Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 13 septembre 2022, point 9.13 de l'ordre du jour

Texte déposé

Le supplément magazine de la Feuille des avis officiels de juin dernier publie des propos sidérants de l’architecte cantonal, pour justifier les constructions très minérales du pôle muséal de Plateforme 10. On y lit en effet : « Soit on construit en massif et on chauffe peu ; soit on construit en verre, métal ou bois, et il faut alors massivement chauffer pour maintenir les températures moyennes. (…) S’il (le nouveau musée) avait été construit en bois ou en verre, on aurait moins produit de CO2; en revanche, pour le chauffer, le tempérer et le rendre climatiquement équilibré, le bilan énergétique serait passé, non pas du simple au double mais quasiment au quadruple. »

 

La direction de l’énergie (DIREN) confirme-t-elle ces curieuses considérations d’un responsable de l’Etat appelé à présider plusieurs jurys, qui sélectionnent des projets architecturaux à l’heure de la transition énergétique ?

Transcriptions

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

Département de l’économie, de l’innovation, de l’emploi et du patrimoine

M. Pierre Zwahlen (VER) —

Question orale Pierre Zwahlen - Le béton massif quatre fois plus isolant que le bois ou le verre ?? (22_HQU_87)

Le supplément magazine de la Feuille des avis officiels (FAO) de juin dernier publie des propos sidérants de l’architecte cantonal, pour justifier les constructions très minérales du pôle muséal de Plateforme 10. On y lit en effet : « Soit on construit en massif et on chauffe peu ; soit on construit en verre, métal ou bois, et il faut alors massivement chauffer pour maintenir les températures moyennes. (…) S’il (le nouveau musée) avait été construit en bois ou en verre, on aurait moins produit de CO2 ; en revanche, pour le chauffer, le tempérer et le rendre climatiquement équilibré, le bilan énergétique serait passé, non pas du simple au double, mais quasiment au quadruple. »

La direction de l’énergie (DIREN) confirme-t-elle ces curieuses considérationsd’un responsable de l’Etat appelé à présider plusieurs jurys qui sélectionnent des projets architecturaux à l’heure de la transition énergétique ?

Mme Isabelle Moret (CE22-27) — Conseiller-ère d’Etat

Dès lors que les propos cités ont été tenus par un collaborateur de la Direction Générale des Immeubles et du Patrimoine (DGIP) dans une interview publiée dans la FAO du 10 juin dernier, le Département en charge des constructions de l’Etat répond lui-même à la question posée par M. le député Pierre Zwahlen. Les propos repris dans la FAO se réfèrent à l’efficacité énergétique globale d’une construction. C’est ainsi que l’énergie nécessaire à la fabrication des matériaux entre en considération et qu’elle est toute aussi importante que la consommation énergétique annuelle de la construction sur le cycle de vie total du bâtiment. En aucun cas ces propos n’ont été prononcés dans un but d’opposer le béton, le verre, le bois ou d’autres matériaux durables. Ces différents matériaux possèdent chacun des caractéristiques techniques isolantes avec leurs qualités et leurs défauts respectifs. Dès lors, l’utilisation rationnelle et adéquate des matériaux de construction est une priorité dans le cadre des constructions de l’Etat. La politique du Conseil d’Etat, inscrite dans la stratégie immobilière de l’Etat de Vaud dont les membres du Grand Conseil ont été nantis, renforce la mise en œuvre des principes de la durabilité ainsi que la promotion d’une architecture exemplaire.

Le Conseil d’Etat tient à souligner l’engagement de la DGIP et son orientation volontariste pour les constructions en bois. Il citera à titre d’exemple les futurs gymnases d’Aigle et d’Echallens, ainsi que le nouveau bâtiment des Sciences Humaines sur le site de Dorigny. Au surplus, dans les deux derniers bâtiments inaugurés par l’Etat de Vaud que sont la Maison de l’environnement et une extension du gymnase de Burier, le bois est utilisé de manière structurelle. A cela s’ajoute enfin la nouvelle Ecole professionnelle de Vennes, construite selon les mêmes principes, qui sera inaugurée le 30 septembre prochain. Si besoin était, il convient en dernier lieu de rappeler l’utilisation de briques en terre crue, éléments centraux des patios climatiques, de la Maison de l’environnement. Quant aux projets à venir, la prison des Grands-Marais à Orbe ainsi que le centre d’entretien des routes nationales à Rennaz feront la part belle au bois vaudois. Le musée de l’Elysée et du Mudac construit en béton, en raison d’une addition de contraintes techniques et environnementales, sur la base d’une décision prise en mai 2011 après une mise au concours en 2010, soit il y a douze ans, fait office d’exception. En conclusion, le Conseil d’Etat s’est engagé à construire de manière durable et concrétise depuis des années ses engagements dans des réalisations durables et exemplaires.

M. Pierre Zwahlen (VER) —

Je remercie Mme la conseillère d’Etat pour cette réponse qui noie le poisson – ou le béton – à merveille et qui ne se réfère surtout pas à l’avis de la Direction de l’énergie (DIREN) que j’avais demandé. J’ai une question complémentaire fondée sur l’étude genevoise consacrée au bois local et à la construction, qui date de juin de l’année dernière. Ma question est la suivante : un bâtiment en bois ou en biomatériaux réduit-il bien son impact climatique de 30 à 70 % par rapport à un bâtiment conventionnel en béton, selon les résultats éloquents de l’étude ?

Mme Isabelle Moret (CE22-27) — Conseiller-ère d’Etat

Plateforme 10 n’est pas un bâtiment conventionnel, c’est un bâtiment particulier dont la décision de construction a été prise il y a 12 ans. A l’époque, le béton, la brique se sont avérés les bons matériaux pour faire face aux contraintes particulières du site, notamment la proximité des voies CFF et le risque d’accidents majeurs, mais aussi aux contraintes de conservation des œuvres et enfin aux contraintes sécuritaires. Comme cela a déjà été dit, il s’agit d’une exception. En l’occurrence, partout où l’efficacité énergétique d’une construction en bois est démontrée, c’est le bois qui est utilisé – par exemple, le pari de construire une partie importante de la future prison de Grand-Marais en bois ou le projet de Campus santé à Chavannes qui sera organisé autour d’un formidable jardin et qui verra le bois présent à l’intérieur.

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