Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 16 janvier 2024, point 12 de l'ordre du jour

Documents

Texte adopté par CE - Plan stratégique 22-27 de la HEP Vaud - publié

Rapport de la commission - 23_LEG_32 - Sylvie Pittet-Blanchette_avec annexe

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Sylvie Pittet Blanchette (SOC) — Rapporteur-trice

Avant de présenter le rapport sur le plan pluriannuel de la Haute école pédagogique (HEP), je suis obligée de reconnaître que j’ai un problème parce que ce rapport est basé sur le même type de documents que pour l’Université de Lausanne (UNIL), traités au point précédent de l’ordre du jour. Or, nous avons renvoyé en commission le rapport sur l’UNIL, parce que nous aurions pu apporter des modifications et amendements sur les axes. Par conséquent, nous nous retrouvons ici confrontés à la même situation.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

Nous pouvons procéder de la même façon, avec une motion d’ordre. Si quelqu’un dépose une motion d’ordre, je la mettrai en discussion et nous voterons sur cette demande.

La discussion sur l’entrée en matière est ouverte.

Mme Céline Misiego (EP) —

Je déclare mes intérêts comme secrétaire générale de la Fédération des Sociétés de Fonctionnaires et du Parapublic Vaudois (FSF), qui représente l’Association des formateurs et formatrices de la HEP. A ce titre, j’ai quelques questions et commentaires sur le plan stratégique. Premièrement, il aurait été fort intéressant de bénéficier d’un bilan du plan stratégique, comme cela a été dit précédemment, afin de mieux appréhender ce nouveau plan. Nous regrettons que les critères de réalisation sur l’objectif de l’enseignement soient uniquement quantitatifs et qu’ils ne portent pas sur l’effet des mesures réalisées. Il manque une analyse des effets des mesures envisagées ou déjà mises en place. Le conseiller d’Etat pourrait-il nous garantir qu’un bilan des effets de ces mesures sera réalisé et présenté largement, y compris donc au personnel de la HEP ? Par la même occasion, nous appuyons la remarque du membre de la commission qui estime qu’il manque, dans l’exposé des motifs, l’évocation des problèmes rencontrés au cours de la législature précédente. Dans la perspective d’une saine transparence entre les hautes écoles et le Grand Conseil, nous devrions avoir le courage d’énoncer les problèmes rencontrés dont la presse s’est largement fait l’écho et à propos desquels M. le conseiller d’Etat a assuré que le département suivait sérieusement le dossier. Le climat de travail est d’ailleurs mis en avant comme un enjeu principal de ce plan. Il s’agit du troisième enjeu identifié, qui vise à assurer le maintien de la qualité de la formation, ainsi que des conditions de travail, en particulier dans le cadre de la croissance de l’institution et de son développement multisite. Pourtant, il n’y a pas d’objectif clair ni de mesure claire pour améliorer ce climat de travail, quand bien même son amélioration est mise en avant comme enjeu principal. A nouveau, le conseiller d’Etat pourrait-il détailler les mesures envisagées pour améliorer le climat et les conditions de travail ?

S’agissant de l’objectif d’enseignement sur les langues nationales, quelle place est donnée actuellement à l’italien en tant que langue nationale à la HEP ? Le plan d’études bachelor prévoit un plan de mobilité avec la Suisse allemande. Pourquoi n’y a-t-il pas de plan de mobilité avec la Suisse italienne ? Sur l’objectif de contribution à la société, le plan souhaite ouvrir la formation continue à de nouveaux publics actifs dans le domaine de la formation. Pouvez-vous nous expliciter de quel public il s’agit ? Et n’avez-vous pas la crainte de trop faire dévier la HEP de sa mission prioritaire de former à l’enseignement ?

Toujours dans le rapport de commission, le recteur de la HEP évoque une enquête menée auprès des directions des écoles, qui a montré un très haut degré de satisfaction quant aux personnes sortant de la HEP. Peut-on savoir de quelle enquête il s’agit et si elle est publique ? Et à la suite du départ de la personne responsable de l’inclusion à la HEP, le conseiller d’Etat peut-il nous informer si le poste a été repourvu ou s’il va l’être ?

Finalement, j’avoue avoir découvert, lors du débat précédent, la possibilité d’amender le plan lui-même. J’annonce donc très probablement des amendements pour le deuxième débat, à moins que vous trouviez là aussi judicieux de renvoyer le texte en commission.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

Je ne suis pas en train de pousser dans une direction, mais il est techniquement possible de déposer une motion d’ordre ; il faut simplement que quelqu’un le demande.

M. Jacques-André Haury (V'L) —

Un élément me plaît dans ce plan stratégique et me suffit à ne pas le critiquer, même si certaines critiques, notamment l’absence de bilan du plan précédent, pourraient y être portées. Il s’agit de ce que j’ai lu en page 13 du document à propos de l’enseignement et de la diversité pédagogique : « Les étudiantes et étudiants doivent être sensibilisés à la diversité des approches pédagogiques existantes afin de pouvoir les mobiliser en fonction des besoins des classes. » Puis, cela devient particulièrement intéressant : « Une place particulière devant être réservée aux méthodes d’apprentissage dont l’efficacité est scientifiquement avérée. » Alors, vous m’avez déjà entendu, mais je le répète : avec Ecole vaudoise en mutation (EVM), pendant une trentaine d’années, sous l’influence peut-être tordue de la pensée de Piaget, on a complètement transformé la pédagogie de l’école publique en une pédagogie socioconstructiviste fondée sur la découverte réalisée par l’élève et la manière de le déstabiliser. Depuis le début, nous savons que cette approche pédagogique n’est pas efficace. Son efficacité n’est pas scientifiquement avérée. Nous le savions, parce que des études ont été réalisées dès les années 1980 sur de très grands collectifs. Les méthodes pédagogiques socioconstructivistes sont favorables à l’élite, monsieur Vincent Keller, mais non à la majorité des élèves, en particulier aux élèves en difficulté. Outre le fait qu’elles ne permettent pas d’acquérir les connaissances, elles ont un effet beaucoup plus grave sur les élèves en difficulté, à savoir, elles donnent à ces enfants une mauvaise impression d’eux-mêmes et les conduisent à la dépression. Tout cela est extrêmement grave. Que notre école publique ait pu pratiquer ces méthodes impunément pendant tant d’années est lamentable. La conséquence observée sur la baisse du niveau des élèves au cours des études PISA successives a certainement à voir avec cette mauvaise pédagogie. Ainsi, lire dans le plan stratégique de la HEP qu’une place particulière sera réservée aux méthodes d’apprentissage dont l’efficacité est scientifiquement avérée est un excellent sujet d’optimisme, dont je me réjouis.

Mme Sylvie Pittet Blanchette (SOC) — Rapporteur-trice

Entre le 23 juin où nous avons parlé de l’UNIL et le 1er septembre où nous avons tenu la séance de commission, nous avons aussi dû réfléchir à plusieurs manières de procéder. En effet, ce rapport − vous l’aurez peut-être constaté − maintient une proposition d’amendement refusée par la commission. La commission de la formation s’est réunie le 1er septembre en présence de MM. Borloz, Leuthold, Dias et Fiaux ainsi que de Mme Peters. M. Jérôme Marcel, secrétaire de commission, a pris les notes de séance, ce dont je le remercie.

Le chef du département rappelle que la HEP est une grande école avec une importance très particulière quant au nombre d’enseignants et d’étudiants. Elle connaît une croissance continue très forte, qui doit perdurer en raison d’objectifs élevés en lien avec la croissance de la population. Les attentes du Conseil d’Etat et du département vis-à-vis de la HEP sont très hautes. Le conseiller d’Etat met notamment en exergue la nouvelle problématique contenue dans le plan stratégique d’intégrer la formation professionnelle, la formation continue des enseignants − de leur responsabilité − et la question de la pénurie des enseignants, une situation très inquiétante.

Lors de la discussion générale, il est relevé que le total des diplômes décernés de 2017 à 2021 est relativement constant, alors que les effectifs de l’école montrent une croissance continue. La question est de savoir si cela traduit un seuil d’acceptation plus élevé. Le recteur de la HEP nous annonce que les volées qui entrent à la HEP ne se ressemblent pas. Toujours plus d’étudiants « étalent » leurs études avec un effet sur le nombre de diplômés sortant de la HEP. On ne peut donc pas établir une corrélation avec une évolution des exigences, bien que le taux d’échec soit un peu plus élevé, correspondant aux standards des autres écoles pédagogiques.

Une autre question a surgi : y a-t-il un alignement entre la prédiction des besoins d’enseignants et enseignantes et le taux d’échec ? Le recteur répond par la négative ; toutefois, la situation est tendue, car l’école produit juste le nombre de diplômés pour répondre aux besoins. S’agissant de la formation des enseignants du primaire, le plan d’intention, en page 24, précise que la formation des enseignants de degré primaire doit, elle aussi, répondre sans cesse à de nouveaux défis. Sur le plan national, les actrices et les acteurs s’accordent sur le fait que le modèle d’un cursus en trois ans – mis en place il y a près de 25 ans – a dépassé ses limites tant les besoins se sont accrus. Un nouveau dispositif comprenant une formation complémentaire certifiée au fil de l’entrée dans la profession doit être préparé de manière coordonnée avec les autres cantons. La question d’un commissaire a été de savoir où nous en sommes dans ce dossier, question qui préoccupe le domaine de la formation primaire depuis de nombreuses années. Le recteur de la HEP explique que la question se pose sur le plan international dans les débats sur les politiques éducatives. Plusieurs options ont été prises. Certains pays ont choisi d’allonger cette formation, de la « masteriser », une option très discutée en Suisse, sans accord consensuel. Certains cantons défendent ce type de politique, d’autres moins. Il existe un projet ambitieux de réforme de la formation des enseignants du primaire que nous essayons de proposer à nos partenaires romands, voire suisses allemands. Il consiste à considérer que la réponse ne se situe pas dans la durée de la formation initiale. Une bonne formation initiale de 3 ans, en alternance, pour des enseignants primaires est enviée par de nombreux pays. Elle est de qualité. Une enquête auprès des directions des écoles a montré un très haut degré de satisfaction quant aux personnes sortant de la HEP. Nous pouvons être fiers, selon notre recteur, de cette formation en 3 ans de grande qualité. Dès lors, nous ne proposons pas la prolongation de la formation initiale, mais un système de formation tout au long de la carrière qui donne la possibilité aux enseignants de se former au gré des problèmes et des besoins, s’ils en rencontrent. Actuellement, les professionnels de l’enseignement n’ont pas l’obligation de se former après leur formation initiale. Un commissaire demande comment encourager les enseignants à participer à cette formation continue dans un contexte contraignant. Le chef du département relève sa satisfaction quant au nombre de personnes participant aux formations continues facultatives. Il s’agit d’un débat que l’on doit ouvrir au sein du département avec les représentants du personnel.

Comment voit-on l’avenir ? Grande question. Il s’agit d’une des dernières formations importantes du pays sans plan de formation continue. Il faudra un jour empoigner cette question de la responsabilité de l’employeur. Ajoutons qu’au secondaire I, il y a l’intention d’augmenter les passerelles afin de répondre aux attentes et de développer des passerelles vers la formation professionnelle. Dans le plan stratégique, nous nous sommes arrêtés à l’objectif 1.2 de favoriser la plus grande provenance des étudiants qui permettent de valoriser les perspectives de la formation professionnelle et de renforcer les connaissances du terrain des enseignants. C’est un amendement qu’un membre de la commission a proposé, parce qu’il s’agit de favoriser l’accès aux personnes ayant une formation professionnelle suivie d’une maturité professionnelle. Le chef du département souscrit à l’intention de la proposition d’amendement, notant toutefois que le problème réside dans les critères d’admission à la HEP : il est opposé à ce que les maturités professionnelles puissent conduire directement à la HEP.

Nous nous sommes également arrêtés à l’objectif 1.3 de former de futures enseignantes et enseignants à leur rôle dans l’orientation du cursus de formation. Un commissaire a demandé si cela signifie que les enseignants devront jouer un rôle actif dans l’orientation des élèves. Le recteur lui a répondu que la problématique est la formation des futurs enseignants à cette question, qui sera intégrée presque dans l’entier du cursus du degré primaire et du secondaire I et II, à l’instar du module à 6 crédits ECTS en secondaire I, soit 180 heures de formation dédiées à ces questions d’orientation et de connaissance du monde professionnel. C’est à l’unanimité que la commission recommande au Grand Conseil d’entrer en matière sur ce projet de décret.

Mme Aude Billard (SOC) —

Le groupe socialiste reconnaît le besoin de soutenir la HEP du canton de Vaud dans sa demande de croissance des effectifs. En effet, nous reconnaissons l’importance de la HEP pour l’octroi des diplômes des enseignants. Le parti socialiste sera cependant plus mitigé sur les objectifs offerts dans le plan stratégique de la HEP et l’exposé des motifs, comme ma collègue Oriane Sarrasin vous en fera part.

Je m’attarderai sur deux points que nous avons aussi relevés en commission. Premièrement, le besoin d’enseignants dans nos écoles ne fait que croître, tandis que les effectifs des diplômés de la HEP sont presque constants depuis cinq ans. En effet, dans l’exposé des motifs, on lit qu’il s’agit d’une croissance très forte de près de 100 %. C’est correct, mais elle se répartit sur une période de 20 ans. Le graphique montre que depuis cinq ans, nous avons plus ou moins atteint un plateau quant au nombre d’étudiants entrant, tous domaines confondus, à la HEP. Dans le rapport, il est aussi fait mention avec justesse que de nombreux facteurs vont encore péjorer les effectifs qui seront formés par la HEP, tel le passage vers la maturité en quatre ans, ainsi que péjorer les besoins en enseignants en les accroissant, telle l’augmentation des demandes de temps partiels. Bien que la HEP émette le souhait générique de se préoccuper de ces problématiques, le plan stratégique de la HEP déconcerte par son manque de planification pour pallier cette problématique. Il n’y a pas d’analyse des raisons sous-jacentes à la stabilisation des effectifs que j’ai mentionnée précédemment. Il n’y a pas de stratégie pour augmenter le taux de rétention, alors que cet aspect mériterait une attention particulière. On pourrait notamment s’intéresser aux causes sous-jacentes des échecs. Nous savons que les étudiants sont relativement âgés souvent chargés de famille et que beaucoup d’entre eux n’habitent pas Lausanne. L’obligation de se rendre sur le campus de la HEP a un coût financier qui rend souvent difficile la conciliation vie estudiantine-vie personnelle. Là encore, nous devons souligner notre déception quant au manque d’ouverture de la direction de la HEP et du département dans son ensemble à l’usage de vidéoconférences et d’enseignements hybrides qui pourraient répondre à des besoins avérés de ces mêmes étudiants pour les raisons que j’ai mentionnées précédemment. Nous soulignons aussi notre étonnement face aux objectifs annoncés par la HEP de promouvoir la recherche, alors que ne lui est alloué qu’un faible montant de 180’000 francs, soit moins de 5 % du budget annuel de la HEP, en espérant de plus que les employés de la HEP réussissent à lever environ 100’000 francs de fonds annuellement nouvellement trouvés. Il n’est pas aisé de savoir quel moyen ou soutien la HEP donnera à ses employés pour trouver le temps de faire ces demandes et surtout d’être formés à l’écriture de demandes de fonds. Cela dit, dans l’ensemble, nous soutiendrons mollement cet exposé des motifs et cette demande de financement supplémentaire de la part de la HEP.

Mme Elodie Golaz Grilli (PLR) —

La HEP Vaud est une institution importante bénéficiant de l’un des plus importants financements du Fonds national suisse qui soutient la recherche au sein des hautes écoles. Le plan stratégique 2022-2027 a été conçu pour répondre aux besoins actuels et assurer un accompagnement optimal. Ce plan stratégique met en évidence des aspects cruciaux telles la formation continue, l’intégration de la formation professionnelle et la mise en place d’une nouvelle formation visant à pallier la pénurie d’enseignants. Parmi les projets majeurs à suivre, le Département de l’enseignement et de la formation professionnelle (DEF) et le recteur de la HEP ont abordé le projet Calliope en toute transparence. Il s’agit d’une initiative élaborée en collaboration avec d’autres cantons visant à réformer la formation des enseignants primaires. Un deuxième projet à suivre est l’encouragement de la participation des enseignants aux formations continues. Finalement, il s’agit de relever les défis futurs en augmentant le nombre d’enseignants et en renforçant les passerelles. Le DEF ainsi que la HEP sont conscients des défis qui les attendent, et le plan stratégique 2022-2027 a été élaboré en réponse à ces défis anticipés. Le groupe PLR acceptera cet exposé des motifs et vous encourage à faire de même.

Mme Oriane Sarrasin (SOC) —

Ce n’est pas seulement en tant que députée, mais également en tant que chercheuse et enseignante sans lien avec la HEP que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt ce plan stratégique que je soutiendrai. En revanche, au vu d’un des points évoqués par notre collègue Misiego, j’attire l’attention du Conseil d’Etat sur la tension que je perçois entre deux objectifs de ce plan. D’une part, il y a la volonté affichée d’atteindre des conditions de travail de qualité optimale, des conditions qui ne l’ont pas toujours été, nous le savons, et qui pourraient encore ne pas l’être, tout du moins dans certaines unités. D’autre part, le plan stratégique pose comme objectif une recherche disciplinaire et interdisciplinaire menée par des projets émergents et innovants − je cite le plan − une recherche qui s’ouvre encore davantage, notamment via l’Open Access, et qui se finance de manière plus diversifiée, avec même l’engagement, dans quelques mois − l’annonce est publiée − d’une personne spécialisée en levée de fonds. Or, selon des témoignages relayés dans la presse l’automne dernier, les conditions et le climat de travail ne constitueraient pas un terreau favorable à de telles ambitions. Ainsi, nous apprenions notamment que des collaborateurs et collaboratrices restent à la HEP à défaut d’un poste dans une autre institution de formation supérieure, et que l’on assiste à ce que l’on appelle des démissions silencieuses ou « quiet quitting ». Je crains donc que les excellentes intentions de la HEP en matière de recherche ne puissent pas se réaliser, tout du moins pas pleinement. Je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’a dit notre collègue Haury dans son intervention, mais je partage avec lui le souci de disposer de bases scientifiques solides ; il faut non seulement des moyens financiers, comme l’a évoqué Aude Billard, mais également des conditions de travail favorables pour atteindre ces bases scientifiques.

M. Frédéric Borloz (C-DEF) — Conseiller-ère d’Etat

Je vous remercie d’ores et déjà, pour les critiques positives que vous avez émises sur la HEP. C’est un gros bateau, certes plus petit que l’Université de Lausanne, mais qui a connu une très forte évolution. Quant à la stagnation : nous ne la reconnaissons pas ni ne la voyons, parce que nous avons senti lors de la dernière rentrée que c’était bien reparti. Il y a un intérêt pour cette profession. La HEP a aussi diversifié ses formations avec des programmes de quatre branches. Il y a cinq modules de quatre branches qui intéressent beaucoup les jeunes, ainsi que des personnes qui ont, pendant quelques années, choisi une autre voie et décident de se diriger vers l’enseignement. Il existe un fort attrait de la profession actuellement, du moins à la dernière rentrée, et nous pensons que cela va continuer. Il s’agit donc d’une évolution très importante de la HEP qui n’est pas du tout anodine et qui va porter ses fruits dans quelques années. Nous avons la volonté, comme la direction de la HEP bien entendu, d’anticiper une éventuelle pénurie d’enseignants. Par conséquent, nous devons maintenir cette croissance. Pour cette raison, l’orientation assez claire de ce plan stratégique a été tournée vers une croissance qualitative, avec les objectifs ambitieux relevés tout à l’heure. Nous donnons-nous les moyens suffisants pour les atteindre ? La question est bien entendu légitime, mais nous pensons que c’est le cas.

Cette grande institution peut aussi connaître des chocs de temps en temps. Cela sort dans les médias et on en parle. J’aimerais, si possible, vous rassurer dans la mesure où la Direction générale de l’enseignement supérieur a pris cela en main − nous sommes en contact régulier − et rencontre du monde, des gens qui se sont plaints et d’autres qui sont satisfaits. Une analyse est en cours pour être le plus objectifs possible et à l’écoute des personnes mécontentes ou qui peuvent vivre des moments difficiles, etc. Nous − aussi bien la direction de la HEP que le département et le service concernés − prenons cela très au sérieux. Cette enquête interne en cours débouchera bien entendu sur un bilan interne, puisqu’il s’agit de personnel et d’employés de l’Etat. Cela nous donnera aussi l’occasion d’analyser dans quelles mesures il serait nécessaire de revoir la gouvernance de l’école. Comme la plupart des établissements de formation du canton, la HEP a grandi ces dernières années. Cette croissance nécessite de revoir également la gouvernance de l’école. Il y a 30 ans, aucun établissement scolaire n’atteignait mille élèves. Aujourd’hui, il est assez courant de dépasser largement les mille élèves, toutefois avec un système de gouvernance qui est toujours le même. Il est donc nécessaire de revoir cela et j’espère que cela portera ses fruits.

Concernant l’absence de bilan critique, vous aviez le même reproche tout à l’heure vis-à-vis de l’UNIL. Je pense qu’il faut examiner le fonctionnement : un bilan a été réalisé et annexé, comme pour l’UNIL. Ce bilan comporte des éléments de comparaison, d’évolution et de résultats. Bien entendu, il y a une partie critique et interne qui permet de nourrir la discussion entre le département et la HEP, respectivement sa direction. C’est là qu’interviennent les propositions, les contre-propositions telles « Nous verrions plutôt tels éléments en fonction d’informations qui seraient à notre disposition ». Ce travail interne, ces documents de travail et ces éléments critiques nous permettent d’avancer.

Une question a été posée sur l’italien. L’italien est une langue nationale et importante, mais on ne peut pas nier qu’elle n’est pas enseignée à l’école obligatoire. Nous maintenons l’italien dans le post-obligatoire à la HEP, mais pas de la même façon que l’allemand.

Par ailleurs, pour son développement, la HEP est à l’étroit aujourd’hui. Le projet est qu’elle se déplace dans le quartier de la Bourdonnette, où des terrains sont à disposition pour un déménagement, que les transformations soient réalisées sur le site actuel de la HEP et que, quelques années plus tard, elle puisse retrouver ses locaux et continuer son développement sur le lieu qu’elle connaît aujourd’hui. Telles sont les intentions. Dans la pratique, il pourra y avoir quelques impondérables, mais pour l’instant, j’ai bon espoir que les délais fixés seront tenus. Voilà ma tentative de réponses aux nombreuses questions qui m’ont été posées. Bien entendu, je reste à votre disposition, si nécessaire.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

L’entrée en matière est admise à l’unanimité.

Le débat est interrompu.

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