Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 26 janvier 2021, point 11 de l'ordre du jour

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Texte adopté par CE

Rapport de commission - Intégration migrants (184)

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M. Yann Glayre (UDC) — Rapporteur-trice

La commission s’est réunie au Parlement en janvier 2020, à l’époque où nous pouvions encore nous chuchoter à l’oreille sans risquer de créer une catastrophe sanitaire ! Lors de cette séance, point de chuchotements, mais uniquement des conversations franches entre les représentants de l’Etat et les commissaires présents. M. le conseiller d’Etat Leuba était accompagné de Mme Amina Benkais-Benbrahim, déléguée à l’intégration, de M. Erich Dürst, directeur de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) et de M. Steve Maucci, chef du Service de la population (SPOP).

Le postulant a remercié les différents services concernés pour ce rapport, qu’il estime très convaincant, en faveur des programmes d’occupation et d’intégration. De nombreuses questions et des discussions constructives ont permis de détailler les solides pratiques de l’Etat visant à intégrer au mieux les migrants. C’est donc sans aucune hésitation que la commission unanime vous recommande d’accepter le rapport.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Jean Tschopp (SOC) —

Mon postulat avait pour objectif de renforcer l’intégration des migrants, un terme qui désigne des familles, des femmes et des hommes, souvent diplômés dans leur pays — ingénieurs, médecins, avocats, enseignants — qui, en arrivant en Suisse, doivent repartir de zéro et redémarrer une nouvelle vie, sans que leur titre ou leur diplôme ne soit reconnu, dans bien des cas.

Je remercie le Conseil d’Etat pour son rapport et salue l’activité des indépendants et des entrepreneurs qui s’engagent sur la voie de formation, d’intégration et d’insertion sociale des migrants. M. Guy Gaudard évoquera son expérience professionnelle, puisqu’il est très engagé dans cette thématique. Je salue également l’implication des communes pour ces programmes d’intégration. En outre, j’attire votre attention sur les annexes du rapport, qui fournissent certainement les éléments les plus intéressants à analyser. D’abord, au niveau de l’insertion et de l’intégration professionnelle, on observe que, sur les différents programmes d’utilité communautaire et publique, le niveau d’insertion professionnelle se situe environ à 2/3. Cela signifie qu’une nette majorité des migrants qui bénéficient de ces programmes et qui sont d’accord de s’y investir, trouvent, quelques années plus tard, un emploi stable — un point très positif à mettre à l’actif de ces programmes et de leur développement. Ensuite, il faut observer le faible nombre de communes impliquées dans ces programmes. En effet, les annexes montrent qu’elles sont une trentaine, ce qui signifie ‑ et je le déplore vivement ‑ que le 90 % des communes de ce canton n’admettent aucun programme pour l’intégration et l’insertion des migrants. J’aimerais par la même occasion fournir un signal d’encouragement aux communes pour qu’elles s’investissent, s’impliquent et manifestent leur intérêt pour ce type de programmes, car il n’est jamais trop tard pour s’y engager.

Enfin, on observe que seule une très faible part des migrants peuvent participer à ces programmes, puisque, selon les différents types de programmes d’insertion, entre 5,5 et 9 % seulement sont concernés, ce qui met en évidence un important potentiel de développement. En outre, les chiffres mentionnés dans les annexes indiquent également, depuis quelques années, une diminution du nombre de migrants qui peuvent participer à ces programmes. En conclusion, la marge de développement et d’intensification de ces programmes est importante et nous pourrions donner un signal en acceptant le rapport du Conseil d’Etat. Quant à la situation pandémique actuelle, elle met sans doute en avant une valeur qui prime sur toutes les autres : celle de la solidarité. Ce dont les Vaudoises et les Vaudois ont témoigné en manifestant leur sympathie à l’égard de Sangard Ahmad, par exemple, pour ces profils de migrants qui s’impliquent et s’investissent dans la lutte contre cette pandémie, dans la solidarité, et qui sont reconnus et estimés.

M. Guy Gaudard (PLR) —

Je déclare mes intérêts : je suis entrepreneur électricien, à Lausanne, et j’occupe une cinquantaine d’employés et je forme des apprentis, depuis la création de mon entreprise, le 1er mars 1991, soit d’ici un mois, depuis 30 ans. Actuellement, je forme des apprentis migrants en qualité d’électriciens de montage, issus d’horizons différents : Afghanistan, Iran, Somalie, Erythrée, Equateur, entre autres. Je suis par conséquent entièrement acquis à l’initiative de mon collègue Jean Tschopp, et lui suis reconnaissant de l’avoir déposée, tout comme une partie du PLR.

J’exprime toutefois un regret. En effet, la réponse du Conseil d’Etat ne mentionne pas que ces jeunes, une fois formés et en possession de leur CFC, ne se voient pas proposer de rester en Suisse afin de valoriser leur acquis et leurs compétences. Je tiens à rappeler que de nombreux baby-boomers des années 50 et 60 partiront à la retraite ces prochaines années. Au vu du nombre articulé, à savoir plusieurs centaines de milliers, en Suisse, un manque de main-d’œuvre se fera cruellement ressentir, et cela d’autant plus si on expulse ces jeunes issus de la migration, au lieu de les garder et de valoriser leur savoir-faire, sachant qu’une fois de retour dans leur pays, ils n’auront probablement pas la possibilité de faire valoir leurs compétences. Par conséquent, nous devrions trouver un moyen de leur faciliter l’accès à un permis de travail, à long terme, en Suisse. Ils pourraient ainsi participer au développement actif de notre pays, tout en ne surchargeant pas les rangs de l’aide sociale.

M. Philippe Vuillemin (PLR) —

Les propos de mon collègue Gaudard sont éminemment vrais, mais votre serviteur voudrait rappeler ici un événement personnel. Il y a une trentaine d’années, il s’est rendu sur l’île de Zanzibar et il y est tombé sur un guide fort intéressant. En effet, ce dernier exprimait le souhait que ceux qui quittent le pays y reviennent, pour transmettre le savoir. « Cela serait plus utile, disait-il, que de nous donner de l’argent que nous ne voyons de toute façon jamais ». J’étais très marqué par ce commentaire, parce qu’en ce temps-là, dans les milieux psychiatriques vaudois, nous formions d’excellents confrères venant du Sénégal ou de Côte D’Ivoire, par exemple. Ils restaient ensuite ici, alors qu’il aurait peut-être été éminemment utile qu’ils retournent dans leur pays pour faire valoir la formation reçue et simultanément rester au diapason du pays. C’est une situation un peu compliquée. Il est normal et fort compréhensible de vouloir garder les gens qu’on a formés ; cependant, dans une coopération bien comprise, cela ne me dérange pas que certains, en y retournant, fassent bénéficier leur pays des compétences acquises.

Mme Alice Genoud (VER) —

Je me joins aux propos de mes collègues. En effet, ce rapport permet un panorama bienvenu sur la problématique d’intégration des migrant-e-s et sur les programmes d’occupation. M. Tschopp a fourni d’intéressants points, relevés dans les annexes ; j’aimerais y ajouter que les bénéficiaires eux-mêmes se déclarent extrêmement contents de ces programmes, que ce soit pour leur intégration par le biais du travail, mais aussi, et M. Tschopp l’a dit, pour pouvoir ensuite trouver un travail. On observe également une amélioration notable de la santé, ce qui montre l’importance de l’intégration par le travail, qui permet finalement l’amélioration de bien des aspects de la vie de ces migrant-e-s. Je me joins également aux propos de M. Gaudard sur l’importance de réfléchir à l’après. En effet, nous possédons aujourd’hui un programme qui fonctionne, ce que les statistiques démontrent, avec des jeunes qui peuvent trouver un emploi après une formation intéressante — des jeunes qu’il faut pouvoir garder et continuer leur intégration, pour qu’ils puissent profiter de la formation qui leur a été dispensée. Comme mes collègues, je plaide pour l’acceptation de ce rapport et le développement de tels outils, par le biais des communes, mais aussi par celui d’autres entreprises.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est close.

Le rapport du Conseil d’Etat est approuvé à l’unanimité.

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