordination dans les Cabinets de médecine de famille implémente une nouvelle organisation : il intègre un-e infirmier-ère dans le cabinet, dans l’objectif d’une prise en charge interprofessionnelle. La Dre Amélie Burri, médecin généraliste, et l’infirmière Valérie Caron collaborent depuis deux ans et demi. Elles nous racontent leur quotidien auprès des patient-e-s.

La Dre Amélie Burri, médecin généraliste, et l’infirmière Valérie Caron ont testé plusieurs formes de prise en charge selon les pathologies et les parcours de vie des patient-e-s. Si au départ, une certaine appréhension était perceptible à l’arrivée de Valérie Caron et de son rôle au sein du cabinet, les médecins et les assistantes médicales ont compris la plus-value de travailler ensemble et de mettre les forces et les connaissances de chacun-e en commun.

Ce nouveau modèle de soin permet à l’ensemble du personnel du cabinet médical de s’appuyer sur les compétences spécifiques de l’infirmier-ère, sur son expérience clinique et sa connaissance approfondie du réseau de soins. L’accompagnement des patient-e-s gagne en efficacité car la prise en charge est holistique et le renforcement de la médecine de premier recours répond aux défis des systèmes de santé tels que l’augmentation de la prévalence des maladies chroniques et du vieillissement de la population. MOCCA améliore aussi la coordination et la continuité des soins, notamment pour les patient-e-s souffrant de maladies chroniques, et avec des besoins de santé moyennement complexes. Ce modèle permet de développer de nouvelles activités encore peu proposées dans les cabinets de médecine de famille, en particulier dans le domaine de la prévention et de la promotion de la santé.

L’évaluation montre des résultats positifs

Fruit d’une collaboration originale entre la Direction générale de la santé (DGS) du Canton, des cabinets de médecine de famille et le Département de médecine de famille (DMF) d’Unisanté, MOCCA a aujourd’hui dépassé la phase pilote qui a duré de 2019 à 2021 et est implanté dans deux cabinets supplémentaires dans le canton, outre les huit cabinets pilotes. En 2023, d’autres suivront. Les premiers résultats de l’évaluation menée par le DMF montrent clairement l’intérêt, tant du point de vue des patient-e-s que des professionnel-l-e-s, de poursuivre ce modèle de soin.

Les patient-e-s apprécient le nouveau modèle

La crise de la COVID-19 a d’ailleurs accéléré l’intégration de Valérie Caron qui, par son expérience en termes de réponse à l’urgence et sa proactivité, a su participer activement à la mise en place d’un plan de soutien durant la première vague. Elle a informé la patientèle vulnérable pour l’aider à rester en bonne santé et a testé et vacciné les patient-e-s du cabinet médical. Un atout précieux pour la population.

L’infirmier-ère en cabinet doit aussi témoigner d’une grande capacité d’écoute et d’un sens développé de la communication. Valérie Caron maîtrise toutes ces compétences, qui lui permettent de mieux accompagner les patient-e-s tout au long de leur parcours médical, de faire de la prévention, d’agir en amont pour éviter l’hospitalisation et privilégier dans la mesure du possible les soins ambulatoires.

Âgée de 85 ans, une patiente nous a confié son expérience : « Arrivée en catastrophe au cabinet avec une tension artérielle bien trop haute, j’étais très angoissée. Valérie s’est bien occupée de moi. Elle a su me rassurer, me parler et prendre du temps. Lorsque j’ai un rendez-vous pour un contrôle, tous les deux-trois mois, je me réjouis d’y aller ! C’est vraiment important pour moi de compter non seulement sur le médecin mais aussi sur l’infirmière ».

La formation des infirmier-ère-s a aussi évolué

Si une bonne partie de la patientèle est ouverte à ce nouveau modèle d’interprofessionnalité, il reste encore du travail à faire auprès des professionnel-e-s qui n’imaginent pas toujours le rôle de l’infirmier-ère en cabinet. De l’avis de Valérie Caron, « il y a encore trop de gens qui pensent que l’infirmier-ère travaille uniquement dans le cadre hospitalier ; son rôle est méconnu et pas assez mis en avant ».

Fatima El Hakmaoui, cheffe de projet MOCCA au sein du DMF, explique : « Les années d’expériences professionnelles sont un atout majeur pour qu’un-e infirmier-ère puisse avoir un savoir-agir dans les cabinets médicaux. De plus, le pilote nous a permis d’observer la valeur ajoutée d’un savoir-être tels qu’une capacité d’adaptation, à fédérer, un sens de la communication et une autonomie pour le développement du modèle en interprofessionnalité. » Dans le cadre du développement des compétences spécifiques, des formations ont été dispensées à Unisanté dans les domaines relatifs au modèle, à la prise en charge clinique de maladies chroniques, à la prévention et à la pratique interprofessionnelle.

Quel avenir pour le projet MOCCA ?

Selon la Dre Christine Cohidon, co-responsable du projet au sein du DMF, le modèle MOCCA, désormais intégré au programme Vieillir 2030, a vocation d’évoluer vers une pérennisation. « L’objectif est de l’implanter progressivement dans les cabinets de médecine de famille du canton qui le souhaiteraient. » La poursuite du projet permet aussi d’envisager un modèle financier alternatif de type mixte, incluant non seulement un soutien de la santé publique mais aussi une facturation des activités infirmières via la tarification OPAS (Ordonnance sur les prestations de l'assurance des soins). « Ce financement innovant permettrait, entre autres, un renforcement du partenariat public-privé inhérent au modèle », explique-t-elle.

 

Propos recueillis par Fatima El Hakmaoui, Cheffe de projet MOCCA au sein du DMF et Giovanna Panese, Chargée de projet Vieillir2030

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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