Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 14 septembre 2021, point 3.8 de l'ordre du jour

Texte déposé

Depuis quelques années, on peut constater une prolifération des cyanobactéries (bactéries favorisées par l'eutrophisation des eaux et appelées aussi algues bleues) dans nos lacs. On se souvient notamment l'année passée d'une portion du lac de Neuchâtel qui avait été interdite à la baignade en raison de la mort d'un chien causée par ces bactéries. Cette prolifération inquiète à juste titre les riverains, les autorités et les usagers. Il y a eu un incident cet été à Yvonand entre un baigneur à et un bateau à moteur qui tournait longtemps à l'arrêt au prétexte que cela diminuait la charge en cyanobactéries. Une étude québécoise semble notamment indiquer que l’utilisation de bateaux à moteur pourrait constituer un facteur aggravant. Nous posons ainsi la question suivante au Conseil d'Etat :  Faut-t-il s'inquiéter de la situation des cyanobactéries au vu du suivi effectué par le canton dans nos lacs?

 

Transcriptions

M. Olivier Epars —

Question orale Olivier Epars au nom Vertes-s - Quid des cyanobactéries dans nos bleus lacs ? (21_HQU_82)

Les cyanobactéries sont aussi appelées algues vertes ou algues bleues et sont bien connues sur les côtes bretonnes. Chez nous, il y a une certaine prolifération qui est constatée depuis quelques années. L’an dernier, il y avait eu un cas sur le lac de Neuchâtel ; la baignade avait été interdite parce qu’on avait constaté la mort d'un chien causée par ces bactéries. Cette problématique commence à inquiéter certaines personnes — usagers et riverains. Une étude québécoise semble notamment indiquer que l’utilisation de bateaux à moteur pourrait constituer un facteur aggravant, mais la cause principale est l’eutrophisation des eaux, soit la trop grande richesse en azote. Je pose donc la question suivante au Conseil d'Etat : faut-il s'inquiéter de la situation des cyanobactéries dans nos lacs au vu du suivi effectué par le canton ?

Mme Béatrice Métraux — Conseiller-ère d’Etat

Il paraît tout d’abord utile de distinguer les cyanobactéries des autres organismes présents dans les lacs. Les plantes aquatiques, ou macrophytes, appelées parfois à tort « algues », sont des plantes à fleurs, tout comme les plantes terrestres. Elles sont bénéfiques pour le milieu, car elles produisent de l’oxygène et servent de nourriture et de refuge à la faune aquatique. Contrairement aux macrophytes, les vraies « algues » sont dépourvues de tige, de racine, de feuille ou de fleur. Les plus petites, de taille microscopique, sont abondantes et invisibles à l’œil nu, sauf quand elles prolifèrent. Elles peuvent former des amas ou des filaments en surface, totalement inoffensifs pour la santé, mais qui provoquent des nuisances olfactives et constituent une gêne pour la pêche professionnelle en colmatant les filets.

Les cyanobactéries quant à elles – anciennement appelées algues bleues – sont en réalité des bactéries coloniales. Elles sont présentes naturellement dans les lacs et il en existe plus de 200 types. Elles sont importantes pour le milieu, car tout comme les macrophytes et les algues, elles pratiquent la photosynthèse pour croître et servent de nourriture à d’autres organismes. Elles forment souvent des traînées de teinte rouge ou de bleu vert à la surface de l’eau, ou des dépôts gluants. Les cyanobactéries ont un développement très variable suivant les milieux et en fonction des saisons. Des perturbations mécaniques des eaux peu profondes des lacs provoquées par des bateaux ou des baigneurs peuvent contribuer à les faire remonter en surface lorsqu’elles sont déjà présentes et bien développées. En revanche, ces perturbations ne sont pas à l’origine de leur développement ni de leur prolifération, qui restent liés aux changements climatiques, par élévation de la température estivale et l’apport de nutriments, le phosphore en particulier. Ces proliférations sont une préoccupation récurrente, car il arrive parfois que certaines se développent plus massivement à un endroit et libèrent des toxines qui peuvent provoquer des dégâts à la peau, au système nerveux ou au foie, si de grandes quantités d’eau sont avalées.

Ainsi, la plupart du temps, la présence des cyanobactéries dans l’environnement ne pose pas de problème, car les concentrations en toxines qu’elles induisent sont en général si faibles qu’il n’y a aucun risque pour les êtres humains et les animaux. En cas d’épisode de chaleur, dans les eaux stagnantes ou en présence de dépôts à la surface de l’eau, il est fortement recommandé de ne pas laisser les animaux se baigner ou s’abreuver. Pour les animaux domestiques, les cyanobactéries peuvent être dangereuses et peuvent conduire au décès de l’animal qui en aurait ingéré. Dans les périodes critiques, il est conseillé de se baigner uniquement dans les zones prévues à cet effet et de respecter les interdictions de baignade. Il est également conseillé de ne pas laisser les enfants boire l’eau du lac et de vérifier qu’ils ne portent pas à leur bouche des galets de plage ou des amas flottant à la surface.

Concernant les inquiétudes du député, il convient de rappeler la procédure en matière de suivi effectuée par le canton : en cas de problème sanitaire, les décisions d’interdire l’accès aux plages et la baignade sont du ressort de l’Office de la consommation (OFCO) après avoir effectué des analyses de l’eau en laboratoire. En dehors de ces cas de figure, ce sont les communes qui sont compétentes pour les décisions de restriction d’utilisation. L’aide à la décision se base sur les constats et les identifications effectués par les hydrobiologistes de la Direction générale de l’environnement (DGE), qui font eux-mêmes parfois appel à des spécialistes, pour l’identification en cas de doute. Ainsi, en cas de problèmes sanitaires, les mesures sont prises par les autorités concernées.

M. Olivier Epars —

On déduit donc qu’actuellement, il peut y avoir des problèmes uniquement ponctuels dus au réchauffement des eaux, mais pas une surcharge en phosphore.

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