Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 7 mars 2023, point 7 de l'ordre du jour

Texte déposé

De très nombreuses études prouvent que les enseignantes et enseignants sont toutes et tous sujets à divers biais cognitifs. Ces biais, souvent appelés « effet Pygmalion » ou « effet Golem », relèvent de ce que l’on pourrait appeler des prophéties autoréalisatrices. Rapidement expliqués, ces biais cognitifs désignent le fait qu’une personne en position d’autorité préjuge des capacités de réussite – ou d’échec - d’un individu et que ce dernier performe en conséquence mieux - ou moins bien - en fonction de ce préjugé.

 

Ces biais sont divers et peuvent jouer en faveur ou en défaveur des élèves, que ce soit pour des épreuves orales ou écrites. Cela peut toucher la question du genre, du pays d’origine pour une personne issue de la migration[1], de l’attitude en classe, voire même la beauté de l’élève[2].

Donnons un exemple récent : pour cause de Covid, ce ne sont que les épreuves écrites qui ont été mises en place pour l’Ecole Normale Supérieure en France, en 2020. Les examens oraux ont tous été supprimés et les effets ont été importants sur le taux moyen de femmes admises au concours est passé de 54 % à 67 %.[3]

Afin de lutter contre ces biais, différentes universités suisses ont décidé de mettre en place des épreuves anonymisées aux examens. Par exemple, dès 2023, à l’UNIGE, la correction et la notation de la plupart des examens écrits seront anonymes.

S’il est, par nature, impossible d’éviter cette problématique pour ce qui est des épreuves orales, je soumets au Conseil d’Etat les questions suivantes au sujet des épreuves écrites.

 

  • Le Conseil d’Etat a-t-il conscience de ces biais cognitifs et des effets de ceux-ci sur l’équité dans l’évaluation des élèves ?
  • Le Conseil d’Etat prend-il des mesures de formation ou d’information afin d’éviter ces biais cognitifs dans le cadre de l’enseignement ?
  • Le Conseil d’Etat songe-t-il à encourager les enseignantes et enseignants à mettre en place des épreuves écrites anonymisées dans l’école obligatoire et post-obligatoire ?
  • Le Conseil d’Etat songe-t-il à mettre en place des épreuves écrites anonymes pour tous les examens dans l’école obligatoire et post-obligatoire ?

 

[1]https://www.education.gouv.fr/sites/default/files/imported_files/document/depp-2019-EF100-article-04_1221890.pdf

[2] https://revue-interrogations.org/Beaute-jugements-et-reussite,309

[3] https://start.lesechos.fr/apprendre/universites-ecoles/en-labsence-doral-forte-hausse-du-taux-de-femmes-admises-au-concours-de-lens-que-peut-on-en-conclure-1237144#xtor=CS3-75

Conclusion

Souhaite développer

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Denis DumartherayUDC
Romain PilloudSOC
Jacques-André HauryV'L
David RaedlerVER
Céline BauxUDC
Aliette Rey-MarionUDC
Cloé PointetV'L
Sylvie PodioVER
Céline MisiegoEP
Maurice TrebouxUDC
Aurélien DemaurexV'L
Yannick MauryVER
Martine GerberVER
Oscar CherbuinV'L
Didier LohriVER
Alice GenoudVER
Alexandre DémétriadèsSOC
Julien EggenbergerSOC
Graziella SchallerV'L
Pierre ZwahlenVER
Blaise VionnetV'L
Denis CorbozSOC
Laurent MiévilleV'L
Jean-Louis RadiceV'L
Théophile SchenkerVER
Pierre WahlenVER
Yolanda Müller ChablozVER
Michael WyssaPLR
Nathalie JaccardVER
Nathalie VezVER
Jerome De BenedictisV'L

Document

23_INT_27-Texte déposé

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. David Vogel (V'L) —

En préambule, je précise que je suis professionnellement concerné par la proposition que je vous fais, étant entendu que j’enseigne au Gymnase. Mon interpellation a pour but de faire diminuer ce qu’on appelle les biais cognitifs ; en résumé, il s’agit du fait que l’élève va, en partie, avoir le résultat que l’enseignante ou l’enseignant pense qu’il va avoir, ce qui peut être positif ou négatif pour l’élève. Les questions se jouent sur plusieurs aspects : la question du genre, le pays d’origine, le niveau socioculturel, l’attitude en classe, etc.

Cette problématique a été maintes fois prouvée par diverses études et l’objet n’est donc pas d’en discuter la véracité, mais d’en faire diminuer les effets. J’admets pourtant que tant que nous aurons des enseignants humains face à des élèves humains, il y a aura toujours des biais et que nous vivons dans un monde imparfait. L’idée est malgré tout de faire prendre conscience de ce problème au département comme aux enseignantes et enseignants du canton.

Pour terminer, je précise qu’à titre personnel, je procède à l’anonymisation des copies, lors des tests, ce qui est relativement simple à mettre en place et enlève certains présupposés. L’un des présupposés des élèves est que l’on met de bonnes notes aux élèves que l’on aime bien et de moins bonnes notes aux élèves que l’on apprécie moins, ce qui n’est bien évidemment pas le cas ! Si c’était le cas, tous mes élèves auraient 6. Je me réjouis d’entendre la position du département à ce sujet, et j’espère que cela débouchera sur des mesures concrètes.

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

L’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.

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