Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 9 février 2021, point 3.15 de l'ordre du jour

Texte déposé

Dans leur présentation des modifications à venir, dès le nouvel horaire fin 2021, sur les lignes de bus foraines actuellement sous la régie des Transports publics de la région lausannoise (TL), les responsables de la Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR) ont mis particulièrement l’accent sur les notions «d’optimisation», de «développement» et de «renforcement»[1], trois concepts en apparence prometteurs pour les régions périphériques qui s’inscrivent en sus dans le Plan climat cantonal.

Cependant, à y regarder de plus près, les «améliorations d’offres» deviennent étrangement inégales lorsqu’on entre dans le détail de certaines lignes régionales. Alors que la numéro 65 passera d’une fréquence de 40’ à 30’ en heures de pointes (HP) et que la 75 verra sa cadence doubler le week-end (de 9 à 19 paires de courses par jours ou p. c./j.), la fréquence des liaisons HP et heures creuses (HC) de la ligne 62 resteront inchangées[2].

De plus, en comparaison des lignes 65 (+5,5) et 75 (+6,5), la ligne de Moudon (+4) est plutôt le parent pauvre en termes d'augmentation du nombre de p. c./j., alors même que sa fréquentation en nombre de passagères·ers (62 : 660'000 ≠ 65 : 345'000), comme sa croissance (+89%), sont bien plus conséquentes que celle de la 65!

Il y a dans ces projections comme une antithèse à la volonté «[d’]accroître l’attractivité des transports publics et de favoriser encore plus le report modal» vers la Broye vaudoise, d'où la question: "Quelles seront les réelles améliorations des liaisons en bus vers la Broye dès décembre 2021?"

 

[1] Voir la présentation de la DGMR du 14 janvier 2021, 23 pages.

[2]Idem, p. 7.

Transcriptions

M. Felix Stürner (VER) —

Quelles seront les réelles améliorations des liaisons en bus vers la Broye dès décembre 2021 ?

Mon intervention s’inscrit dans la droite lignée de la volonté « d'accroître’accroître l’attractivité des transports publics et de favoriser encore plus le report modal » au-delà de la grande ceinture lausannoise, à l’instar des intentions du Conseil d’Etat et du Plan climat vaudois — que je rejoins en ces points. Toutefois, je m’interroge sur le bien-fondé des dimensions géographiques et modales de mise en application de ce « renforcement » des lignes de bus dites « foraines ». De fait, si on ne peut que saluer la volonté du gouvernement, on peut se demander pourquoi l’amélioration des liaisons semble s’arrêter aux limites du Jorat, puisque dans les documents présentés lors de la conférence de presse du mois de janvier, peu ou pas de « développements » ne sont actuellement prévus pour la ligne 62 des Transports publics de la région lausannoise (tl) dont le terminus se trouve à Moudon. Je vous laisse prendre connaissance des précisions dans la question elle-même. Alors même que l’utilisation régulière des transports publics peine encore et toujours à se faire sa place dans le district de la Broye-Vully, les plans d’amélioration de la Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR) semblent justement négliger l’extension des accès à cette partie du canton. D’où ma question : quelles seront les réelles améliorations des liaisons en bus vers la Broye dès décembre 2021 ?

Mme Nuria Gorrite (C-DCIRH) — Conseiller-ère d'État

En préambule, je souhaite vous rappeler que la démarche cantonale de développement et d’optimisation des lignes de bus régionales a pour but d’identifier des économies possibles en matière d’exploitation afin de pouvoir réinvestir les montants économisés dans l’offre supplémentaire. Cette démarche se base sur trois principes :

1.       L’attribution de prestations en fonction de la localisation des dépôts ;

2.       La volonté de garantir l’équilibre global au niveau des entreprises de transport public actives dans le canton de Vaud ;

3.       Et la fin des prestations de sous-traitance entre entreprises de transport public ;

Elle permet d’investir dans le renforcement de nouvelles prestations à la population, tout en optimisant les coûts afin de s’inscrire dans le cadre du Plan climat du Conseil d’Etat. En termes de mobilité, le développement des lignes de bus régionales est en effet l’une des mesures emblématiques du Plan climat. J’ai le plaisir de vous informer que l’exposé des motifs et projet de décret concernant cette mesure sera traité prochainement par le Conseil d’Etat, et j’aurai ainsi l’honneur de présenter au Grand Conseil, au printemps, le détail des mesures envisagées pour l’ensemble des Vaudoises et des Vaudois. Je suis convaincue que vous lui réserverez un bon accueil.

Je reviens sur le projet de mise en synergie de l’exploitation des lignes 65 Lausanne-Sallaz – Savigny – Forel – Servion – Mézières et 75 Lausanne-Sallaz – Savigny – Les Cullayes – Servion – Ferlens – Mézières, qui est en réflexion auprès de la DGMR. En effet, dès lors que l’exploitation des deux lignes est confiée à la même entreprise, il est possible, à coûts constants, de renforcer l’offre particulièrement en heures creuses. La mise en œuvre de cette optimisation a été fixée au changement d’horaire de décembre 2021. En plus d’un renforcement aux heures creuses ainsi que les weekends, cela permettra aussi d’offrir une cadence au quart d’heure aux heures de pointe sur la section commune des deux lignes entre Lausanne-Sallaz et Savigny. Nous aurons donc l’amélioration d’offre suivante, passant de 20 à 26 paires de courses la semaine sur la ligne 65, respectivement de 16 à 19 paires de courses le week-end. Pour la ligne 75, les prestations horaires passent de 19 à 27 paires de courses la semaine, respectivement de 9 à 19 paires de courses le week-end.

Concernant la ligne 62, une exploitation depuis Moudon en parfaite cohérence avec les flux principaux — vers Lausanne le matin, depuis Lausanne le soir — va permettre également de dégager des économies substantielles que nous pourrons réinvestir dans une offre additionnelle. A ce stade et comme l’a relevé le député Stürner, un renforcement d’offre de 4 paires de courses la semaine, respectivement d’une paire le week-end, est prévu en décembre 2021, permettant ainsi de prolonger la cadence à la demi-heure jusqu’à la fin du service aux environs de minuit.

Notons également qu’en décembre 2013, la ligne 62 est passée à la cadence à la demi-heure la semaine en journée et qu’en décembre 2017, les prestations ont été renforcées à la cadence horaire en soirée jusqu’à minuit. La ligne 62 présente déjà actuellement un bon niveau d’offre avec 42 paires de courses la semaine et 20 paires de courses le week-end, c’est-à-dire le double du volume de l’offre des lignes 65 et 75.

Toutefois, ceci ne reflète pas les intentions futures du Conseil d’Etat pour le développement de cette ligne. Comme vous l’aurez compris, les gains sur les lignes 65 et 75 sont immédiats, les compléments d’offre sur la ligne 62 nécessitent encore des réflexions afin de viser des offres au quart d’heure aux heures de pointe sur les sections de lignes entre Epalinges-Croisettes et Mézières, ainsi qu’entre Mézières et Moudon. Ces développements d’offre permettront d’atteindre les objectifs de report modal ambitieux du Conseil d’Etat. Ces améliorations arriveront d’ici le changement d’horaire de décembre 2022 et seront présentées en temps opportun aux communes concernées.

J’ai demandé à la DGMR de présenter l’ensemble de ces réflexions sur les trois lignes de bus du réseau du Jorat aux communes concernées, pour leur permettre également de faire part de leurs questions. Cette séance d’échanges a eu lieu le 14 janvier 2021 à Mézières — malheureusement, la commune de Moudon n’y a pas été représentée. Les projets d’horaire des lignes 65 et 75 étant déjà très avancés, la DGMR a pu informer les communes au sujet du nombre de paires de courses qui seront ajoutées directement sur ces lignes. Elle a également expliqué que la variante de base prévoyait une reprise de la ligne 62 avec le même horaire, et qu’une seconde étape de développement, avec un renforcement global de l’offre, était encore à l’étude pour une mise en service dès que possible.

En conclusion, je peux vous assurer que la DGMR met tout en œuvre pour que l’optimisation des lignes 65 et 75 soit réalisée dans les meilleures conditions, afin que les habitants des localités concernées puissent bénéficier d’une offre attractive, dès ce mois de décembre. En parallèle, d’intenses réflexions sont conduites pour que d’autres améliorations puissent aussi être proposées dans les meilleurs délais aux clients de la ligne 62 depuis ou vers la Broye.

M. Felix Stürner (VER) —

Je remercie Mme la conseillère d’Etat pour sa réponse très complète. Ma question complémentaire est la suivante : une fois le transfert des concessions entre les TL et CarPostal effectif, en décembre 2021, de quelle manière est-ce que le Conseil d’Etat sera en mesure de garantir la prise en compte, à moyen et long terme, des besoins de la population broyarde, alors qu’il n’y aura plus de Vaudois dans les instances dirigeantes du nouveau concessionnaire, comme c’est actuellement le cas dans le conseil d’administration des TL ?

Mme Nuria Gorrite (C-DCIRH) —

Tout d’abord, je vous rappelle que le canton de Vaud s’étend jusqu’à la Broye et que, en principe et à ma connaissance, les représentants cantonaux sont aussi des représentants des intérêts de la Broye. Par ailleurs, les horaires sont toujours mis en consultation au printemps, notamment auprès des personnes intéressées, de la population, des associations et des municipalités. Comme vous le voyez, à chaque modification, le canton tient à associer les communes à l’ensemble des travaux conduits. Cela a été le cas ici, malheureusement la commune de Moudon faisait défaut ce jour-là. Néanmoins, je tiens à vous garantir que l’invitation est toujours adressée aux communes avec qui nous construisons ces offres. L’idée étant évidemment d’améliorer la desserte et non pas de la péjorer.

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