Prévention du harcèlement-intimidation entre élèves

Différentes études menées entre 2003 et 2017 montrent qu’environ 10 % des élèves de 15 ans sont la cible d’intimidation au moins une fois par semaine durant l’année. Et presque 5 % des jeunes de cet âge admettent avoir intimidé d’autres jeunes. Si le taux de victimes baisse sensiblement avec l’augmentation de l’âge, il concerne encore 8 % des jeunes de 18 ans.

Le harcèlement-intimidation entre élèves est un problème reconnu par le DFJC depuis 2015 avec l’annonce d’un plan d’actions. En 2018, une politique publique était lancée, visant la formation systématique de groupes de spécialistes dans toutes les écoles et tous les lieux de formation du canton. Au printemps 2021, le DFJC annonçait les résultats de cette mobilisation : plus de 80 % des écoles de la scolarité obligatoire ont des équipes formées et des outils pour intervenir lors de situations de harcèlement-intimidation entre élèves. Les derniers établissements, un peu moins de 20 %, ont initié le processus. S’agissant des écoles de l’enseignement spécialisé, un établissement pilote fonctionne et la formation démarre dans les écoles spécialisées. Quant aux établissements du postobligatoire, près de la moitié ont une équipe formée et un quart a entamé la démarche.

La méthode de la préoccupation partagée

L’Unité de promotion de la santé et de prévention en milieu scolaire (UPSPS) pilote la mise en place du dispositif de prévention des phénomènes de harcèlement-intimidation entre élèves. Deux cheffes de projet à l’UPSPS accompagnent les établissements scolaires pour qu’ils s’approprient le dispositif de prévention en plusieurs étapes. D’abord, une conférence de sensibilisation est donnée à l’ensemble des actrices et acteurs de l’école. Ensuite, la Méthode de la préoccupation partagée (MPP) est dispensée aux personnes-ressources de l’école : infirmières et infirmiers scolaires, médiatrices et médiateurs, éducatrices et éducateurs scolaires, psychologues scolaires et bien sûr des membres du corps enseignant. Ces spécialistes forment les équipes MPP qui seront appelées à intervenir de manière pertinente lorsqu’une situation d’intimidation entre élèves est portée à la connaissance de l’école. Un suivi de ces équipes MPP est mis en place par l’UPSPS. De plus, une référente pour les situations particulières d’élèves est à disposition des écoles et des parents.

S’inscrivant dans la thématique des violences, les phénomènes de harcèlement-intimidation entre élèves ont leurs spécificités. Ils se caractérisent par les éléments suivants : répétition de violences et phénomène de groupe exerçant une asymétrie et engendrant une incapacité à se défendre pour l’élève qui en est la cible. La pression à la conformité et la peur sont le ciment du groupe qui ne constitue pas un bloc monolithique. Une ou un élève devient la cible d’autres camarades qui l’embêtent, par exemple en lui donnant des surnoms, en cassant ses affaires, en l’excluant, en l’humiliant, voire en lui portant des coups.

Une approche non blâmante

Développée par le psychologue Anatol Pikas, la méthode de la préoccupation partagée (MPP) a été adaptée au contexte vaudois. C’est une approche non blâmante qui minimise les risques de stigmatisation et de représailles. Il s’agit de briser l’effet de groupe par de brefs entretiens individuels avec les élèves intimidatrices et intimidateurs présumés, mais aussi avec les témoins. L’objectif est que la souffrance cesse pour l’élève-cible, à qui un accompagnement est fourni en parallèle.

Cette méthode produit de bons résultats. Une évaluation menée par l’UPSPS en juin 2020 auprès des équipes MPP de la scolarité obligatoire vaudoise le montre : 88 % des situations de harcèlement-intimidation entre élèves gérées avec la MPP se sont améliorées et 98 % des équipes MPP estiment que la méthode apporte une plus-value à l’établissement.

L’année scolaire 2021-2022 sera utilisée pour affiner et harmoniser les pratiques entre établissements. Le dispositif doit être intégré de manière pérenne dans la culture des écoles de la scolarité obligatoire. Le déploiement du dispositif dans les établissements du postobligatoire ainsi que dans l’enseignement spécialisé sera poursuivi. L’objectif est que l’ensemble des élèves du canton se trouvent dans des écoles qui prennent en charge équitablement la prévention de ces phénomènes.

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