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Point séance

Séance du Grand Conseil du mercredi 23 juin 2021, point 16 de l'ordre du jour

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RC-19_POS_132

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Mme Céline Baux (UDC) — Rapporteur-trice

La commission a siégé le 23 août 2019 pour étudier la prise en considération de ce postulat. Nous pouvons dire que, malgré le temps écoulé, il est malheureusement toujours d’actualité. Mme Suzanne Peters, directrice adjointe à la Direction générale de l’enseignement postobligatoire (DGEP), Mme Cécile Tirelli, cheffe de l’Unité affaires juridiques (UAJ) à la DGEP et M. Giancarlo Valceschini, chef de la Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO) accompagnaient Mme la conseillère d’Etat Cesla Amarelle. Je remercie M. Florian Ducommun, secrétaire de commission, pour son accompagnement.

Le postulant, notre collègue Tschopp, est inquiet d’un climat politique quelque peu particulier, plutôt externe à la Suisse, et de l’impact des réseaux sociaux qui peut amener un phénomène de désinhibition et de désinformation vis-à-vis du racisme. Tout en étant conscient que l’Unité de promotion de la santé et prévention en milieu scolaire (unité PSPS) fait déjà beaucoup en matière de campagne de sensibilisation, M. Tschopp demande néanmoins au Conseil d’Etat d’étudier la faisabilité d’une action de prévention contre le racisme en milieu scolaire impliquant des intervenants externes. Ceci afin que l’école enseigne aux élèves à adopter un regard critique quant aux sources des différentes informations circulant sur les médias sociaux.

En faisant part de la position du Conseil d’Etat, Mme Amarelle fait remarquer en préambule que l’école doit décréter une tolérance zéro dans la lutte contre le racisme, au sens de l’article 116 de la Loi sur l’enseignement obligatoire (LEO). Cet article précise à son alinéa 1 : « Chaque élève a droit à une protection particulière de son intégrité physique et psychique et au respect de sa dignité. » Puis, à l’alinéa 2 : « Il ne doit subir ni discrimination ni arbitraire. » Il a été relaté à la commission la série d’actions et projets d’importance développés par l’Unité PSPS, et nous avons appris qu’une Unité Migration Accueil (UMA) serait créée au sein du Service de l'enseignement spécialisé et de l'appui à la formation (SESAF). Le Conseil d’Etat avait également décidé de créer une fonction de délégué à la promotion du climat scolaire au sein du Secrétariat général du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture. Mme Véronique Berset a donc été engagée à ce poste ; si ce postulat est renvoyé au Conseil d’Etat, il sera très intéressant d’obtenir des renseignements sur ce qui a été entrepris depuis le 1er septembre 2019.

Lors de la discussion générale, il est ressorti que tous les commissaires étaient conscients de la réalité et de l’importance du problème du racisme, un état de fait identifié et qui se doit d’être combattu. Des explications ont été données sur l’importance de travailler avec des intervenants externes, tout en laissant le soin aux enseignantes et enseignants de décider de la façon dont l’information est transmise. Le directeur adjoint de la DGEP et le chef de la DGEO nous ont présenté les actions de prévention et les façons de lutter contre les problèmes de harcèlement ou de discrimination, ainsi que les formations mises sur pied pour les établissements scolaires. Il a également été relevé l’importance de l’éducation parentale qui influe fortement sur l’attitude d’un enfant vis-à-vis du racisme. Les renseignements apportés ont permis de répondre à la plupart des questionnements contenus dans le texte du postulat et ont démontré que de nombreuses mesures ont déjà été prises et tenaient compte d’une situation en évolution constante. Si nous pouvons considérer que le rapport de la commission est suffisant pour faire un état des lieux de la question, l’acceptation de ce postulat est néanmoins importante pour démontrer l’existence d’une volonté politique de contrer cette problématique, tout acte de racisme étant simplement inacceptable. C’est donc par 8 voix et 1 abstention que la commission recommande au Grand Conseil la prise en considération de ce postulat.

De manière personnelle, je voudrais terminer cette prise de parole par une citation de Nelson Mandela : « Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, de ses antécédents ou de sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr, et s'ils peuvent apprendre à haïr, on peut leur apprendre à aimer, car l'amour vient plus naturellement au cœur humain que son contraire. »

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Jean Tschopp (SOC) —

Respecter l’autre, même s’il n’est pas du même avis ; respecter l’autre dans sa différence ; combattre les préjugés, même inconscients, la peur ; surmonter la première impression ; combattre le racisme, les lieux communs, les préjugés encore bien présents, quoi qu’on en dise, dans le monde et en Suisse aussi et jusque dans nos cours d’école. Combattre le racisme, c’est aussi apprendre à débattre, aimer débattre, apprendre à ne pas être du même avis sans écraser l’autre ou en évitant les attaques personnelles, mais en débattant sur le fond des problèmes. Notre postulat demande de renforcer la prévention contre le racisme en milieu scolaire. Un racisme bien interne est bien connu en Suisse et chez nous aussi. Cet enjeu n’est pas une vue de l’esprit. Je remercie Mme Céline Baux, présidente de la commission, les 45 députés de tous bords politiques qui se sont associés à ce texte et les membres de la commission qui, pratiquement à l’unanimité, demandent son renvoi au Conseil d’Etat pour en faire plus encore.

Amnesty International ou la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD) – avec d’autres Organisations non gouvernementales (ONG) qui se sont engagées contre le racisme – constatent depuis le début de la pandémie une augmentation du racisme, des exclusions, des insultes. Face à la crise, les complotistes cherchent des boucs émissaires, des coupables à l’origine de ce virus venu d’ailleurs. Notre ministre des finances aime à dire que notre canton est xénophile : un tiers de la population vaudoise est d’origine étrangère. Les couples mixtes, les mariages mixtes atteignent, dans notre canton, des niveaux à nul autre pareil. Le combat contre le racisme n’est jamais gagné. Quelques jours seulement après le dépôt de postulat, des croix gammées et des tags antisémites recouvraient le gymnase de Morges. Les algorithmes des réseaux sociaux favorisent les propos les plus tranchés, ces ennemis de la nuance et du débat d’idées. Derrière les écrans, les internautes se sentent en sécurité et n’hésitent pas à dénoncer telle religion ou telle communauté comme source de tous les maux. Renforcer la prévention contre le racisme n’est pas un caprice, mais une nécessité. Même si le Département de la formation, de la jeunesse de la culture entreprend déjà plusieurs actions et qu’il est sensible à ce thème, nous pouvons en entreprendre d’autres pour élargir cette prévention et la rendre plus systématique encore. Nous avons besoin d’un travail sur le long terme dès le plus jeune âge.

M. Nicolas Bolay (UDC) —

Je suis favorable à ce postulat, car en prenant le problème tôt, nous aurons une meilleure efficacité. J’ai une question à poser à Mme la conseillère d’Etat : pouvez-vous m’assurer que toutes les formes de racisme sont prises en compte dans ce postulat ? En effet, dans certaines classes, les enfants de nationalité suisse se retrouvent en minorité.

Mme Cesla Amarelle — Conseiller-ère d'État

Monsieur le député, je n’ai pas compris votre question. Je vous propose donc de la formuler d’une autre manière ou de me la transmettre par écrit.

M. Nicolas Bolay (UDC) —

Je voudrais être sûr que toutes les formes de racisme, contre les nationalités étrangères ou contre la nationalité suisse, seront prises en compte dans le rapport qui répondra à ce postulat.

Mme Cesla Amarelle — Conseiller-ère d'État

J’ai déjà donné de nombreuses informations qui sont mentionnées dans le rapport de la commission. Je n’ai pas une définition particulière du racisme. Sur le thème de la diversité, il est vrai que la prévention des discriminations en fonction de la nationalité figure dans la Constitution fédérale à l’article 8, ainsi que dans la Constitution vaudoise. Il est aussi vrai que l’école vaudoise applique la lutte contre les discriminations en fonction de la nationalité, quelle qu’elle soit. C’est un principe fondamental de base de notre Constitution tant fédérale que cantonale.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est close.

Le Grand Conseil prend le postulat en considération à une large majorité.

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