Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 10 mai 2022, point 4.7 de l'ordre du jour

Texte déposé

Les conflits en tous genre dans le monde de la pédiatrie vaudoise interpellent et quelquefois confinent au clochemerlesque. 

Depuis 1977 le soussigné assiste, impuissant, à la querelle entre la pédiatrie de l'hôpital cantonal puis du CHUV et l'Hôpital de l'enfance.

Au point que des soignants refusent de travailler dans l'un ou l'autre, au gré de leurs états d'âme et de leur détestation.

 

Question: Peut-on espérer que l'ouverture de l'hôpital des Enfants permettra au  Conseil d'Etat  de régler, et comment ?  cette fâcheuse querelle ?

 

 

Transcriptions

M. Philippe Vuillemin (PLR) —

Question orale Philippe Vuillemin - Pédiatrie « d’Etat », pédiatrie « privée », la querelle éternelle (22_HQU_52)

Les conflits en tout genre dans le monde de la pédiatrie vaudoise interpellent et quelquefois confinent au clochemerlesque. Depuis 1977, le soussigné assiste, impuissant, à la querelle entre la pédiatrie de l’hôpital cantonal puis du CHUV et l’Hôpital de l’enfance. Au point que des soignants refusent de travailler dans l’un ou l’autre, au gré de leurs états d’âme et de leur détestation.

Question : peut-on espérer que l’ouverture de l’Hôpital des Enfants permettra au Conseil d’Etat de régler – et comment ? – cette fâcheuse querelle ?

Mme Rebecca Ruiz (C-DSAS) — Conseiller-ère d’Etat

Historiquement, la pédiatrie hospitalière lausannoise s’est développée dans deux entités distinctes, à savoir le Service de pédiatrie, initialement de l’Hôpital cantonal, puis du CHUV, et l’Hôpital de l’enfance. En 2000, le projet de modification de l’organisation de l’activité pédiatrique a été lancé, jusqu’à la fusion des équipes médico-soignantes et à l’intégration complète des structures de l’Hôpital de l’enfance à celles du CHUV en 2006. Cette fusion a amené à une nouvelle répartition des activités pédiatriques sur les deux sites, en particulier la concentration de toutes les urgences pédiatriques sur l’Hôpital de l’enfance, ainsi que le maintien sur ce site d’un service hospitalier de pédiatrie générale et de certaines consultations, par exemple l’endocrinologie-diabétologie. Dans le même temps, ont été concentrées au CHUV la majorité des spécialités pédiatriques ainsi que des lits de pédiatrie générale, une unité de soins intermédiaire et une unité de soins intensifs.

Alors que les médecins assistants et chefs de clinique effectuent des rotations dans les différentes entités de pédiatrie, que ce soit à l’Hôpital de l’enfance et sur la cité hospitalière, les médecins-cadres ont une activité, pour la majorité d’entre eux, qui se déroule quasiment exclusivement sur un seul site. Par ailleurs, la pédiatrie a connu au cours des 20 dernières années un très fort développement de ses différentes sous-spécialités avec parfois un éloignement entre la pédiatrie générale et ses disciplines filles. Afin de regrouper l’entier des structures pédiatriques sur un seul site, il a été décidé – tant par le Conseil d’Etat que par le Grand Conseil – en 2013, la construction du nouvel Hôpital des enfants, actuellement en cours, sur la cité hospitalière. Ce regroupement sur un seul site est important non seulement pour améliorer l’efficience de toutes les structures de pédiatrie, mais aussi pour accroitre la collaboration entre les différentes entités.

Par ailleurs, l’été 2022 sera marqué, d’une part, par le changement du chef de service de pédiatrie, avec le départ à la retraite de l’actuel au 31 juillet et son remplacement dès le mois d’août. Dans le même temps, le responsable des urgences et de la pédiatrie hospitalière sur le site de l’Hôpital de l’enfance prendra lui aussi sa retraite au 31 juillet 2022.

Enfin, pour permettre une meilleure collaboration entre les équipes médicales et en particulier assurer un nombre suffisant de médecins pour les activités de pédiatrie générale hospitalière, à savoir les urgences et les services d’hospitalisation, la Direction du CHUV et celle du Département femme-mère-enfant (DFME) ont pris des dispositions dès avril 2021. Le Chef du département femme-mère-enfant s’est vu confier la réalisation d’un mandat d’inventaire exhaustif et de réorganisation des activités des différentes spécialités pédiatriques, ainsi que la mise sur pied de plans de formation pour les médecins assistants et les chefs de cliniques leur permettant, notamment lorsqu’ils sont en formation de sous-spécialités, de continuer à participer au service de garde de pédiatrie générale. Le chef du DFME assume, de plus, depuis l’automne 2021, la responsabilité organisationnelle du service de pédiatrie.

Enfin, depuis l’été 2021, différentes mesures ont été prises pour renforcer les effectifs d’assistants, de chefs de clinique et de médecins-cadres de pédiatrie générale, notamment pour faire face à des arrêts longue durée ainsi que des démissions. D’une part, des chefs de cliniques des différentes spécialités participent de façon plus importante à la garde aux urgences de l’Hôpital de l’enfance ou dans les services d’hospitalisation pédiatrique de la cité hospitalière et de l’Hôpital de l’enfance. D’autre part, deux nouveaux médecins-cadres spécialistes en pédiatrie d’urgence ont été engagés dès le 1er juin 2022 et de nouveaux chefs de clinique ont également été nommés.

Pour conclure, le service de pédiatrie du CHUV est certes actuellement dans une situation difficile, mais qui est aussi – vous le relevez vous-même, monsieur le député – une situation de transition. Du point de vue de sa localisation avec un regroupement dans le nouvel Hôpital de l’enfant sur la cité hospitalière en 2024, mais aussi du point de vue du remplacement de ses médecins-chefs avec l’entrée en fonction d’un nouveau chef de service en août 2022, puis la désignation à venir d’un nouveau médecin-chef des urgences pédiatriques. Les mesures prises permettent néanmoins non seulement de faire face à la situation pour garantir au mieux la prise en charge des enfants aux urgences, dans les services d’hospitalisation générale et dans les sous-spécialités, mais aussi de donner une nouvelle dynamique et une meilleure cohésion au service de pédiatrie en prévision de son déménagement dans le nouvel Hôpital de l’enfant et son développement ultérieur.

Je peux par ailleurs vous informer du fait que je suis la situation de près, à travers des retours réguliers de la direction du CHUV, le chef du DFME et en assistant à des séances internes du service. Si la situation n’est pas encore stabilisée et qu’un certain nombre de querelles, comme vous le dites joliment, doivent encore être réglées, de nombreuses mesures ont été prises – et le seront encore les prochains mois – pour permettre à ce service important pour notre population de retrouver la sérénité nécessaire à l’accomplissement de ses missions.

M. Philippe Vuillemin (PLR) —

Je remercie Mme la conseillère d’Etat pour sa réponse très fouillée. J’ai pris conscience de ce conflit ridicule lorsque j’étais étudiant en médecine, en 1976. Est-ce que, 46 ans plus tard, cela pourrait s’arranger ? Nous avons l’air d’être sur la bonne piste. Tant mieux ! J’espère que cela se réalisera vraiment.

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