Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 19 janvier 2021, point 6 de l'ordre du jour

Texte déposé

La situation actuelle liée à la pandémie de coronavirus a encore souligné les risques et problèmes qui découlent de la désinformation. Une thématique qui a reçu une lumière toute particulière dans le contexte international avec la référence malheureusement devenue célèbre aux « Infox » (ou « Fake News ») par le président américain non-réélu – et son apogée récente dans les heurts rencontrés dans sa non-réélection. Mais une thématique qui n’est de loin pas nouvelle et qui se voit renforcée par la place toujours plus marquée des réseaux et médias sociaux en tant que sources d’information. D’une part, ceux-ci permettent de porter et donner un écho très marqué à des informations fausses ou trompeuses, qui « tournent » ensuite auprès d’un large public et sont renforcées par l’existence de « bulles de filtres » (filter bubble). D’autre part aussi par le fait que de plus en plus de personnes, notamment auprès des jeunes générations, ne consultent essentiellement les informations qu’au-travers des réseaux et médias sociaux[1]. 

 

Concernant chacune et chacun d’entre nous, quel que soit son âge ou sa formation, cette problématique peut trouver plusieurs réponses, intégrant éducation, soutien à la presse[2] et campagnes de sensibilisation[3]. Le premier sujet s’avère particulièrement clé dans la mesure où l’éducation peut permettre de s’habituer à identifier les articles ou images de désinformation, dans le but d’en affaiblir la portée. A ce sujet, un article de cette année du journal britannique The Guardian révélait les efforts importants qui avaient été faits par la Finlande en la matière[4], qui s’est placée à l’avant-garde des mesures éducatives en matière de désinformation[5]. Ceci en agissant notamment sur les aspects suivants :

-        une formation spécifique donnée aux enseignant.es, bibliothécaires et autres personnes travaillant avec des jeunes concernant la désinformation ;

-        des cours donnés aux étudiant.es sur les façons de débusquer les désinformations (y compris faux profils) et les sources de vérification disponibles, de même que sur la différence entre désinformation et information caricaturale ;

-        des enseignements ciblant les médias sociaux en particulier ;

-        une approche transversale de la désinformation, intégrée à toutes les matières, par exemple en apprenant en mathématiques comment il peut être abusé des statistiques, en cours d’art comment débusquer des montages photo, ou encore en histoire le rôle joué par les campagne de propagandes.

 

Les signaux apparaissant toujours plus alarmant, il est essentiel de prendre la situation sérieusement et d’assurer l’intégration de cette thématique dans l’éducation. Le Conseil d’Etat a déjà pris de bonnes et fortes mesures concernant la modernisation de son système éducatif, tant dans le cadre de la stratégie numérique que dans les jalons posés pour l’éducation numérique. Toutefois, un volet spécifique sur la désinformation est nécessaire et impératif dans le contexte actuel.

 

En conséquence, le présent postulat demande au Conseil d’Etat d’étudier la pertinence et la possibilité de mettre en place, respectivement d’intégrer au cursus scolaire actuel, des enseignements en matière de désinformation et de réseaux sociaux, ainsi que des formations spécifiques aux enseignant.es, bibliothécaires et autres personnes travaillant dans le domaine de la formation des jeunes, dans un but d’éducation transversale sur la désinformation.

 

[1] La question de la violence et du harcèlement dans le cadre des réseaux sociaux est notamment abordée dans le cadre de la réponse du Conseil d’Etat du 30 octobre 2019 au Postulat Jean Tschopp et consorts – Eduquer les élèves à l’usage des réseaux sociaux (RAP_673364).

[2]Voir à ce sujet notamment la réponse du Conseil d’Etat de décembre 2019 au postulat Valérie Induni et consorts – Pour un vrai soutien à la presse et aux médias (17_POS_238), p. 24.

[3] Voir la réponse au Postulat Jean Tschopp et consorts – Eduquer les élèves à l’usage des réseaux sociaux (RAP_673364), ainsi que les développements présentés dans la Motion Yann Glayre et consorts - Apporter une réponse urgente aux problématiques en matière de smartphones, applications et réseaux sociaux, dans le cadre de l'école vaudoise (19_MOT_091).

[4]https://www.theguardian.com/world/2020/jan/28/fact-from-fiction-finlands-new-lessons-in-combating-fake-news.

[5]La Finlande est première de l’index Media Literacy qui calcule la résistance à la désinformation et la connaissance des médias au sein de la population.

Conclusion

Renvoi à une commission sans 20 signatures

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Alice GenoudVER
Taraneh AminianEP
Serge MellyLIBRE
Pierre ZwahlenVER
Sylvie PodioVER
Hadrien BuclinEP
Yann GlayreUDC
Maurice Mischler
Didier LohriVER
Céline MisiegoEP
Felix StürnerVER
Pierre FonjallazVER
Léonard Studer

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. David Raedler (VER) —

Ce postulat s’inscrit dans le vent de l’actualité, avec la question de l’apprentissage et de l’information par rapport aux fake news, aux fausses nouvelles et à la désinformation, que l’on rencontre notamment sur les réseaux sociaux. A ce propos, je dois vous faire part d’une erreur, car lors du dépôt sur SIEL j’avais indiqué avoir plus de 20 signatures, ce qui n’est en réalité pas le cas. Je vous prie donc d’emblée de me pardonner cette erreur technologique sur un sujet qui se voudrait technologique !

Sur le fond, pourquoi ce postulat alors que le Conseil d’Etat fait déjà beaucoup en matière de formation et d’éducation des jeunes, à l’école, par rapport au monde technologique dans lequel nous vivons ? On a vu notamment que deux pans de formation sont utilisés. Le premier, dont nous avons discuté la semaine dernière, est lié aux dangers et aux risques du harcèlement sur les réseaux sociaux, un sujet très important très bien traité la semaine passée. Le second porte sur la presse et sur l’information que l’on peut obtenir sur les réseaux sociaux. Par contre, à côté de ces deux pans, il n’y a pas de transversalité, soit le traitement de ce thème de façon transversale dans toutes les disciplines que l’on enseigne à l’école. Or, il y a là un fort potentiel, si l’on fait une comparaison avec un pays qui s’est illustré sur ce sujet, la Finlande. Ce pays a introduit la question de la désinformation dans toutes les disciplines disponibles à l’école, depuis les arts visuels où l’on apprend comment identifier une image trafiquée, aux cours de langue où l’on étudie comment un discours faux est construit, en passant par toutes les autres matières. Cette transversalité paraît essentielle tant l’existence de désinformation peut se retrouver dans tous les domaines et pas uniquement celui des réseaux sociaux ou des dépêches journalistiques. C’est là un grand potentiel, raison pour laquelle je demande le renvoi en commission, afin que nous puissions débattre de la nécessité de cette transversalité.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

Etant donné que ce postulat n’est pas doté des 20 signatures nécessaires, nous devons formellement voter le renvoi en commission.

Le postulat est renvoyé à l’examen d’une commission à une large majorité.

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