Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 9 novembre 2021, point 3.8 de l'ordre du jour

Texte déposé

Le 2 novembre 2021, la police cantonale a lancé un appel au calme, suite à des rumeurs concernant le nombre croissant de femmes droguées à la seringue et au GHB dans les boissons, dans des clubs lausannois, le week-end du 30- 31 octobre.

 

Alors que l’augmentation des cas d’agressions à la seringue inquiète les autorités au Royaume-Uni, confrontées à une hausse de témoignages de jeunes femmes qui dénoncent de telles agressions dans des bars ou boîtes de nuit et que les témoignages se multiplient, que la police britannique a reçu de nombreux rapports impliquant des piqûres. Plus de 163’000 personnes ont ainsi signé une pétition demandant au gouvernement de rendre obligatoire la fouille minutieuse des clients à l’entrée des boîtes de nuit.


La police cantonale vaudoise, elle, dit qu’aucun élément ne leur permet de confirmer cette rumeur.

 

Sachant combien il est difficile pour des victimes de dénoncer ce type d’agressions, ce n’est certainement pas sur le manque d’indications que la police devrait agir pour prendre des mesures afin de prévenir ces agressions.

 

Au lieu de relativiser le manque d’annonce de victimes, la police devrait annoncer quelles sont les mesures qu’elle a prises afin de prévenir ces agressions, et pour punir les auteurs.

 

Question orale :

 

Face aux rumeurs de forte augmentation de femmes droguées à la seringue et au GHB dans les clubs lausannois, la police cantonale prend-elle au sérieux ces rumeurs, sans attendre que des victimes déposent plainte, et quelles mesures a-t-elle prises afin de prévenir et punir de telles agressions ?

Transcriptions

Mme Graziella Schaller (V'L) —

Question orale Graziella Schaller - Des femmes droguées à la seringue dans des clubs lausannois : la police cantonale prend-elle des mesures suite aux rumeurs ? (21_HQU_104)

Le 2 novembre 2021, la police cantonale a lancé un appel au calme, suite à des rumeurs concernant le nombre croissant de femmes droguées à la seringue et au GHB dans des clubs lausannois, le week-end du 31 octobre. Ces rumeurs sont bien plus présentes sur les réseaux sociaux que dans la presse et elles vous ont peut-être échappé.

Au Royaume-Uni, l’augmentation de ces cas d’agressions à la seringue inquiète les autorités qui sont confrontées à une hausse de témoignages de jeunes femmes qui dénoncent de telles agressions dans des bars ou boîtes de nuit. Une pétition de plus de 163’000 personnes demande au gouvernement de rendre obligatoire la fouille minutieuse des clients à l’entrée des boîtes de nuit. De telles agressions sont également dénoncées en France et en Belgique et des boycotts sont annoncés. Le mouvement « Balance ton bar » a été lancé et il prend de l’ampleur.

La police cantonale vaudoise indique qu’aucun élément ne lui permet de confirmer cette rumeur. Elle en appelle au calme et rappelle les sanctions en cas de diffusion de fausses informations. Sachant combien il est difficile pour des victimes de dénoncer ce type d’agressions, ce n’est certainement pas sur le manque d’indications ou de dénonciations que la police devrait agir pour prendre des mesures afin de prévenir ces agressions. Ma question est la suivante :

Face aux rumeurs de forte augmentation de femmes droguées à la seringue, la police cantonale prend-elle au sérieux ces rumeurs, sans attendre que des victimes déposent plainte, et quelles mesures a-t-elle prises afin de prévenir ces agressions ?

Mme Béatrice Métraux — Conseiller-ère d’Etat

Dans le cadre de l’affaire mentionnée dans la question orale, la Police cantonale a eu des contacts directs avec le responsable de la sécurité de l’Ecole hôtelière de Lausanne (EHL), eu égard au fait que les messages diffusés faisaient référence à une soirée privée qui s’est déroulée le jeudi 28 novembre 2021 au MAD, à laquelle ne participaient que des étudiants de l’EHL. La Police cantonale a également eu des contacts avec le directeur du MAD et la direction du CHUV. Aucun de ces interlocuteurs n’a eu connaissance d’un cas ou d’une plainte d’une victime, contrairement aux affirmations diffusées sur les réseaux sociaux qui mentionnaient 39 victimes de piqûres. Face à l’absence de faits avérés et documentés ou de témoignages, la police procède à des vérifications, mais ne dispose pas d’éléments permettant d’établir des actes délictueux.

En matière de prévention, pour tous les cas d’agressions de femmes et en particulier dans les établissements du monde de la nuit, la police diffuse des messages via les réseaux sociaux et sur son site internet de prévention. La Police cantonale a également envoyé une information à tous les membres de l’association La Belle Nuit et aux patrons d’établissements nocturnes du canton de Vaud pour les encourager à renforcer les contrôles aux entrées et à signaler tout fait suspect à la police.

Ces derniers se sont engagés à renforcer les fouilles à l’entrée dès le week-end suivant et ont annoncé prendre les mesures suivantes :

  • mise à disposition des membres de l’association La Belle Nuit de cup-condoms pouvant être mis en vente ou offerts par les clubs à toute personne souhaitant protéger son verre tout au long de la soirée ;
  • affiches de prévention dans les divers lieux enjoignant les client-e-s à s’adresser à la sécurité ou au staff de bar en cas d’activité suspecte d’un tiers ;
  • sollicitation de la Municipalité de Lausanne pour une tenue de nouveaux états généraux de la nuit ;
  • demande d’un plan de formation complémentaire pour les agents de sécurité et pour le staff de bar, en concertation avec les autorités, pour toutes les questions liées au harcèlement.

Plus largement, une dizaine de cas de suspicion d’intoxication à une substance type GHB ont été signalés en 2021 à la police de Lausanne. Chaque cas est systématiquement suivi par les spécialistes de la brigade des mœurs lausannoise. De plus, ce corps de police est actif dans la lutte contre la drogue, notamment grâce au travail de sa brigade des stupéfiants qui effectue quotidiennement des contrôles. Les saisies de GHB sont aujourd’hui rares et en baisse constante depuis plusieurs années.

De son côté, l’Observatoire de la sécurité et des discriminations de la ville de Lausanne a également des échanges réguliers avec le monde de la nuit pour favoriser les bonnes pratiques et la coordination autour de thématiques telles que l’accueil de la clientèle et la réduction des risques.

D’une manière générale, les policiers communaux et cantonaux sont formés et sensibilisés à la prise en charge des victimes d’agressions et des plaintes. Une fois la plainte enregistrée, les victimes sont informées des dispositions de prise en charge et d’appui existantes, notamment dans le cadre de la Loi sur l’aide aux victimes d’infractions (LAVI). De plus, des formations particulières sont données aux spécialistes de la police judiciaire chargés de gérer ce type d’affaires. Plusieurs policiers et policières de la police de Lausanne terminent leur formation afin d’intégrer l’unité spécialisée d’aide aux victimes, dont la création a été récemment annoncée.

Mme Graziella Schaller (V'L) —

Je remercie Mme la conseillère d’Etat pour toutes ces informations ainsi que de faire connaître tout ce qui est mis en place pour dissuader ce type d’agressions. Il serait intéressant de mieux les faire connaître auprès des jeunes gens qui sont très inquiets de ces rumeurs. En effet, les jeunes avec lesquels j’ai pu m’entretenir et qui souhaitent sortir pour vivre de nouveau une vie normale dans les bars ont très peur. On peut faire attention à son verre, mais il est impossible de faire attention à tout. Je suis donc rassurée d’entendre que des mesures sont prises et il serait intéressant de mieux les faire connaître.

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