Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 9 mars 2021, point 3.8 de l'ordre du jour

Texte déposé

Les producteurs de lait ainsi que les consommateurs vaudois sont inquiets de constater qu'en février déjà, la confédération autorise l'importation de beurre étranger en Suisse. Une telle politique est nuisible aux producteurs vaudois, à l'économie locale, à la protection de l'environnement et aux attentes des consommateurs. 

Quelle appréciation le conseil d'Etat fait-il de cette situation, notamment sous l'angle de la protection de l'agriculture vaudoise, de l'environnement et des consommateurs?

Transcriptions

M. Sylvain Freymond (UDC) —

Beurre 100% Suisse = L’essentiel est invisible pour les Yeux ! (21_HQU_44)

La Confédération a autorisé l’importation de 1500 tonnes de beurre en février dernier, ce qui est très inquiétant pour les producteurs de lait suisses. Je tiens à préciser que je suis producteur de lait et que le prix effectif payé aux producteurs depuis le début de l’année se monte péniblement à 55 centimes le litre. Si les stocks de beurre sont historiquement bas, cela n’a eu que très peu d’effet sur le prix du lait et actuellement cela ne couvre plus les frais de production. D’après moi, une telle politique est nuisible à tous les acteurs : du producteur au consommateur, tout le monde est perdant.

Je pose donc la question suivante au Conseil d’Etat : quelle appréciation le Conseil d’Etat fait-il de cette situation, notamment sous l’angle de la protection de l’agriculture vaudoise, de l’environnement et des consommateurs vaudois ?

M. Philippe Leuba — Conseiller-ère d'État

Monsieur le député, votre préoccupation est partagée par le Conseil d’Etat. En 2021, la demande de beurre dans le commerce de détail suisse reste forte. La création de valeur ajoutée étant plus importante dans la production de fromage que dans celle de beurre et de produits à base de lait écrémé, il faut s’attendre à ce qu’une grande partie de la production continue à être utilisée pour produire du fromage. Ceci permet une meilleure rémunération des différents maillons de la chaîne de production, y compris de l’agriculteur. C’est économiquement favorable pour les producteurs de lait d’exporter du fromage à haute valeur ajoutée et d’importer du beurre. Dès lors, l’offre intérieure de beurre sera probablement insuffisante pour répondre à la demande pendant l’année en cours. Il convient de rappeler que ce manque de beurre est la conséquence de la fermeture des frontières pendant le semi-confinement, et de l’augmentation de la consommation de beurre dans les ménages, pour la cuisine notamment.

Considérant que la production laitière n’augmentera vraisemblablement pas — malgré les politiques publiques et malgré le « paquet lait » que ce Parlement a plébiscité et qui vise, sur le plan cantonal, à développer et à mieux rentabiliser l’économie laitière — que le niveau des ventes est bon et que les modifications apportées aux fonds de l’interprofession du lait (IP Lait) n’ont pas encore pleinement déployé leurs effets, l’IP Lait, qui est une institution privée, a décidé de demander un contingent d’importation de 1500 tonnes correspondant aux besoins du marché suisse sur près de deux semaines en début d’année déjà, ce qui a été accepté par l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG). La consommation annuelle de beurre en Suisse se monte à environ 40’000 tonnes. Cette importation représente donc moins de 4 % de la consommation suisse de beurre.

Les Producteurs suisses de Lait (PSL) ont approuvé cette décision, mais uniquement sous deux conditions :

a.       Le prix indicatif A du litre de lait de centrale augmente de 2 centimes dès le 1er janvier 2021.

b.       Le beurre importé ne doit pas être écoulé sous les marques « Le Beurre » et « Floralp ».

Malgré une volonté affirmée de valoriser les produits locaux, dans un contexte de marché libre, sans possibilité d’intervention cantonale, tout cela étant régi par le droit fédéral, depuis la suppression du contingentement laitier et l’abolition du prix cible du lait, le canton de Vaud ne peut que saluer le fait que les producteurs et productrices de lait aient pu imposer ces conditions, tout en constatant que le marché de la filière laitière souffre manifestement d’un certain nombre de dysfonctionnements auxquels il serait judicieux de s’atteler sur le plan fédéral.

M. Sylvain Freymond (UDC) —

Je remercie M. le Conseil d’Etat pour sa réponse. Je sais que le canton de Vaud a déjà fait de nombreuses choses, notamment avec le « paquet lait », mais lorsqu’on parle de 2 centimes d’augmentation par litre, c’est une toute petite victoire. C’est trois fois rien, étant donné que les coûts de production sont toujours plus élevés.

Ma question complémentaire à la suivante : est-ce que le Conseil d’Etat pourrait soutenir le dépôt d’une initiative cantonale qui serait transmise au Conseil national et qui irait dans le sens d’un meilleur soutien de la production de beurre et des producteurs laitiers ?

M. Philippe Leuba — Conseiller-ère d'État

Le Conseil d’Etat ne peut évidemment se déterminer que sur un texte rédigé, sur une intention coulée dans un texte juridique, mais pas « a priori ». Néanmoins, je le répète : je pense qu’une réforme du système doit être effectuée sur le plan fédéral, mais que celle-ci exige la collaboration de l’ensemble des acteurs dans une chaîne de valorisation qui souffre peut-être d’un éclatement, avec des intérêts parfois trop divergents. La question de la forme que doit prendre la solution de ce problème reste entière, mais le Conseil d’Etat ne peut pas se déterminer tant qu’il n’est pas saisi d’un texte spécifique.

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