Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 3 novembre 2020, point 29 de l'ordre du jour

Texte déposé

Depuis janvier 2019, au nom de « l’urgence climatique », les autorités politiques dans notre canton ont toléré la désobéissance civile dans nos rues, ils ont toléré que les élèves puissent sécher les cours pour ces motifs politiques, ils ont toléré que notre police soit mise au défi. Par voie de conséquence, en janvier 2020, le tribunal de police de Lausanne a relaxé les militants écologiques qui avaient illégalement occupé une banque à Lausanne.

 

L’impunité peut engendrer une escalade des excès qui conduisent à des actes très graves.

 

Or, c’est d’ailleurs peut-être ce qui s’est passé en juin dernier à Gland quand un pylône électrique à haute tension a été saboté et détruit. En effet, pour l’heure, il semble que la piste écoterroriste soit privilégiée.

 

Cette dernière fait en tout cas écho à un témoignage diffusé dimanche passé, 27.09.2020, dans l’émission « Mise au point » de la RTS, traitant des activistes du climat et de leurs actions. Un militant interrogé a explicitement et distinctement affirmé qu’il était « prêt à aller assez loin » pour défendre ses convictions. Dans la mesure ou cette déclaration a été affirmée en marge du procès en appel des activistes du climat, elle n’est pas anodine du tout.

 

Il ne fait malheureusement aucun doute que pour certains fanatiques écologiques, la désobéissance civile dans les rues ou l’occupation illégale des banques ne suffisent plus.

 

Afin de prévenir tous actes illégaux, le Grand Conseil, en tant que pouvoir législatif et représentant du peuple vaudois, doit donner un signal clair et sans équivoque aux pouvoirs exécutif et judiciaire, ainsi qu’à notre population, en affirmant que l’impunité n’est pas tolérée dans notre canton.

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Céline BauxUDC
Jean-Bernard ChevalleyUDC
Philippe DucommunUDC
Dylan KarlenUDC
Philippe LinigerUDC
Julien CuérelUDC
Nicolas GlauserUDC
Jean-Luc CholletUDC
Maurice TrebouxUDC
Yann GlayreUDC
Sacha SoldiniUDC
Pierre-André PernoudUDC
Philippe JobinUDC
Denis RubattelUDC
Werner RiesenUDC
Nicolas BolayUDC
Fabien DeillonUDC
Pierre-Alain FavrodUDC
Jean-Marc SordetUDC
Aliette Rey-MarionUDC
Jean-François ThuillardUDC
José DurusselUDC
Sylvain FreymondUDC
Cédric WeissertUDC

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Yvan Pahud (UDC) —

Pour que cesse l’impunité sur le sol vaudois ! C’est le titre de cette résolution, car notre Etat de droit est menacé par un certain laxisme de la part de nos autorités. Sous couvert d’idéologie, il semble que tout soit permis : l’urgence climatique permet de sécher les cours, d’occuper illégalement des banques, de bloquer des ponts, d’occuper des sites et des bâtiments illégalement comme la Zone à défendre (ZAD) du moment. L’impunité peut engendrer une escalade des excès et conduire à des actes très graves. C’est peut-être ce qui s’est passé avec le sabotage à Gland. Il ne fait malheureusement aucun doute que, pour certains fanatiques écologiques, la désobéissance civile dans les rues ou l’occupation illégale des banques ne suffisent plus. Je rappelle l’émission du 27 septembre dernier, « Mise au point » de la RTS traitant des activistes du climat et de leurs actions. Un militant interrogé a explicitement et distinctement affirmé qu’il était prêt à aller assez loin. Qu’est-ce que cela signifie ? Je n’aborde d’ailleurs pas dans ce texte les débordements survenus à Yverdon ce week end, qui avaient pour but de « casser du flic », ou « du pompier ». Agissons aujourd’hui afin d’éviter ce qui se passe en France dans certains quartiers où la police n’a plus aucune action. Afin de prévenir tout acte illégal, le Grand Conseil, en tant que pouvoir législatif et représentant du peuple vaudois, doit donner un signal clair et sans équivoque au pouvoir exécutif et judiciaire ainsi qu’à notre population, en affirmant que l’impunité n’est plus tolérée dans ce canton.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Vincent Keller (EP) —

La résolution de notre collègue député Pahud est un cas d’école dans la manière d’amener un problème sur la place publique, d’amalgamer tout ce qui déplaît et de proposer une solution dont on sait — les études policières et universitaires le démontrent depuis bien longtemps, dans le vide visiblement pour la droite radicale — que cela n’en est pas une, bien au contraire. Reprenons le schéma trop souvent vu et lu par le biais d’une petite analyse sémantique.

Un fait divers est rappelé dans le développement de la résolution : la tentative de destruction d’un pylône à haute tension, un fait rapporté par la presse. Deuxième étape, il faut nommer et catégoriser les coupables : des « éco-terroristes »… un mot-valise qui exprime toute l’ignorance du seul et vrai enjeu mondial pour les prochaines décennies : l’urgence climatique. On y ajoute le mot « terrorisme » pour faire peur, comme pendant plus de 70 ans on parlait de ces méchants communistes en parlant de Satan… j’en profite pour déclarer mes intérêts : je suis communiste et je ne suis pas méchant (rires)… et cela, malgré des manifestations populaires qui ont rassemblé des centaines de milliers de personnes dans le passé et qui continueront à le faire dans le futur autour des crises climatiques, qui ne sont formés que de terroristes ! Mieux encore, les élèves des gymnases qui s’intéressent à la politique, et qui viennent exprimer dans la rue leurs peurs face à l’urgence climatique, ne doivent finalement être que des graines d’ « éco-terroristes » ? Troisième étape : la solution. Pour l’UDC, elle est simple : « Foutez moi tout ça au cachot et perdez la clé ! » Et, puisque la justice est trop « bisounours », « nous au Grand Conseil demandons, représentant du peuple, de donner un signal au pouvoir législatif et judiciaire en affirmant que l’impunité n’est pas tolérée dans notre canton. »

Si l’on comprend bien cette résolution, cela signifie que le Conseil d’Etat et la justice cantonale n’appliquent pas la loi, ou en tous les cas pas correctement, pas assez intensément. Pour être tout à fait complet, et après avoir déroulé son argumentaire, si ce n’est ses arguties, M. le député Pahud a saupoudré son texte de « peut-être », de « il semble » et de conditionnels. Mais le mal est fait dans l’esprit du lecteur. Il s’agit bien d’« E-CO-TER-RO-RISME » dont il faut embastiller les présumés coupables ! Je croyais qu’à l’UDC on avait une meilleure connaissance de ce qu’était un état de droit, notamment ce que signifie séparation des pouvoirs, et surtout que la population n’avait pas besoin du Conseil d’Etat pour apprécier un message clair… ou alors… je n’ai rien compris !

Monsieur Pahud, vous êtes député, proposez donc une motion pour durcir la loi contre ce que vous appelez les « éco-terroristes » ! Une loi qui punirait très sévèrement celles et ceux qui détourneraient une meuleuse à disque de Brico & Loisirs pour découper un pylône à haute tension. Vous en avez le pouvoir ! Le groupe Ensemble à Gauche et POP remercient par ailleurs l’auteur de la résolution d’avoir corrigé son texte entre la dernière séance et aujourd’hui, parce que notre argumentaire aurait été autrement plus saignant, tant l’ancien texte était indécent.

L’UDC a pu voir il y a deux semaines, ce que signifiait, de vouloir forcer. Si elle a réussi à faire passer une initiative sur un malentendu en 2014, en y injectant des millions de francs, six ans après, on peut dire que le peuple suisse s’est « réveillé » pour reprendre un terme adoré de ces milieux, et qu’il n’a pas suivi le premier parti de Suisse, civique comme un troupeau de « moutons » pour réutiliser un animal fort apprécié de ces mêmes milieux. En tout état de cause, le groupe Ensemble à gauche et POP refusera cette résolution et vous invite à en faire de même.

M. José Durussel (UDC) —

J’avais rédigé mon intervention et prévu de la lire, mais les propos de mon préopinant, M. Keller, changent un peu mon intention. Monsieur Keller, cher collègue, un pylône qui est meulé… — ils ont sans doute d’ailleurs dû utiliser de l’électricité pour couper le pylône — et qui pourrait peut-être dangereusement verser du mauvais côté, sur l’autoroute, par exemple. Et vous banalisez ce genre d’actes ? Apparemment ! Dans ce canton, la liste des délits graves s’allonge dangereusement. Vous n’en avez pas trop conscience… Dernièrement, dans le nord vaudois, comment appelle-t-on cela ? Comment appelez-vous cela ? Pour moi — et je peux vous montrer l’article du journal — il s’agit de guérilla urbaine, qui se répète et se banalise. On incendie des poubelles dans les rues… les forces de l’ordre sont provoquées, de véhicules de transports publics et de pompiers attaqués, du « caillassage »… Non ? Nos concitoyens ne veulent plus de cette impunité. Il faut que des sanctions soient prises par rapport à cette montée de violence gratuite. Je vous propose par conséquent de soutenir la résolution de mon collègue Pahud.

Mme Carole Dubois (PLR) —

Difficile de prendre la parole après la verve de mes préopinants ! La position du PLR a toujours été claire quant à la séparation des pouvoirs entre la justice et les instances politiques, nous ne ferons donc aucun commentaire sur les jugements de première et deuxième instance concernant des militants quels qu’ils soient.

Nous sommes néanmoins très attachés au respect des lois et nous ne pouvons cautionner que la désobéissance civile soit tolérée. Les conséquences des actions menées au nom des convictions politiques, quelles qu’elles soient, doivent être assumées si elles entrent dans l’illégalité. Le laxisme et l’impunité ne peuvent en aucun cas être encouragées. C’est pour cette raison que le groupe PLR dans sa grande majorité soutiendra la résolution de notre collègue Pahud et vous invite à faire de même afin d’affirmer la volonté de ce Parlement de respecter les lois de notre canton.

M. Yann Glayre (UDC) —

Depuis le début de l’année, les mesures extraordinaires ont poussé à l’extrême la résistance physique, morale et financière de nos concitoyens. Les efforts de chacun ont été conséquents, la motivation se fait de plus en plus rare. Pendant que l’Etat exige un engagement sans failles du personnel soignant, comment lui expliquer qu’une manifestation de 800 personnes soit autorisée ? La situation actuelle implique que l’Etat se fasse respecter même si la décision ne plaît pas à certains. Cette résolution donne un signal pour que les lois et les règles sanitaires soient strictement appliquées ; je vous invite à la soutenir.

M. Jean-Luc Chollet (UDC) —

Depuis le début de l’année, les mesures extraordinaires ont poussé à l’extrême la résistance physique, morale et financière de nos concitoyens. Les efforts de chacun ont été conséquents, la motivation se fait de plus en plus rare. Pendant que l’Etat exige un engagement sans failles du personnel soignant, comment lui expliquer qu’une manifestation de 800 personnes soit autorisée ? La situation actuelle implique que l’Etat se fasse respecter même si la décision ne plaît pas à certains. Cette résolution donne un signal pour que les lois et les règles sanitaires soient strictement appliquées ; je vous invite à la soutenir.

M. Sylvain Freymond (UDC) —

Il me semble logique et nécessaire de s’opposer fermement aux pratiques d’occupations illégales, telle que celle de la colline du Mormont. Cette attitude peut mettre en danger différents intervenants nécessaires pour sécuriser ces lieux ainsi que le personnel de la carrière. Les personnes responsables et surtout les organisateurs de cette occupation devraient être identifiés et poursuivis si nécessaire. Je soutiendrai évidemment la résolution de mon collègue Pahud.

M. Philippe Vuillemin (PLR) —

Monsieur Keller, je suis absolument convaincu que vous êtes un communiste gentil, mais vous me permettrez, pour les gens de ma génération, de ne pas oublier le communisme méchant, qui a tué des millions de gens et dont on s’évertue toujours à dissimuler le mieux possible l’évidence historique, à laquelle vous ne pouvez rien, même si le POP vaudois a su se distancier de ce qui s’était passé. Néanmoins, on continue à penser que les communistes vaudois — peut-être un peu benêts — n’avaient pas compris ce que faisait Staline en son temps. Comme j’ai eu l’honneur de siéger avec ces vieux communistes vaudois, je sais que Moscou, pour eux, était très important, et qu’ils n’arrivaient pas toujours forcément à porter la voix critique qui eût été judicieuse. Ceci étant, je vous remercie d’être un communiste gentil, ce dont je suis persuadé.

M. François Cardinaux (PLR) —

J’aimerais revenir sur un élément important qui me semble oublié. On ne peut pas simplement sortir d’un cadre légal en prétextant qu’il y a urgence. Nous devons adopter une attitude claire et nette. Nous demandons à nos entreprises de respecter des cadres légaux horriblement difficiles, à nos familles de ne pas se réunir ni d’aller voir les anciens, à tout le monde de porter un masque, et on tolère 50'000 opérations qui ne sont plus dans la légalité. Il y a deux solutions : ou nous suivons l’idée de M. Pahud ou nous indiquons d’une certaine manière qu’il existe une variante.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

La discussion est close.

La résolution Yvan Pahud, consistant en une déclaration, est acceptée par 62 voix contre 61 et 3 abstentions.

M. Vincent Keller (EP) —

Je demande le vote nominal.

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

Cette demande est soutenue par 20 députés au moins.

Celles et ceux qui soutiennent la résolution, consistant en une déclaration, votent oui, celles et ceux qui s’y opposent votent non ; les abstentions sont possibles.

(Réactions)

Au vote nominal, la résolution Yvan Pahud, consistant en une déclaration, est refusée par 66 voix contre 65 et 1 abstention.

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