Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 24 août 2021, point 4 de l'ordre du jour

Texte déposé

La Direction de l'Unil avait fait parler d’elle il y a quelques mois dans le cadre de son activité réglementaire : souhaitant possiblement cadrer les prises de paroles émanant de membres de sa communauté, elle avait évoqué la possibilité d’une charte de prise de parole servant ce but. Laquelle avait fait l’objet d’une interpellation déposée en mars dernier vu ses implications sur les droits fondamentaux des personnes concernées[1]. Or, un examen plus large semble révéler que cette charte n’était qu’un léger aspect d’une activité législative très étendue déployée depuis quelques années au sein de l'Université.

 

En effet, et dans l’ensemble, il apparaît que plus de 115 chartes et directives internes ont été adoptées et sont actuellement en vigueur. Un nombre très important de règles qu’il est en toute logique souvent difficile à identifier et, de ce fait, à respecter. En outre, plusieurs d’entre elles contiennent des règles pouvant s'avérer problématiques : ne respectant pas toujours les compétences revenant à la Direction de l’Unil ou dépassant le cadre de la Loi sur l’Université de Lausanne (« LUL »), ces textes imposent des obligations qui ne sont pas toujours conformes au cadre légal applicable. Pour prendre deux exemples :

 

  • la Directive 0.17 (Règles usages et mesures disciplinaires concernant les étudiants et auditeurs de l’Unil) ne semble pas respecter la compétence donnée au Conseil de l’Unil par l’art. 2 al. 1 let. m du Règlement d’application de la loi sur l’Université de Lausanne (« RLUL ») et, plus largement, l’art. 77 LUL relatif aux sanctions disciplinaires ainsi que les droits fondamentaux des étudiant·e·s ;
  • la Directive 4.2 (Intégrité scientifique dans le domaine de la recherche et procédure à suivre en cas de manquement à l’intégrité) prévoit une procédure et un régime de sanctions en cas de fraude scientifique qui ne respecte pas le renvoi de l’art. 69a al. 2 RLUL à la LPers – un élément d’ailleurs mis en lumière par le Tribunal cantonal dans un arrêt du 11 décembre 2019[2].

 

Le nombre de textes internes s'est par ailleurs encore fortement accru depuis cette année et-demi passée sous un régime d’exception lié au coronavirus. Toujours avec des questions se posant quant aux compétences en jeu ainsi qu'à l'étendue des règles posées.

 

Dans ce contexte, la question se pose de savoir si des contrôles spécifiques doivent être mis en œuvre par l’Etat conformément à l’art. 11 LUL sous l’angle de cette activité législative importante et du contenu de ces textes. Fort·e·s de ce constat, les soussigné·e·s adressent respectueusement les questions suivantes au Conseil d’Etat :

  1. Combien de directives et textes internes sont actuellement en vigueur au sein de l’Unil, y compris ceux qui auraient été temporairement suspendus?
  2. Quelles mesures sont mises en œuvre par le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC) pour surveiller le contenu de ces directives et textes internes, notamment par rapport à leur conformité avec la LUL et le RLUL ?
  3. Le DFJC a-t-il identifié, parmi ces textes internes, des règles qui ont un objet ne relevant pas de la compétence de la Direction de l’UNIL et/ou un contenu problématique ?
  4. Quelle appréciation le DFJC porte-t-il, sous l’angle de la répartition des compétences, aux directives adoptées par la Direction de l’Unil par rapport aux règlements du Conseil de l’Université (art. 10 al. 2 et 29 al. 1 lit. f LUL) ?
  5. Le DFJC prévoit-il des mesures visant à réduire le nombre de directives internes adoptées par la Direction de l’Unil ?

 

[1] Interpellation Rebecca Joly - Liberté d'expression à l'Université de Lausanne : chercheur-euse-s et engagé-e-s : c'est possible !

[2] GE.2019.0012 du 11 décembre 2019, c. 4a.

Conclusion

Souhaite développer

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. David Raedler (VER) —

En cette reprise estivale, qui précède la reprise universitaire, mon interpellation porte sur le domaine de l’université, spécifiquement par rapport aux directives, règlements et autres textes réglementaires adoptés par la direction de l’Université de Lausanne (UNIL). Une brève analyse a fait apparaître que le nombre des textes réglementaires adoptés récemment – ces deux dernières années – par l’UNIL a pris l’ascenseur et se monte actuellement à plus d’une centaine de textes en vigueur. Comme vous le savez, certains de ces textes ont fait débat. L’un de ces derniers, par exemple, portait sur la thématique de la liberté d’expression, mais il y en a d’autres, notamment du fait que certains pourraient ne pas être conformes à la délégation de compétences qui figure dans la Loi sur l’Université (LUL) et dans son règlement (RLUL). A ce titre, il convient donc de savoir si l’activité législative de l’UNIL est véritablement conforme à la LUL et respecte le cadre strict que celle-ci impose, sachant qu’il est impératif que l’université dispose d’une certaine autonomie, mais que celle-ci doit trouver ses limites dans la loi. A ce titre, les questions portent spécifiquement sur cette activité et sur le rôle et respectivement la surveillance que le département devrait effectuer, dans ce contexte. Je remercie d’ores et déjà le Conseil d’Etat pour ses réponses.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Président-e

L’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.

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