Louis Dumur, «Paris a enlevé un fils à sa famille»

- Catégorie : Histoire, Culture et Archives

Louis Dumur (1863-1933), homme de lettres d’origine vaudoise et grand témoin de son époque. Exposition annuelle 2017.

Pourquoi s’intéresser aujourd’hui à Louis Dumur?

«En quoi, cet écrivain genevois, né à Vandoeuvres en 1863 et mort à Paris en 1933,
est-il particulièrement intéressant pour un lecteur du début du vingt-et-unième siècle ?
Ne chercherait-on pas, pour le seul plaisir de quelques joutes intellectuelles, à valoriser
une œuvre secondaire, indigne de figurer au panthéon des lettres françaises et lisible,
en fin de compte dans le seul cadre des particularités locales de la république de Genève.
Exit donc Louis, ces quatre-vingts dernières années du moins – période, durant
laquelle on l’a consciencieusement écarté au même titre que plusieurs de ses
confrères de l’époque: Gaspard Valette, Pierre Girard, Jean Violette… Ramuz, seul, et
peut-être Cendrars, ont échappé au rouleau compresseur de l’oubli.» (Françoise Dubosson,
Olivier Dumur et François Jacob, « Avant-propos », dans Cahiers Louis Dumur, 1, 2014, p. 9)

«Les romans de Dumur se situent dans la ligne du naturalisme zolien, avec un goût fin
de siècle pour la pathologie et les perversions qui contredisent parfois la thèse qu’il veut développer. « Ces portraits de brutes sont d’une ressemblance étonnante et peints avec
la verve d’un Frans Hals », écrit Léon Daudet dans L’Action française. Comme le note Alfred Berchtold [= La Suisse romande au cap du XXe siècle. Portrait littéraire et moral, Lausanne : Payot, 1963, p. 460], la comparaison est trop élogieuse. Outrées et trop visiblement fabriquées pour défendre une idéologie simpliste, les caricatures de Dumur ne sous intéressent plus que comme les témoins des passions nationalistes de son temps. » (Histoire de la littérature en Suisse romande. Nouvelle édition publiée sous la direction de Roger Francillon, vol. 4, Lausanne : Payot, 1999, p. 645).

La Société Louis Dumur (pdf, 39 Ko), fondée à Genève, le 5 janvier 2011, a publié coup sur coup,
en 2014, deux des plus importants romans de Louis Dumur, Un estomac d’Autriche et
Nach Paris, deux Cahiers Louis Dumur, dans la prestigieuse collection Classiques Garnier
(deux autres sont en préparation dont un à paraître en 2017) et ses membres (en particulier François Jacob et Nicolas Gex) ont multiplié les articles dans différents colloques, publications collectives et dossiers thématiques. Ses statuts lui demandent de « favoriser toute action visant à la découverte, au conditionnement, à la conservation et à l’exploitation scientifique de tous documents de ou relatifs à Louis Dumur. »

Louis Dumur au cœur de trois expositions entre 2017 et 2018 : Archives cantonales vaudoises, Bibliothèque Carnegie, à Reims, Archives d’Etat de Genève.

Louis Dumur, une exposition

La première du cycle de trois expositions sur Louis Dumur s’inscrit dans une dynamique de renaissance, mieux de reconnaissance de Louis Dumur, et même si nous sommes au-début d’un lent processus, relever le défi suscitait des craintes. De qui parle-t-on ? D’un écrivain tombé en grande partie dans l’oubli ? D’un romancier genevois ou vaudois, suisse ou français, assurément de langue française ? Son oncle Jules Dumur (1840-1920) n’était-il pas déjà hésitant quand il s’agissait d’avancer son pédigrée : «  Louis Dumur, ¾ vaudois, 1/8 français, 1/8 bernois ?» Revendiquer Louis Dumur à quel titre, alors que l’intéressé a pris l’habitude de brouiller les pistes, de s’aventurer dans le débat d’idées et de (pour-) suivre diverses idéologies et positions politiques, parfois contradictoires entre elles ?

L’argument principal pour organiser une exposition tient en fait à l’existence du fonds d’archives de la famille Dumur, dont l’acquisition offre la chance d’entrer dans des territoires non défrichés et inconnus qui n’ont pas de correspondant dans les dictionnaires ou les publications scientifiques. Organiser une exposition dans les locaux mêmes de leur conservation permet de témoigner de l’importance et l’ originalité des archives de Louis Dumur.

Louis Dumur en raccourci

* 5.1.1863 à Chougny (comm. Vandœuvres), 18.3.1933 à Neuilly-sur-Seine (Paris), prot.,
de Grandvaux. Fils de Charles Henri Gustave, agriculteur, et d'Andrienne Amélie Berguer.
Etudes de lettres à Genève puis à Paris. D. interrompt ses études pour se vouer aux lettres (1884). Précepteur en Russie (1887-1891), il revient ensuite à Paris. Si ses poèmes et son
théâtre ont peu de succès, ses romans (dont Un coco de génie, 1902) lui apportent la
notoriété. Tout en jouant un rôle littéraire important comme secrétaire de rédaction
du Mercure de France, dont il est l'un des fondateurs (1889), il donne une série de romans genevois (dont Les Trois Demoiselles du père Maire, 1909), puis, après la guerre, des œuvres
qui flattent l'ultranationalisme français (Nach Paris!, 1919). Dans Les Deux Suisse (1917),
il s'en prend violemment à la neutralité helvétique. Ses derniers romans condamnent le bolchevisme. (Tiré de : Dictionnaire historique de la Suisse, t. 4, Hauterive : Gilles Attinger,
2005, p. 225, Daniel Maggetti)

Louis Dumur à l'honneur toute l'année 2017

Un cycle de conférences et de tables rondes (pdf, 206 Ko) est organisé, entre le 15 mars et le 6 décembre 2017, dans les locaux des Archives cantonales vaudoises.

Attention : le programme de la conférence du 6 décembre 2017 est modifié (pdf, 163 Ko).

Vous êtes cordialement invités à nous rejoindre. Entrée gratuite et sans inscription.

 

Conception, réalisation et collaboration

Conception et rédaction : Gilbert Coutaz
Reproductions et affiche : Olivier Rubin
Mise en forme des textes, scénographie : Gilbert Coutaz,
Anne Bellanger, Corinne Brélaz et Michel Morgenthaler
Borne informatique : Gilbert Coutaz, Olivier Rubin

Avec la collaboration de la Société Louis Dumur

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Sommaire de l'exposition

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Des images et des textes en complément

L'exposition en images...

Une animation vidéo, intitulée "Louis Dumur dans et hors de sa famille" prolonge l'exposition en s'attachant à décrire les relais de la mémoire de Louis Dumur et la disparition des derniers témoins directs de la famille. Elle est visible dans l'espace de l'exposition.

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