Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 15 juin 2021, point 18 de l'ordre du jour

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M. Vincent Keller (EP) —

Je remercie le Conseil d’Etat pour sa réponse très complète, qui me rassure sur le fait qu’il semble mettre beaucoup d’énergie dans la prévention du travail qui peut parfois tuer. J’aimerais toutefois ajouter quelques remarques à cette réponse. Le Conseil d’Etat entend renforcer les contrôles, avec plus d’inspecteurs du travail. Dans les faits, comment cela va-t-il se traduire ? A mon sens, il faut surtout des contrôles inopinés, sans que l’entreprise ne soit avertie de la venue de l’inspecteur.

A la question 2 sur l’épuisement professionnel – le burn-out – le Conseil d’Etat répond : « Néanmoins, selon le Secrétariat d’Etat à l’économie, l’épuisement professionnel peut être considéré comme l’aboutissement d’un processus qui trouve son origine dans un grand engagement professionnel et le manque de phases de récupération. » Alors, je ne doute pas qu’une partie des burn-out provient d’un « grand engagement professionnel », mais qu’en est-il de ces petits boulots mal payés où les travailleurs et travailleuses savent qu’ils sont remplaçables facilement et subissent une grande pression de la part du dernier étage de la hiérarchie, elle-même sous la pression de l’échelon du dessus ? Je suis sûr que, dans ce Grand Conseil, tout le monde voit à quoi je fais référence : l’entreprise à management vertical, avec chefaillons, sous-chefaillons et sous-sous-chefaillons. Dans ce monde, la travailleuse ou le travailleur à revenu modeste sait qu’il ne peut se permettre de perdre son emploi, au risque de se retrouver dans la précarité ; de ce fait, il sera obligé de mettre beaucoup d’énergie pour faire mieux son travail, dans des conditions souvent précaires et particulièrement stressantes.

Le travailleur est donc forcé de mettre beaucoup d’engagement dans son travail, au risque de le perdre : je considère qu’il s’agit d’un effet et non une cause. Si le burn-out ne peut pas être considéré comme une maladie professionnelle – parce que la loi fédérale qui fixe les conditions nécessaires à la reconnaissance d’une telle maladie ne le permet pas – alors c’est à nous de le faire au moyen d’une initiative auprès des Chambres fédérales, afin qu’elles prennent enfin la décision de reconnaître, comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS), que le burn-out est une maladie professionnelle. La vraie raison de la non-reconnaissance est malheureusement connue : cela coûterait financièrement trop cher, aux entreprises responsables des burn-out qui devraient payer leur part, comme aussi au lobby des assureurs qui veulent éviter de devoir payer, car les burn-out coûtent cher et sont de plus en plus importants.

A la question 3, la réponse est la suivante : « La loi impose aux employeurs de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la santé physique et psychique des travailleurs. » C’est vrai et c’est un bon début, mais parfois l’employeur lui-même est la cause des burn-out, du fait d’un management défaillant, d’un environnement toxique, ou d’erreurs de casting au niveau des cadres. Vous conviendrez qu’il est difficile, dans ces conditions, de respecter la loi. Et le fait que le Conseil d’Etat encourage les entreprises à consacrer les ressources adéquates n’aide pas beaucoup. Plus qu’encourager, il faudrait sanctionner, car on parle tout de même de la santé des employées et employés. Je salue les mesures entreprises au sein de l’Administration cantonale vaudoise (ACV) s’agissant du projet commun entre le Service du personnel et l’Etat de Vaud (SPEV) et Unisanté qui devrait offrir un soutien individualisé en cas de vécu professionnel difficile.

En conclusion, je remercie le Conseil d’Etat pour ses réponses. Je ne peux m’empêcher de penser que la cause de ces situations professionnelles difficiles est ailleurs et que seul un changement de paradigme permettrait d’y mettre fin : l’humain n’est pas un robot.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion n'est pas utilisée.

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