Votre identité

Promotion de la lecture: les élèves montent sur scène pour interpréter des textes classiques ou originaux

- Catégorie : Actualité, Formation et DGEO

La promotion de la lecture dans les classes vaudoises prend de multiples formes avec parfois des projets pédagogiques originaux portés par le corps enseignant et les directions. À l'Établissement primaire et secondaire Aubonne et environs, un groupe d'enseignantes et d'enseignants de français a décidé de mettre sur pied une soirée publique dédiée à la lecture. L'événement, qui a fait salle comble, a permis à 24 élèves de la 9e à la 11e de se surpasser.

Quatre élèves de l'EPS Aubonne et environs interprètent leur texte devant le public.

Le soir de la représentation, la salle de l’Esplanade affichait complet. En haut de l’affiche, 24 élèves de la 9e à la 11e de l’EPS Aubonne et environs. Seuls ou en groupe, ils s'apprêtent, tour à tour, à lire un texte sur scène devant une petite centaine de personnes. Côté coulisses, le groupe des enseignantes et des enseignants de français qui a lancé cette initiative pour promouvoir la lecture se réjouit de l’engouement autour de ce projet de promotion de la lecture.

"Est-ce que tout le monde connaît son numéro de passage?". Il est 13h lorsque Béatrice Aubert, enseignante de français à l’EPS Aubonne et environs, lance l’ultime répétition. Dans la salle de l’Esplanade, les 24 élèves tiennent dans leur main le livre ou les photocopies des pages qui leur serviront de support pour la grande soirée Et si on lisait?. Le lever de rideau est dans sept petites heures seulement. Derrière ce projet, huit enseignantes et enseignants de français motivés par l’une des leurs, Béatrice Aubert. C’est en regardant le concours de lecture à voix haute des lycéens et des collégiens de l’émission française La Grande Librairie que lui est venue cette idée d’organiser une soirée qui permettrait de fédérer les élèves autour du plaisir des mots. "Mais sans la partie concours, précise l’enseignante. Je ne voulais pas qu’il y ait une dimension de compétition entre eux, le but étant qu’ils se surpassent et qu’ils prennent du plaisir." Le concept fait mouche avec 24 inscriptions pour treize lectures, en solo ou en groupe.

Des textes classiques et originaux

Le choix de la lecture a été laissé au libre-choix des élèves. "Madame Aubert m’a aidé à choisir, confie Laly, élève de 11e, qui stresse parce qu’il lui reviendra de clôturer la soirée. On a finalement décidé de prendre Premier Sang d’Amélie Nothomb, j’aime beaucoup ce texte." C’est ainsi que la soirée a offert un beau panel de prestations et d’œuvres littéraires. De Jacques Prévert à J.K. Rowling, en passant par Jean de La Fontaine, Anna Gavalda, Sempé ou encore John Corey. Élève de 11e, Mariia a même décidé de réécrire la traduction de l’ouvrage de Markus Zusak La Voleuse de livres. La traduction française originale du texte anglais ne lui convenait pas, alors elle l’a réécrite.

A l’heure de la dernière répétition, élèves et professeurs peaufinent donc les détails. Les textes ont été travaillés en marge des cours, à la récréation ou parfois en classe. La diction est bonne. L’interprétation connaît quelques derniers ajustements. Le plus dur, maintenant qu’ils sont dans la salle, c’est de régler le volume sonore. "Gardez l’intention, même si vous poussez votre voix", conseille Béatrice Aubert qui en appelle à ses souvenirs de théâtre. C’est l’un des autres enseignements de cette expérience: lire à voix haute, c’est aussi travailler l’appropriation et l’interprétation d’un texte et, pour y parvenir, il faut comprendre profondément le sens des phrases et aller au-delà du déchiffrage du texte.

Un projet collaboratif et interdisciplinaire

Pensée par les porteurs du projet, la mise en scène est élégante et dynamique avec des interventions aux différents endroits de la salle à mesure que les interprètes se succèdent. Sur des plots ou sur scène avec des lampadaires intimistes. Le tout est sublimé par le travail d’une classe de travaux manuels et de leur enseignante qui ont réalisé un décor sur la base de vieilles pages jaunies. Le présentoir et les fleurs de papier plongent instantanément dans le thème de la soirée. Tantôt excités, tantôt appréhendant la soirée, les élèves s’approprient vite la jolie mise en scène imaginée par le corps enseignant. Ils sont prêts. Il ne reste désormais plus qu’aux jeunes à confier leurs textes aux enseignants – histoire de ne pas les oublier à la maison – et à aller se mettre sur leur 31. Noir et blanc, c’est le code vestimentaire choisi. Pendant que ces derniers retrouvent leur famille, les enseignantes et les enseignants préparent la salle pour qu’elle puisse accueillir les spectateurs et leur offrir un moment convivial.

Des révélations sur scène

Le public est là. En nombre. Les stars du soir sont excitées et stressées à la fois. Leurs enseignantes et enseignants aussi. Un dernier cercle bras dessus, bras dessous en coulisses pour tout le monde. On se motive. On s’encourage. On se chauffe la voix. On vérifie que ses pages sont dans l’ordre. On se concentre. Un dernier cri d’encouragement collectif et c’est parti sous les applaudissements du public. Gemma, Victoria, Julieta, Morgane, Nora, Chiara, Jessica, Michael, Matteo, Antoine, Lucie, Matilda, Emma, Félix, Célestine, Sandra, Shania, Mariia, Alexa, Eléonore, Coline, Lara, Deborah et Laly livrent des récits émouvants, trépidants, drôles ou poétiques. En solo, duo, trio ou quatuor. Des récits de quelques minutes qui donnent envie d’en avoir davantage. Sur scène, on a vu des lecteurs qui emportent une audience, des interprètes impliqués et solidaires entre eux et des élèves timides aux répétitions se transfigurer avec le public. C’est le cas de Laly qui, comme prévu par Béatrice Aubert, a offert une très belle conclusion au spectacle.

Ce soir-là, à Aubonne, on a vu des élèves fiers d’eux et de leur parcours. On a vu des enseignantes et des enseignants encore plus fiers de leurs élèves. On a entendu des camarades de classes demander s’il y aura une nouvelle édition l’an prochain pour y participer. On a vu un directeur s’émerveiller et être ravi que ses élèves tordent le cou au préjugé que « les jeunes ne lisent plus ». On a vu des parents applaudir leurs enfants.

Il ne s’agissait pas d’un concours, mais tous ont gagné au classement du dépassement de soi. Et un bon pour une librairie. À peine la surprise reçue, tous les élèves avaient, semble-t-il, déjà en tête un ouvrage à acquérir. Béatrice Aubert et la file de français de l’EPS Aubonne et environs ont sans aucun doute réussi le pari de promouvoir la lecture, en y ajoutant au passage de la pensée créatrice, de la collaboration, du vivre ensemble et surtout du plaisir.

Partager la page