La plus grande fresque romaine de Suisse

 

La fresque à l’aurige est l’un des ensembles picturaux les mieux conservés et le plus prestigieux de l’Helvétie romaine. En 1971, date de sa découverte dans un pavillon d’agrément établi en contrebas de l’édifice principal, la fouille et la reconstitution d’une telle œuvre, à partir des dizaines de milliers de fragments disponibles (environ 80'000), constituaient une expérience encore inédite.

Des décisions et des procédures suffisamment anticipées ont permis le traitement de cette peinture murale exceptionnelle dans des conditions optimales. Lors de sa découverte, une partie importante de la fresque était effondrée en couches superposées au pied du mur qu’elle décorait. Comme la configuration du gisement se prêtait mal à un prélèvement en bloc, le dégagement fin et la collecte des éléments picturaux, fragment par fragment, ont donc été pratiqués sur place, après la transformation  des lieux en "laboratoire" de fortune (fermeture et couverture du site, électricité, drainage pour l’humidité, chapelle ventilée pour l’utilisation des solvants toxiques…).

Après lavage, les éléments récoltés ont été séchés à l’air ambiant, avant d’être soumis à une immersion partielle (couche picturale vers le bas) dans un bain de consolidation composé d’une résine acrylique dont le dosage du mélange évitait la formation d’une pellicule brillante sur la peinture. Ce choix s’est avéré opportun puisque aujourd’hui, plus de 40 ans après ce traitement, aucune altération des couleurs n’a encore été constatée.

La nature singulière du mur, concave, interdisait tout remontage du "puzzle" à plat. Il a donc fallu procéder par étapes, en assemblant d’abord des plaques de dimensions réduites, puis en repositionnant ces plaques entre elles dans des bacs remplis de sable qui facilitaient les manipulations et le remontage des fragments. Dans un souci d’adhérence et de cohérence des composants physiques et chimiques, les recollages ont été effectués avec la même résine que celle qui a servi à la consolidation des fragments. Le remontage final de la fresque à l’aide d’un mortier synthétique réversible a été réalisé sur un support concave indépendant du mur romain originel, puis fixé à ce dernier et jointoyé in situ.

L’ensemble du processus s’est déroulé sur 10 ans, de 1971 à 1981, date de l’ouverture au public de l’abri-musée de la villa de Pully. Au cours des dernières années, cet espace muséographique a fait l'objet d'une rénovation complète et s'est vu adjoindre, de l'autre côté de la rue, un espace-laboratoire pour les animations.

Pour en savoir plus sur l'Archéolab

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