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Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 19 janvier 2021, point 38 de l'ordre du jour

Document

Texte adopté par CE - int. Montangero

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Stéphane Montangero (SOC) —

Je remercie le Conseil d’Etat pour ses réponses. Je suis particulièrement satisfait du passage qui indique : « Toutefois, il ne manque pas de rappeler aux dirigeants de La Poste à chaque opportunité que le service universel de qualité fait partie de sa mission première et il ne peut pas être remis en question. En outre, le Conseil d’Etat a précisé qu’il ne cautionnerait aucune transformation ou fermeture d’offices postaux qui ne serait pas acceptée par les autorités communales concernées. Il n’a pas validé le projet de réorganisation 2020 de la Poste et fera tout son possible pour poursuivre son dialogue avec la Poste et soutenir les communes concernées par les évolutions annoncées du réseau. Il a en particulier insisté sur le fait que le Conseil d’Etat regrette que la direction du Géant Jaune ne prenne pas systématiquement en compte le développement économique et démographique du canton au moment de réaliser la planification du réseau. » Je cite ce paragraphe, car il est en parfaite adéquation avec le cas relevé dans l’interpellation, soit la fermeture de la Gottaz, qui est désormais consommée. Alors que cet office de poste avait toutes les qualités pour demeurer, il a fermé. Il s’agit maintenant d’un dépositaire, d’une filiale partenaire qui est dans une pharmacie. Autant vous dire que, depuis un certain nombre de mois, le personnel de la pharmacie a peut-être d'autres choses à faire que de distribuer des recommandés ou d’accepter les paquets en retour d’un certain nombre de ventes par correspondance. On peut constater que cette question des filiales partenaires n’est pas une solution plus convaincante qu’avant, notamment du fait du trafic de colis et qu’il y a de plus en plus de besoins de stockage. Cela n’est pas rentable, il y a trop de travail pour les commerçants qui le font. De plus, c’est inutile, au moment où un certain nombre de ces magasins doivent fermer.

Si je me réjouis des déclarations de La Poste au sujet de sa nouvelle stratégie, je ne demande qu’à voir comment elle va se concrétiser. La Poste a annoncé 3 milliards de fonds propres. Cela peut constituer quelques espoirs, mais ces espoirs doivent être mis en parallèle, sans oublier qu’il y avait, il y a dix ans, 3’700 offices de poste et qu’il n’en reste plus que 800, auxquels on peut ajouter le millier d’agences postales. Le chiffre a été divisé par deux. On peut conclure par le fait qu’il n’y a, aujourd’hui, plus grand-chose à fermer. C’est peut-être pour cela qu’un virage a été amorcé pour annoncer une cessation des fermetures. Pour les collaborateurs, la perte d’emplois est actée. Il y a eu un certain nombre de licenciements continus toutes ces dernières années, il y a eu des départs à la retraite anticipés qui ont été négociés. La Poste en est maintenant à manquer de monde suivant les endroits. La saignée semble finie, mais cette saignée a été forte et dure. Enfin, si les choses se stabilisent, cela ne permettra pas aux personnes qui ont perdu leur emploi ou aux communes qui ont perdu leur office de les retrouver. Le mal est fait. Le service public est atteint. Le frein à ces fermetures a été beaucoup trop tardif et timide, malgré les efforts du Conseil d’Etat, de notre Parlement, du Parlement fédéral et de nombreux autres organes politiques. Alors, espérons que, désormais, la voie du renforcement du service public est une évidence pour tout le monde, que ce soit pour la Poste, la santé, les transports publics, l’éducation ou la sécurité, pour le bien-être de l’ensemble de la collectivité.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Philippe Vuillemin (PLR) —

Je n’ai pas la pensée de gauche de mon préopinant. Néanmoins, on pourrait maintenant, avec quelques années de recul, s’interroger si cela a été opportun de demander à certains magasins ou à des pharmacies — qui se retrouvent maintenant piégées, car il faut choisir entre l’arrière de la pharmacie rempli de colis Zalando ou une salle de vaccination — de jouer ce rôle. Bien entendu, les offices de poste ont aussi disparu, car de moins en moins de gens venaient faire leurs paiements, de moins en moins de cases postales étaient louées ; on peut le comprendre. Mais je n’ai pas vu de rétrospectives pour se demander si les solutions proposées étaient pertinentes. Je ne le crois pas forcément. Certaines pharmacies sont bien organisées, ce n’est pas toujours simple, mais cela peut être géré. Toutefois, quand je vois le soir, vers 18 heures, la tapisserie de paquets de tous genres et de toutes tailles qui prend presque le quart de la pharmacie, je me dis que ce n’est pas forcément une très bonne idée. Je ne parle que de pharmacie et de choses que je vois, mais je sais qu’il y a aussi d’autres commerces concernés. Quand on met quelque chose sur pied, il est bien de se poser des questions, après quatre ou cinq ans, afin de savoir si c’était bien, si on peut faire mieux ou s’il faut changer son fusil d’épaule. Je crois que, en 2021, ce moment est venu.

M. Jean-Luc Chollet (UDC) —

Il faut reconnaître que la question n’est pas simple. On se trouve dans une société où l’on se rend de moins en moins souvent à la Poste pour faire des paiements ou pour poster une lettre. Qui a du papier à lettres chez lui ? Qui a des timbres-poste ? C’est de plus en plus rare et je ne parle pas de la nouvelle génération, qui a d’autres moyens de communiquer. Je vois venir le jour où les faire-part mortuaires, pour autant qu’ils existent toujours, se feront par mail. Cela dit, il reste le trafic des paquets, mais les offices de poste sont submergés, non pas des paquets que les particuliers envoient, mais des paquets que les particuliers réexpédient après avoir reçu des commandes passées par Internet. Il est donc extraordinairement compliqué, de la part des dirigeants de La Poste, de maintenir des offices dans lesquels de moins en moins de gens se rendent et de juguler un trafic de paquets qui vient de l’autre bout du monde, et pour lesquels les gens qui travaillent ont des conditions sociales, salariales et d’horaires de travail qui sont très loin de ce que l’on vit chez nous. La Poste doit faire avec tout cela et, en même temps, faire du bénéfice. Dieu merci, elle en fait encore pas mal. Mais régler cette quadrature du cercle n’est pas chose aisée.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est close.

Ce point de l’ordre du jour est traité.

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