Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 13 décembre 2022, point 3.15 de l'ordre du jour

Texte déposé

Cette année, grâce à un financement privé, le Répit, accueil d’urgence saisonnier géré par la Fondation Mère Sofia, a pu ouvrir un mois plus tôt, le premier novembre, avec une capacité de 100 places. 25 jours plus tard, la Fondation cesse de gérer le site pendant plusieurs jours, ne disposant pas des moyens pour assurer la sécurité des personnes accueillies et des personnes qui y travaillent. La veille, ce n’était pas moins de 170 personnes qui se présentaient au Répit, montrant l’ampleur des besoins dans un contexte où COVID, crise énergétique et inflation entraînent une augmentation de la pauvreté et creusent encore plus l’écart entre la réalité de la rue et les réponses politiques.

 

La rapidité à laquelle la structure a atteint ses limites en dit long sur le manque de moyens octroyés, alors même que les acteurs terrain demandent depuis des années une augmentation des places à la hauteur des besoins, qu'ils relayent par ailleurs régulièrement auprès des autorités.

 

Quelles mesures le Conseil d'Etat entend-il prendre à court terme, compte tenu des événements et des constats de terrain alarmants de ces derniers jours?

Transcriptions

Mme Joëlle Minacci (EP) —

Question orale Joëlle Minacci au nom Ensemble à gauche & POP – L’exemple du Répit, un signe pour mettre un terme à la politique de la pénurie dans les hébergements d’urgence ? (22_HQU_143)

Cette année, grâce à un financement privé, le Répit, accueil d’urgence saisonnier géré par la Fondation Mère Sofia, a pu ouvrir un mois plus tôt, le 1er novembre, avec une capacité de 100 places. 25 jours plus tard, la Fondation cesse de gérer le site pendant plusieurs jours, ne disposant pas des moyens pour assurer la sécurité des personnes accueillies et des personnes qui y travaillent. La veille, ce n’était pas moins de 170 personnes qui se présentaient au Répit, montrant l’ampleur des besoins dans un contexte où COVID, crise énergétique et inflation entraînent une augmentation de la pauvreté et creusent encore plus l’écart entre la réalité de la rue et les réponses politiques.

La rapidité à laquelle la structure a atteint ses limites en dit long sur le manque de moyens octroyés, alors même que les acteurs terrain demandent depuis des années une augmentation des places à la hauteur des besoins, qu’ils relayent par ailleurs régulièrement auprès des autorités.

Quelles mesures le Conseil d’Etat entend-il prendre à court terme, compte tenu des événements et des constats de terrain alarmants de ces derniers jours ?

Mme Rebecca Ruiz (C-DSAS) — Conseiller-ère d’Etat

Le Conseil d’Etat souhaite en préambule rappeler que Le Répit est une structure entièrement financée par la ville de Lausanne. A la suite de la décision de fermeture de la prestation par la Fondation Mère Sofia, la ville a mis en place un dispositif exceptionnel permettant de garantir le maintien de la prestation. La situation de cette institution a d’ailleurs fait l’objet de discussions au Conseil communal de Lausanne, dans le cadre du débat budgétaire. Il s’en est suivi le vote d’un amendement pour « renforcer et développer les capacités d’accueil dans l’hébergement d’urgence à hauteur de 200'000 francs ».

Pour en revenir aux éléments de la question orale, le Conseil d’Etat rappelle qu’il a été récemment interpellé sur ce thème. La réponse à l’interpellation « Une couverture, un matelas pour tous » du député Guy Gaudard, adoptée par le gouvernement le 7 septembre dernier, présente bien les démarches entreprises ces dernières années et celles qui sont encore prévues. Je tiens également à souligner que le dispositif cantonal d’hébergement d’urgence a vu son financement largement augmenter entre 2020 et 2022, en rappelant qu’il s’agit d’un financement réparti entre le canton et les communes, à travers la participation à la cohésion sociale. Dans ce laps de temps, l’augmentation a été de 41 %, passant de 3,46 millions à 4,94 millions. La gratuité des hébergements d’urgence a aussi été actée en accord avec le Conseil de politique sociale.

Plus récemment, le Canton a continué de s’impliquer dans ce dossier en finançant, depuis juillet 2022, un projet pilote innovant qui s’intitule La Maison des Lionnes à Renens et qui comprend cinq places. Ce lieu répond aux besoins particuliers de femmes sans domicile fixe, en collaboration étroite avec la ville de Renens et Caritas-Vaud. Il en sera de même avec un nouveau projet destiné aux personnes en emploi et qui sont vulnérables et qui recourent actuellement aux hébergements d’urgence, en particulier des personnes âgées, des femmes et des enfants. Ce lieu est toujours situé à Renens mais il est, cette fois-ci, piloté par la ville de Lausanne. L’engagement du canton est donc important sur son dossier, malgré son rôle subsidiaire, avec des augmentations successives de l’offre et des financements ces dernières années.

S’agissant de l’offre future, en réponse à la question de Mme Podio, j’ai fait référence à l’étude de la Haute école de travail social de Fribourg. Cette étude permettra d’évaluer l’adéquation ou non entre l’offre et les besoins. Il s’agit d’une évaluation indispensable avant une étape ultérieure.

Mme Joëlle Minacci (EP) —

Nous avons effectivement entendu dire que des mesures supplémentaires allaient être prises à Lausanne. Toutefois, les lieux d’hébergement d’urgence ont déjà fait savoir que celles-ci ne répondaient pas aux besoins, l’écart étant trop important entre les places à disposition et le nombre de personnes qui se font refouler chaque soir de ces endroits. Ma question complémentaire est donc la suivante : est-ce que les systèmes de réservation de la ville de Lausanne recensant les personnes accueillies ou refusées dans les structures lausannoises, les interpellations des lieux de terrain sur le manque de moyens et les difficultés épisodiques telles que celles vécues par le Répit ne permettent pas déjà de poser des constats en termes de pénurie de places et de besoins supplémentaires ?

Mme Rebecca Ruiz (C-DSAS) — Conseiller-ère d’Etat

Je vous remercie pour cette question complémentaire qui reste la même depuis l’interpellation de Mme Lopez. Je ne vais pas vous redire à chaque fois la même chose. Dans ce dossier, le canton a un rôle subsidiaire, ce sont les communes qui sont d’abord au front. Sur la base d’interpellations et de demandes autour de projets particuliers, avec des demandes formulées pour des publics spécifiques, le canton, lorsque les besoins sont avérés, entre en matière. C’est ce que nous avons fait récemment avec la ville de Renens pour le projet de la Maison des Lionnes et c’est ce que nous allons faire avec le projet lausannois mais qui se situe sur le territoire de Renens.

En revanche, ce n’est pas le canton qui monte de lui-même ou finance des structures. Je vous l’ai dit en préambule, la question du Répit est purement lausannoise et a désormais été adressée à l’autorité compétente, à savoir la Municipalité de Lausanne. Le Conseil communal s’est positionné et a accordé un financement supplémentaire. Il faudra voir ce que la ville en fait. En outre, cette question pourrait également se poser aux autres communes du canton, à Nyon, Yverdon, Vevey où ce type de structures existe également.

De manière générale, le dispositif évolue et on doit avoir une vision qui soit aussi objective que possible. Avec les quelques éléments que j’ai rappelés auparavant en répondant à Mme Podio, nous pourrons effectuer cette évaluation afin de déterminer si l’on doit ou non désormais sortir du critère de la saisonnalité, l’un des points qui rencontre l’unanimité la plus importante auprès des différentes structures actives sur le terrain auprès de ces populations vulnérables.

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