Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 12 janvier 2021, point 10 de l'ordre du jour

Documents

(173) Rapport de commission - Elèves usage réseaux sociaux

Texte adopté par CE

Transcriptions

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M. Philippe Vuillemin (PLR) — Rapporteur-trice

Je ne vais pas vous faire l’exégèse de la réponse du Conseil d’Etat, qui est particulièrement riche, intéressante et qui a retenu toute l’attention de la commission. Nous avons relevé qu’on étend le dispositif de prévention aux élèves en scolarité obligatoire qui n’en bénéficient pas encore. Nous avons apprécié que soient visés le cyberharcèlement, la violence, les incivilités et, surtout, la notion de formation quasi continue des enseignants. Les responsabilités enseignées à chacun en regard de son poste de travail à l’école doivent permettre l’extension des champs de compétences en matière d’éducation aux médias. A partir de là, le Conseil d’Etat conclut, à travers son projet d’éducation numérique de la législature 2017-2022, que la formation des enseignants, l’initiation des élèves à la maitrise des sciences informatiques, médias compris, et la création de conditions-cadres permettant d’atteindre le but fixé sont importants. On note également que le Conseil d’Etat n’oublie pas que l’enfant vit dans une famille et que cette famille a une responsabilité dans cette éducation. D’ailleurs, c’est notamment ce qui a été retenu dans la discussion générale comme étant important. On a salué l’établissement d’un cadre réglementaire pour téléphones portables, téléphones intelligents. Hélas, on a systématiquement un coup de retard par rapport à la technologie et à l’utilisation des réseaux sociaux. Toutefois, en sachant cadrer les éléments physiques de l’accès à ces différents réseaux, on essaie de résoudre un problème qui reste redoutable. Finalement, le vote de la commission a été unanime pour accepter ce rapport.

J’aimerais encore relever que ce rapport a fait l’objet d’une discussion sur Facebook ce weekend, où des gens disaient qu’il fallait plutôt former les gens et non vouloir les éduquer. Cela m’a intéressé et j’ai pris le dictionnaire de français de M. Rey. J’ai remarqué que, dans le fond, l’éducation contient la formation. L’éducation est une façon de procéder pour faire en sorte que le terrain de la formation se révèle efficace. Jean Tschopp a eu raison d’utiliser le mot « éducation », qui a un sens profond et clair, plutôt que de parler de la énième formation, mot galvaudé car utilisé pour tout et n’importe quoi. Je vous prie donc de faire bon accueil à son postulat.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Jean Tschopp (SOC) —

Je n’aurais pas aimé être enfant ou adolescent en 2021. Pour les élèves qui ont le malheur d’être le bouc émissaire de leur classe, au XXe siècle il y avait au moins un moment de répit qui est celui des weekends et vacances et qui permettait à d’autres dynamiques de s’enclencher. Il ne s’agit pas de diaboliser les réseaux sociaux, ils font partie de nos existences, mais pour les boucs émissaires, les réseaux sociaux peuvent avoir un effet extrêmement envahissant : nuit et jour, pendant les weekends ou les vacances, on peut être harcelé. Ce constat, qui m’a conduit à me préoccuper de ce sujet qui peut conduire les plus jeunes au pire, parfois jusqu’à se donner la mort dans des cas de cyberharcèlement aggravé. Nous devons prendre la juste mesure de ce phénomène. Nous devons enseigner et apprendre, en passant par des spécialistes, qu’il n’y a pas de parois imperméables entre ce que l’on présente comme la vie réelle et la vie virtuelle. Ce qu’on écrit devant son ordinateur, en étant désinhibé, en quelques clics ou en quelques tweets — comme un fameux président d’un autre pays — peut avoir des conséquences gravissimes. C’est ce souci qui m’a conduit à déposer ce postulat. Je remercie le Conseil d’Etat pour sa réponse.

Le texte prévoyait plusieurs pistes : d’abord, de renforcer l’aspect éducation ou formation — je m’en remets à l’exégèse de notre président de commission. Je retiens, du sens donné dans la Loi sur l’enseignement obligatoire à l’éducation, à son article 5, que l’école seconde les parents dans leur tâche éducative. Si l’on a une acception de l’éducation sous cet angle, s’agissant des réseaux sociaux, il y a une éducation à faire — et pas seulement pour les élèves, mais aussi pour les adultes. Je me félicite du bon accueil du Grand Conseil qui a renvoyé ce texte à l’unanimité au Conseil d’Etat, et que le Conseil d’Etat a donné à cette demande de renforcer cette éducation aux réseaux sociaux, parce qu’il y a là un enjeu majeur.

Concernant une autre mesure envisagée par le postulat — celle de pouvoir signaler des dérapages graves — je reste davantage sur ma faim. J’aurais aimé que le Conseil d’Etat envisage des moyens de signaler des dérapages auprès d’une autorité au sein de l’établissement — la direction, le doyen ou autres — parce que ces phénomènes peuvent avoir des conséquences graves sur la santé mentale et physique des victimes concernées. Ce n’est certainement pas la fin de l’histoire ; nous aurons l’occasion de reparler de ce thème qui reste totalement d’actualité. Je remercie aussi la commission qui, à l’unanimité, vous recommande d’approuver le rapport du Conseil d’Etat.

M. Yann Glayre (UDC) —

Je remercie Jean Tschopp d’avoir été précurseur en la matière. Ce n’est pas la première fois que je le dis : nous avons un énorme retard en matière d’éducation numérique. C’est exact, monsieur Tschopp : on reste sur notre faim. La position du groupe UDC n’a pas changé : ce qui est fait actuellement est insuffisant. Je vous invite à vous abstenir sur ce rapport.

Mme Monique Ryf (SOC) —

Je vous invite à soutenir ce rapport. Ce domaine est très évolutif. Il y a dix ou quinze ans — je parle en tant que responsable de Pro Juventute et du numéro d’aide 147 — on recevait des appels de beaucoup d’enfants, mais aussi de parents, car ils n’avaient pas les outils nécessaires pour accompagner leurs enfants. Petit à petit, l’éducation numérique s’est faite. Le canton de Vaud fait énormément de choses sur l’éducation numérique. Il y a aussi beaucoup d’organisations qui s’occupent du soutien aux parents et donnent des cours pour les accompagner.

Concernant la remarque de M. Jean Tschopp sur la possibilité de signaler, dans l’évolution des moyens à disposition, on peut mentionner une start-up de l’EPFL qui est en train de développer une application avec la Haute école pédagogique du Valais. Cette application devrait permettre de signaler, de manière anonyme, un enfant ou une jeune victime de harcèlement. Ce sont ces éléments qui montrent qu’il s’agit d’un domaine en évolution où l’on pourra introduire, petit à petit, des moyens complémentaires. Beaucoup de choses se font et je vous encourage à approuver le rapport du Conseil d’Etat.

M. David Raedler (VER) —

Le domaine de l’éducation numérique est toujours plus central, et ce, de façon particulièrement transversale. Le domaine numérique a envahi l’entier de nos vies, et ce, dans chacun de ces domaines : la vie professionnelle, la vie éducative, la vie à l’école, la vie amicale, la vie amoureuse. Tous les domaines sont sujets au numérique. Le postulat Tschopp est nécessaire. Les plateformes numériques et les réseaux sociaux sont des plateformes sur lesquelles le cyberharcèlement se fait jour de façon très inquiétante. L’école a un rôle central à jouer pour apprendre aux élèves comment répondre ou réagir à ce type de situations et, ensuite, à ne pas créer ce type de situations. Un autre domaine est pertinent : l’information que l’on obtient par le biais de ces réseaux sociaux. Comment savoir si une information est réelle et correcte ? Comment savoir si elle est fausse ? Notre collègue Ryf l’a dit : c’est un domaine qui est en constante évolution. Plus que jamais, l’école se doit d’être la plus réactive possible, afin de tenir compte de ces évolutions constantes et perpétuelles. Le rapport du Conseil d’Etat et plus généralement la stratégie d’éducation numérique dans ce domaine sont bonnes. Le groupe des Verts va approuver le rapport du Conseil d’Etat, tout en soulignant la nécessité d’avoir une approche dynamique et au jour le jour pour voir les domaines dans lesquels il y a un besoin d’agir.

Mme Cesla Amarelle — Conseiller-ère d'État

Je me joins aux réflexions émises par les uns et les autres. On parle bien d’éducation, vu que l’on ne se limite pas à la simple instruction. Nous ne sommes pas uniquement dans des questions de pur savoir, mais aussi dans des questions en lien avec le savoir-faire. Le projet d’éducation numérique a pour objectif de faire profiter l’ensemble des élèves du canton de la prévention contre les risques liés à un mauvais usage des réseaux sociaux. Ce projet s’inscrit dans le programme de législature 2017-2022 du Conseil d’Etat et les actions de prévention qui sont conduites au sein des établissements scolaires contribuent à développer l’esprit critique dans l’utilisation des réseaux sociaux. C’est une problématique qui est également romande, puisque le Plan d’études romand est actuellement en révision pour intégrer les objectifs d’enseignement de l’éducation numérique aussi en lien avec la question de la prévention. C’est un sujet sur lequel vous serez appelés à vous prononcer de manière régulière au cours de ces prochains mois et de ces prochaines années.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est close.

Le rapport du Conseil d’Etat est approuvé à une large majorité.

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