Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 27 février 2024, point 13 de l'ordre du jour

Texte déposé

Depuis le siècle passé et au cours des dernières décennies, de nombreux moyens, plusieurs centaines de millions, ont été judicieusement investis dans de multiples réfections de la RC 11 et de ses ouvrages, de la vallée des Ormonts et permettant de relier, en remontant la Grande-Eau, Aigle et Yvorne, entre autres, à Leysin, au Sepey, aux Mosses, aux Diablerets et même au Pays d’Enhaut et à l’Oberland bernois. En d’autres termes, l’unique lien routier d’importance entre la plaine et la montagne, et inversement. Parralèlement, de non moins importants moyens ont été déployé sur les transports publics, et en particulier sur les magnifiques lignes de l’Aigle-Leysin ou de l’Aigle-Sepey-Diablerets, projets actuels ou futurs.

 

Si les projets actuels et en cours, de tout type de mobilité, se doivent d’être poursuivis, développés et réalisés, il n’en demeure par moins que l’on pourrait saisir l’occasion, tel que l’on fait nos ancêtres, d’être, peut-être, un peu ambitieux et visionnaires pour la deuxième partie du siècle à venir. Ainsi il pourrait être intéressant de lancer une étude d’opportunité sur la faisabilité d’un tunnel de la vallée.

 

Le carrefour giratoire de Pré Nové, sis sur la commune d’Yvorne, posséde 3 branches reliant la route cantonale en provenance d’Aigle et des Ormonts à la route cantonale se poursuivant sur le haut lac et la Riviera ainsi qu’à la route cantonale menant au carrefour autoroutier d’Aigle. Il pourrait ainsi être potentiellement imaginable d’y adjoindre une 4ème branche menant « dans la montagne » pour relier ce réseau routier à celui des Ormonts selon un concept (1, 2, ou 3 tunnels) et une altitude de sortie (Afforêts, Vuargny ou Sepey)à définir. De manière absolue et à vol d’oiseau, ce carrefour est distant de 3km, respectivement de 5km et de 7km des solutions précitées. L’altitude évolue de 450m à 950m environ.

 

Différents arguments se posent au développement de cette idée. En effet, sur le plan sécuritaire, cette route rencontre régulièrement des chutes de pierres, même si là aussi les investissements consentis ont été nombreux. De nombreux accidents ont lieu chaque année sur le tronçon entre Aigle et le Sepey. De plus, sous l’angle des nuisances, tant du point de vue du bruit que de la pollution, notamment, de nombreux pics sont observés. Enfin, et cela n’étonnera personne, mais si le moyen de réguler le trafic en traversée de localité semblerait une évidence, ce constat est exacerbé lors des profitables week-ends touristiques.

 

Par le présent postulat, nous avons donc l’honneur se solliciter du Conseil d’Etat, le lancement d’une « pré-étude de faisabilité » sur ces propositions de tunnel(s) de la vallée.

Conclusion

Prise en considération immédiate

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Fabrice TannerUDC
Josephine Byrne GarelliPLR
Gérard MojonPLR
Marc MorandiPLR
Thierry SchneiterPLR
Laurence CretegnyPLR
Philippe GermainPLR
Jean-François CachinPLR
Cédric WeissertUDC
Céline BauxUDC
Michael WyssaPLR
Denis DumartherayUDC
Michael DemontUDC
Georges ZündPLR
Guy GaudardPLR
Chantal Weidmann YennyPLR
Marc-Olivier BuffatPLR
John DesmeulesPLR
Jean-Bernard ChevalleyUDC
Florence Bettschart-NarbelPLR
Jean-Rémy ChevalleyPLR
Nicolas SuterPLR
Aurélien ClercPLR
Pierre-André RomanensPLR
Stéphane JordanUDC
Bernard NicodPLR
Alain CornamusazUDC
Elodie Golaz GrilliPLR
Laurence BassinPLR
Mathieu BalsigerPLR
Jean-Louis RadiceV'L
Nicole RapinPLR
Pierre-François MottierPLR
Nicolas BolayUDC
Sergei AschwandenPLR
Cédric EchenardSOC
Jean-Luc BezençonPLR

Document

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Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Grégory Devaud (PLR) —

Je vais tenter de me justifier afin de défendre au mieux ce postulat. Il s’agit d’une réflexion, certes peut-être un peu saugrenue, mais qui n’en a jamais ? Je ne m’attendais pas à tant de réflexions, mais je tiens à apporter quelques éclairages. Tout d’abord, de nombreux investissements ont été consentis pour la route des Ormonts, entre Aigle et Le Seppey, qui dessert les magnifiques stations des Mosses, de Leysin et des Diablerets, notamment et c’est aussi un axe de transit en direction de l’Oberland bernois et du Pays d’Enhaut. En effet, depuis bientôt 17 ans que je siège dans cet hémicycle, j’ai compté plus de 300 millions déjà investis dans cette route, à juste titre, pour sa sécurisation et son entretien. Néanmoins, elle reste problématique et parfois non sécure, car nombreux sont les accidents sur ce tracé. Il y a donc lieu de réfléchir à d’autres solutions, des alternatives. Les projets de transports publics sont nombreux, il faut aussi le dire. Je pense aux projets sur l’Aigle-Seppey-Diablerets (ASD), mais aussi sur l’Aigle-Leysin, que ce soit à l’embranchement de la crémaillère à la sortie d’Aigle, ou pour sa prolongation sur la station de Leysin. A ce titre, j’indique quelques intérêts qui ne sont pas personnels : comme vous le savez, je suis syndic d’Aigle et à ce titre, je représente la commune au sein des Transports publics du Chablais (TPC). Ainsi, les projets de transports publics sont nombreux et il faut pouvoir les poursuivre, les développer et les réaliser dans l’horizon assez proche de cette décennie.

Si je parle de visions et d’ambitions, ce ne sont pas des ambitions personnelles, mais d’avoir un peu d’ambition et de nous référer à nos ancêtres visionnaires qui ont creusé des tunnels et amené des trains au sommet des montagnes. Toutes proportions gardées, il y a aussi lieu aujourd’hui d’exprimer ici des idées qui peuvent de prime abord paraître saugrenues, mais apportent certaines réflexions. J’aurais peut-être dû insister sur la réflexion et la planification, car c’est la raison pour laquelle je vous encourage à soutenir ce postulat de réflexion, afin d’intégrer hypothétiquement une solution dans une planification.

Il ne s’agit pas d’opposer les différents modes de transport, je le répète, car j’ai pu lire ici ou là qu’il s’agissait d’une promulgation du transport individuel motorisé, alors que ce n’est pas du tout le cas ! Tout le monde cherche à réduire – ou du moins à contenir – les éléments de transport individuel motorisé, mais il y a un état de fait : la population augmente. Certes, l’utilisation des transports individuels motorisés diminue ou du moins n’augmente pas autant que la démographie. Néanmoins, les chiffres restent conséquents et sont en constante croissance ces dernières années. Nous devons apporter des solutions pour tous les modes de transport !

Je donne un exemple très chablaisien : de l’autre côté du Rhône, sur Monthey et Collombey, on trouve le tunnel de la Vallée. Je ne sais si certains d’entre vous l’ont déjà emprunté pour se rentre à Val d’Illiez, à Troistorrents, à Champéry, à Morgins ou encore en France voisine ? Aujourd’hui, personne n’oserait remettre en questio, cet embranchement à la sortie de Collombey – le tunnel de la vallée – qui amène clairement une pacification dans la zone de Monthey et de Collombey, pour réguler le trafic et réduire les impacts des nuisances et de la pollution dans les cœurs de ces villes. C’est une opération plutôt réussie et qui fonctionne, qui est donc à prendre en considération. Lorsque l’on parle de tunnel de la vallée dans le Chablais, on sait de quoi l’on parle puisqu’il y a un exemple juste en face.

En conclusion, mon postulat demande ni plus ni moins qu’une préétude de faisabilité, ce n’est donc pas très ambitieux. Mon idée, c’est qu’au moment où nous tournerons la page sur ce que nous avons fait ces quelques années, nous aimerions que quelqu’un se soit une fois demandé si un tunnel de ce type – ou sous différentes formes à définir – aurait été une solution. C’est pourquoi j’ai proposé le renvoi immédiat – si je devais me justifier – car lors de travaux de commission, qui pourrait contester l’idée de saisir l’opportunité d’une préétude de faisabilité ; cela « ne mange pas de foin », pour employer un langage agricole qui m’est familier. Il n’y a pas d’engagement ni d’urgence puisque dans ma proposition, je mentionne la deuxième moitié du siècle. Je vous encourage donc, clairement, à soutenir cette proposition de postulat pour un petit rapport en vue d’une éventuelle étude de faisabilité. Nous aurions bien sûr l’occasion d’en débattre ensuite, si le projet est réaliste, réalisable, et finançable dans des années plus ou moins éloignées. Je vous remercie de bien vouloir renvoyer directement ce postulat au Conseil d’Etat.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. David Raedler (VER) —

Sur le fond, le postulat proposé par notre collègue Devaud questionne. En effet, les vendredis et dimanches soirs sont beaucoup trop chargés sur toutes les routes et lignes ferroviaires qui montent et descendent des montagnes. C’est bien, car cela montre le succès de nos montagnes, mais c’est moins bien puisque le système est au bord de l’implosion, et particulièrement le système routier. C’est pour cette raison que, sur le fond, il faut absolument donner la priorité aux transports publics, un constat mis en avant non seulement par les spécialistes en mobilité et par la population locale, mais également par les édiles de la région. Hier, en réponse à un article paru au sujet du postulat, les syndics d’Yvorne et de Leysin ont tous deux dit que l’urgence était surtout de développer massivement les transports publics, et non d’investir dans les développements routiers.

Quant à la forme, il ne faut pas oublier que le système, au Grand Conseil, consiste à déposer des objets – même en grand nombre – et que ces derniers sont évalués par des commissions. Le but des commissions est de faire le tri en tenant des discussions sur l’opportunité ou non de lancer des études sur un objet. Ici, nous avons la chance et même le grand honneur d’avoir une commission spécialisée en matière de transports, présidée par notre excellent collègue Favrod, qui a l’habitude de recevoir des idées saugrenues, comme celle que notre collègue Devaud a lui-même qualifiée ainsi. Nous avons l’habitude et apprécions de les examiner, c’est le but de notre commission. Ainsi, un postulat qui souhaite une préétude de faisabilité pour potentiellement examiner l’opportunité de réaliser un éventuel tunnel dans une certaine temporalité à déterminer est typiquement un objet qui ne présente aucune urgence et que l’on renvoie à une commission. Dès lors, j’ai l’honneur de demander le renvoi en commission.

M. Vincent Keller (EP) —

Dans son texte, M. le député Devaud cite les glorieux ancêtres qui ont eu l’audace de construire des voies de chemin de fer, notamment l’ASD qui a failli disparaître dans les années 90, l’Aigle-Leysin, l’Aigle-Ollon-Monthey-Champéry (AOMC) qui aurait dû terminer sa course à Morgins, et qui sont tous intégrés aujourd’hui dans les TPC, avec aussi l’ancien Bex-Villars-Bretaye. Il aurait pu citer aussi les non moins glorieux ancêtres des années 40 et 60 qui ont décidé de supprimer des lignes de chemin de fer qui auraient pu être très utiles aujourd’hui, comme l’ancien tramway de Monthey-CFF à Monthey-Ville, ou pourquoi pas l’embranchement d’origine qui menait au Grand Hotel des Bains d’Aigle détruit en 1947, et tout cela au nom de la toute puissante bagnole !

Certes, M. le député Devaud, local de l’étape, cite aussi la réfection très coûteuse – 300 millions ces dernières années a-t-il dit – des diverses routes qui mènent à Leysin et aux Ormonts. Il y a une grande différence entre l’époque du début du siècle dernier et aujourd’hui : en 1914, il a fallu 4 ans pour construire les 22,3 kilomètres qui séparent Aigles des Diablerets. Il existait certes un tourisme hivernal, mais pas seulement. Leysin était connu loin à la ronde et au-delà de nos frontières pour la qualité des soins contre la tuberculose. Le fameux Hôtel des Bains d’Aigle était connu pour des traitements d’hydroélectro thérapie par galvanofaradisation, pour lesquels les gens se déplaçaient en train. Et surtout, il y avait de la neige en hiver ! J’entends : de la vraie neige, celle qui tombe des nuages et pas celle qu’il faut produire en déplaçant des litres d’eau et griller des milliers de kWh pour augmenter encore le problème du réchauffement climatique. On était loin des transhumances automobiles de chaque week-end vers les verts pâturages ormanants et leysenouds agrémentés d’un étroit tapis de neige artificielle là où passe, parait-il, une piste de ski. On était loin des interminables bouchons sur l’autoroute du Valais entre Saint-Maurice et Villeneuve, tous les dimanches soir, avec leur cortège de petits malins qui coupent par les villages, y compris sur des routes de campagne, et engendrent une perte de qualité de vie colossale pour les habitants.

Il suffit de lire les propos des syndics d’Yvorne et de Leysin, dans la presse du jour : « Le trafic individuel motorisé, je n’y crois plus. » Voilà un politicien éclairé ! Mais que se passe-t-il dans les Alpes vaudoises, au-dessus du sympathique village d’Aigle ? Pourquoi n’est-on plus visionnaire ? Pourquoi n’a-t-on plus de visions en 2024 comme on en avait en 1914 ? Aujourd’hui, M. Devaud propose un tunnel – il nous « fait son Olivier Français. » Mais le tunnel de l’ancien municipal lausannois transporte des millions de personnes, chaque année. Pardon, M. le député Devaud ne propose pas un, mais deux voire trois tunnels, pour amener quelques dizaines de milliers d’amateurs d’herbe verte avec des chaussures de ski, des bâtons et des lunettes de soleil, avec leurs deux tonnes de ferraille à roulettes… Que faut-il faire pour faire entendre raison à toutes ces turbobagnoles ? Agrandir les tuyaux ne résout strictement rien ; il faut écouter les experts ou au moins lire leurs études. D’autres avant nous ont essayé, aux Etats-Unis, notamment avec des routes à deux fois 15 voies, mais pensez-vous qu’ils aient moins de bouchons ? Eh bien non ! Les bouchons se combattent avec des transports publics performants, efficaces, et si possible, gratuits. Investir ne serait-ce qu’un seul franc dans un projet tellement « années 1960 » est déjà un franc perdu de trop.

Finalement, sur la forme, le groupe Ensemble à Gauche et POP marque aujourd’hui un certain énervement vis-à-vis de la manie des demandes de prise en considération immédiate. Certes, on sait que le traitement parlementaire est long, mais pour un tel projet – que nous espérons voué à un classement vertical – il n’y a aucune urgence, car ce n’est pas demain la veille du jour où notre canton pourrait se permettre d’investir des milliards pour creuser des trous à bagnoles dans les montagnes vaudoises, ou même que les très peu progressistes Chambres fédérales accordent quelques milliards de subventions pour ce projet. Nous refuserons donc la prise en considération immédiate et comme M. Raedler, proposerons le renvoi en commission, et dans tous les cas le classement vertical du postulat tel qu’il est proposé aujourd’hui.

M. Grégory Devaud (PLR) —

J’attendais de voir si d’autres prises de parole aussi fructueuses s’annonçaient. Il faut savoir raison garder et même si M. Keller s’est quelque peu emporté dans ses propos, cela met de la gaieté dans nos débats. Par rapport aux propos de MM. Raedler et Keller, je tiens tout de même à préciser que nous parlons de 4,5 millions de véhicules par an, sur ce tronçon, ce qui n’est pas rien. Néanmoins, je me rallie volontiers à la proposition d’en discuter gaiement en commission.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La discussion est close.

Le postulant demande le renvoi en commission.

Le postulat, cosigné par au moins 20 membres, est renvoyé à l’examen d’une commission.

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