Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 4 octobre 2022, point 8 de l'ordre du jour

Texte déposé

Les éleveurs se doivent impérativement de prendre des dispositions importantes pour protéger leurs troupeaux, alors que les autorités se doivent de prendre des décisions pour maintenir absolument le loup loin des activités de l’homme.

 

La croissance des populations de loups en Suisse pose de plus en plus de problèmes, ceux-ci prennent d’ailleurs une nouvelle ampleur. Rien que ces derniers jours, les loups s’en sont pris à un troupeau à Villedieu-lès-Mouthe, tuant une génisse et en blessant cinq autres. Et il ne fait guère de doute que toutes ces attaques sont le fait des loups « combiers », vraisemblablement ceux appartenant à la meute du Risoud, qui cambent volontiers la frontière franco-suisse.

 

Le dossier se doit de progresser, le loup va au plus facile en agressant des animaux de rente, plutôt que de chasser le gibier en forêt. Les défenseurs ont préconisé l’usage de chiens de protection (Patous), sans tenir compte du prix d’achat élevé de ces molosses, ni du fait qu’il faut plusieurs années avant qu’ils soient opérationnels. Laisser les cornes aux vaches pour leur défense est irréaliste et ne résout pas les attaques sur les ovins.

 

On vient d’apprendre que la meute du Marchairuz étend ses exactions en France voisine. Cette année, les attaques perpétrées par les loups sur les animaux de rente à l’alpage prennent une nouvelle ampleur.

 

L’Union suisse des paysans (USP) espère que les demandes de tir seront approuvées rapidement et sans tracasserie administrative. De plus, il préconise de mettre en place de nouvelles solutions pour enrayer la croissance des populations de loups. L’inaction constituerait une menace pour l’économie alpestre. Il existe des mesures de protection, mais elles sont d’une part coûteuses et d’autre part souvent inefficaces.

 

En effet, des troupeaux protégés se sont aussi vus attaqués. Qui plus est, le recours aux chiens de protection et le comportement plus craintif des vaches allaitantes en présence de loups constituent de nouveaux dangers pour les randonneurs. L’Union suisse des paysans (USP) attend du Parlement et de la Confédération qu’ils élaborent sans délai de nouvelles dispositions légales pour réguler les populations de loups de manière ciblée et soutenir les éleveurs concernés. En attendant, les demandes de tir doivent être approuvées sans tracasserie administrative et selon la loi en vigueur.

 

Pour donner suite à la votation sur la révision de la loi sur la chasse, le loup est devenu un animal surprotégé dont la régulation est liée à des critères stricts. Le côté émotionnel prend le dessus, emporté, par une majorité de citadins, trop souvent informés par des réseaux sociaux plus ou moins fiables et des scientifiques de bibliothèque.

 

Il faut savoir qu’une louve alpha, peut mettre au monde l’équivalent d’une meute tous les trois ans et cette multiplication est exponentielle. Vu les ravages de ces prédateurs dans nos alpages la situation devient intenable pour nos éleveurs. Les défenseurs de ce carnivore prétendaient qu’il ne s’attaque ni aux ânes ni aux bovins, ce qui s’est révélé faux.

 

D’aucuns s’insurgent contre la régulation du loup qui blesse et tue sauvagement, mais ne soufflent mot contre la chasse au sanglier qui cause de très considérables dégâts à l’agriculture. Du reste il est tout autant nuisible.

 

En outre, un fait m'a interpellé ; Fin juillet 2022, un loup a tué 2 ovins à Forel-Lavaux. La nouvelle n'a été diffusée par 24 Heures que le 13 septembre, soit un mois et demi après les faits. De toute évidence, un tel délai est inacceptable. Si un ou des loups rôdent dans une région, le voisinage doit immédiatement en être informé afin de pouvoir prendre les mesures de protection nécessaires, même si les analyses ADN ne sont pas encore effectuées. Une telle inertie ne peut être admise de la part des Autorités.

 

De même, il est invraisemblable qu'un éleveur ne soit pas en droit d'abattre un loup qu'il surprendrait en train d'attaquer son bétail, pour préserver la vie de ses animaux de rente.

Il est urgent que certains citoyens appréhendent les conséquences néfastes de leur vote et qu’ils admettent objectivement qu’un changement de politique est indispensable.En 2014, suite à une intervention parlementaire le Conseil d’État faisant mention à sa volonté́ de tenir compte des intérêts des différents acteurs qui sont confrontés au retour du loup dans notre environnement. La Confédération pense elle aussi à apporter des modifications dans la gestion des grands prédateurs dans notre pays.

 

Corollairement, ne souhaitant pas uniquement se focaliser sur des faits divers survenus il y a peu et qui surviendront certainement encore, le soussigné pose les questions suivantes :

 

 

1. Quelles mesures souhaite prendre le Conseil d’État pour anticiper la présence durable de ce prédateur sur le territoire cantonal afin de protéger le fruit du travail des éleveurs et éloigner le loup des zones d’activités de l’homme ?

 

2. Quelles mesures souhaite prendre le Conseil d’État pour lutter efficacement contre la prédation ?

 

3. Quelles mesures souhaite prendre le Conseil d’État pour informerplus rapidement le public de la présence d’un ou plusieurs loups dans une région ? La création d'un système d'alerte en chaîne pourrait être mise sur pied.

 

4. Quelles mesures souhaite prendre le Conseil d’État pour indemniser les éleveurs concernés pour l’ensemble des coûts supplémentaires qu’ils subissent.

 

5. Quels sont les risques légaux encourus par un éleveur qui abattrait un loup, surpris en train d'attaquer son bétail ?

 

 

Nicola Di Giulio

Député UDC                                                                         

Conclusion

Souhaite développer

Document

22_INT_129-Texte déposé

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Nicola Di Giulio (UDC) —

Les éleveurs se doivent impérativement de prendre des dispositions importantes pour protéger leur troupeau, alors que les autorités se doivent de prendre des décisions pour maintenir le loup loin des activités de l’homme. Pourquoi dès lors la protection des loups fait-elle débat ? La protection des loups dans le monde divise les autorités et les agences de protection de la faune. Jusqu’à récemment, peu d’entre nous pouvaient se vanter d’avoir vu un loup à l’état sauvage. Grâce au succès du programme de préservation du parc national de Yellowstone aux Etats-Unis, de plus en plus de gens ont la chance de pouvoir apprécier l’évolution de cet animal iconique. Pour beaucoup d’éleveurs, les loups sont vus comme de la vermine à éradiquer. Pour les chasseurs et les trappeurs, ils constituent la promesse d’une montée d’adrénaline.

Mesdames et Messieurs, je suis né dans une famille de chasseurs. Durant mon enfance, j’ai été élevé dans le camp ennemi, soit dans le sud de l’Italie, dans les Abruzzes, par des gestionnaires de la faune, comme ils aiment le dire. Beaucoup de chasseurs, mes oncles les premiers, évitaient de tuer des loups. Ils préféraient chasser de manière durable et éthique et surtout pas pour le plaisir. Tout cela m’a donné un sens de l’authenticité dans mon rapport à la faune sauvage et aux espèces menacées. Pourquoi pensez-vous que le débat est si polarisé ? Il s’agit d’une ligne de faille entre les cultures. Or, comme nous le savons dans les études sur les tremblements de terre, les lignes de faille sont très volatiles et actives. De part et d’autre, vous avez des gens qui ont un sentiment profond de légitimité dans la cause qu’ils défendent. D’un côté les chasseurs et, de l’autre, les éleveurs qui dominent le débat. Plus près de chez nous, des voix du public se sont récemment élevées. Il s’agit souvent de voix urbaines qui traduisent une passion environnementale.

Nous avons fait de grands progrès avec la réintroduction du loup. Toutefois, les récents événements politiques marquent une régression réelle. C’est une période très violente pour toute la faune, en particulier pour les loups. Saviez-vous que les scientifiques qualifient le hurlement des loups comme un lien social ? C’est un peu comme le chant d’un groupe de campeurs autour d’un feu. Cela participe à l’interaction sociale, à l’intimité et à la loyauté qui se construisent dans une meute. Pour avoir entendu de nombreux loups hurler dans la nature, je les associe à des chants. Les scientifiques ont même établi que les loups possédaient 21 dialectes. Non, ne riez pas, il s’agit d’une étude très sérieuse. En étudiant les sonogrammes et les ondes de hurlement, ils ont découvert qu’à la manière des baleines et des oiseaux, les loups contrôlaient leur chant bien souvent avec des variations locales ou culturelles et ceci constitue une grande découverte. A quel point le bétail est-il mis en danger par les loups chaque année ? La Confédération pense également à apporter des modifications dans la gestion des grands prédateurs dans notre pays, raison pour laquelle je me propose d’interpeller le Conseil d’Etat, et ce, au travers de plusieurs questions. Je le remercie d’avance pour ses réponses éclairées.

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

L’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.

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