Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 5 avril 2022, point 12 de l'ordre du jour

Texte déposé

La situation actuelle liée à la pandémie de coronavirus a encore souligné les risques et problèmes qui découlent de la désinformation. Une thématique qui a reçu une lumière toute particulière dans le contexte international avec la référence malheureusement devenue célèbre aux « Infox » (ou « Fake News ») par le président américain non-réélu – et son apogée récente dans les heurts rencontrés dans sa non-réélection. Mais une thématique qui n’est de loin pas nouvelle et qui se voit renforcée par la place toujours plus marquée des réseaux et médias sociaux en tant que sources d’information. D’une part, ceux-ci permettent de porter et donner un écho très marqué à des informations fausses ou trompeuses, qui « tournent » ensuite auprès d’un large public et sont renforcées par l’existence de « bulles de filtres » (filter bubble). D’autre part aussi par le fait que de plus en plus de personnes, notamment auprès des jeunes générations, ne consultent essentiellement les informations qu’au-travers des réseaux et médias sociaux[1]. 

 

Concernant chacune et chacun d’entre nous, quel que soit son âge ou sa formation, cette problématique peut trouver plusieurs réponses, intégrant éducation, soutien à la presse[2] et campagnes de sensibilisation[3]. Le premier sujet s’avère particulièrement clé dans la mesure où l’éducation peut permettre de s’habituer à identifier les articles ou images de désinformation, dans le but d’en affaiblir la portée. A ce sujet, un article de cette année du journal britannique The Guardian révélait les efforts importants qui avaient été faits par la Finlande en la matière[4], qui s’est placée à l’avant-garde des mesures éducatives en matière de désinformation[5]. Ceci en agissant notamment sur les aspects suivants :

-        une formation spécifique donnée aux enseignant.es, bibliothécaires et autres personnes travaillant avec des jeunes concernant la désinformation ;

-        des cours donnés aux étudiant.es sur les façons de débusquer les désinformations (y compris faux profils) et les sources de vérification disponibles, de même que sur la différence entre désinformation et information caricaturale ;

-        des enseignements ciblant les médias sociaux en particulier ;

-        une approche transversale de la désinformation, intégrée à toutes les matières, par exemple en apprenant en mathématiques comment il peut être abusé des statistiques, en cours d’art comment débusquer des montages photo, ou encore en histoire le rôle joué par les campagne de propagandes.

 

Les signaux apparaissant toujours plus alarmant, il est essentiel de prendre la situation sérieusement et d’assurer l’intégration de cette thématique dans l’éducation. Le Conseil d’Etat a déjà pris de bonnes et fortes mesures concernant la modernisation de son système éducatif, tant dans le cadre de la stratégie numérique que dans les jalons posés pour l’éducation numérique. Toutefois, un volet spécifique sur la désinformation est nécessaire et impératif dans le contexte actuel.

 

En conséquence, le présent postulat demande au Conseil d’Etat d’étudier la pertinence et la possibilité de mettre en place, respectivement d’intégrer au cursus scolaire actuel, des enseignements en matière de désinformation et de réseaux sociaux, ainsi que des formations spécifiques aux enseignant.es, bibliothécaires et autres personnes travaillant dans le domaine de la formation des jeunes, dans un but d’éducation transversale sur la désinformation.

 

[1] La question de la violence et du harcèlement dans le cadre des réseaux sociaux est notamment abordée dans le cadre de la réponse du Conseil d’Etat du 30 octobre 2019 au Postulat Jean Tschopp et consorts – Eduquer les élèves à l’usage des réseaux sociaux (RAP_673364).

[2]Voir à ce sujet notamment la réponse du Conseil d’Etat de décembre 2019 au postulat Valérie Induni et consorts – Pour un vrai soutien à la presse et aux médias (17_POS_238), p. 24.

[3] Voir la réponse au Postulat Jean Tschopp et consorts – Eduquer les élèves à l’usage des réseaux sociaux (RAP_673364), ainsi que les développements présentés dans la Motion Yann Glayre et consorts - Apporter une réponse urgente aux problématiques en matière de smartphones, applications et réseaux sociaux, dans le cadre de l'école vaudoise (19_MOT_091).

[4]https://www.theguardian.com/world/2020/jan/28/fact-from-fiction-finlands-new-lessons-in-combating-fake-news.

[5]La Finlande est première de l’index Media Literacy qui calcule la résistance à la désinformation et la connaissance des médias au sein de la population.

Conclusion

Renvoi à une commission sans 20 signatures

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Alice GenoudVER
Taraneh AminianEP
Serge MellyLIBRE
Pierre ZwahlenVER
Sylvie PodioVER
Hadrien BuclinEP
Yann GlayreUDC
Maurice Mischler
Didier LohriVER
Céline MisiegoEP
Felix StürnerVER
Pierre FonjallazVER
Léonard Studer

Documents

RC - 21_POS_1

21_POS_1-Texte déposé

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Marion Wahlen (PLR) — Rapporteur-trice

Le présent postulat porte sur le thème des informations et plus particulièrement sur les fake news. Le postulant s’interroge sur la gestion des fausses informations et sur les clés à trouver pour les identifier. Le programme actuel propose une éducation numérique, mais le texte vise à savoir comment appréhender la thématique des fake news et comment assurer, dans l’éducation des jeunes, un caractère transversal au sein de l’école.

La conseillère d’Etat souligne que le caractère transversal voulu par le postulant est en adéquation avec la pratique du terrain. Le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture est en train de préparer l’introduction de la science informatique à l’école de maturité, en 2022, avec une place réservée à ces sujets et l’installation d’un nouveau moyen d’enseignement. En outre, bien qu’ayant pris du retard sur ces questions, l’école vaudoise s’attelle à combler ces lacunes à tous les niveaux de formation, en planifiant des cours dédiés aux problématiques des fake news. A la lumière de ces informations et des engagements déjà pris, le postulant s’engage à retirer son postulat.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. David Raedler (VER) —

La thématique des fake news est évidemment une actualité marquée depuis plusieurs années, mais particulièrement aujourd’hui dans le contexte géopolitique actuel. L’importance d’assurer l’information et surtout une éducation à tous les échelons par rapport à ces fake news est d’autant plus urgente. Le postulat visait justement à assurer la transversalité, afin que l’éducation par rapport aux fake news se retrouve partout, à tous les échelons et dans toutes les matières. Les explications données par Mme la conseillère d’Etat sont rassurantes sur ce point. Elles montrent deux choses que je vais relever. Premièrement, du fait du retard pris, il y avait un risque par rapport à la question des fake news, mais le retard est maintenant en passe d’être comblé, notamment par la réactualisation du Plan d’études romand (PER) sur l’éducation numérique, qui traite notamment de la thématique des fake news en lien avec les médias. Deuxièmement, je salue les efforts mis en place par le canton de Vaud sur ce sujet et notamment sur la thématique de la collaboration avec les hautes écoles. Nous avons naturellement la chance d’avoir ici l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ainsi que l’Université de Lausanne (UNIL) et, d’après les informations données par Mme la conseillère d’Etat, une collaboration est mise en œuvre avec la Haute école pédagogique (HEP). Fort de ces explications, je remercie le Conseil d’Etat de ses efforts et l’invite à les continuer de manière marquée. Je confirme le retrait du postulat.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Président-e

La discussion est close.

Le postulat est retiré.

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