Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 5 septembre 2023, point 8 de l'ordre du jour

Texte déposé

Avant la pause de l’été 2023, le Grand Conseil a traité de l’EMPD 22_LEG_247 accordant un crédit-cadre de 4 ans de CHF 50'000'000.- , visant à renforcer le soutien de l'État aux infrastructures touristiques au sens de l’article 24, al. 2 LADE. Plusieurs intervenant.e.s ont relevé dans le cadre du débat que cet appui au développement économique ne traite que des conséquences du réchauffement climatique, à savoir la diminution du manteau neigeux, mais en aucun cas du fond de l’affaire, à savoir l’empreinte carbone du secteur du tourisme. Or une récente étude indique que si nous parvenons à limiter le réchauffement planétaire à 2°C, 50% des stations pourraient continuer à bénéficier d’un certain enneigement permettant des activités d’hiver, mais que si le réchauffement atteint 4°C, 98% des stations devraient se priver d’activités liées à la neige et donc complètement modifier leur modèle économique. [1][2]

 

Le secteur du tourisme a donc un intérêt immédiat à limiter son empreinte carbone. Or, différentes études l’ont montré, 50 à 70% de l’impact carbone du ski est lié à la mobilité. Dans notre pays, si on assiste effectivement à un report modal dans le cadre des déplacements professionnels, trop peu de changements sont constatés dans le cadre de la mobilité de loisirs. Si le Canton, la Confédération et les Communes soutiennent les transports publics permettant d’accéder aux stations, notamment les trains et les cars postaux, une fois arrivé en haut on reste souvent bien limité sans véhicule individuel motorisé. Certes, des bus-navettes se développent lentement dans certaines stations, mais il n’y a que très peu d’infrastructures d’autopartage de véhicules automobiles ou de vélo électriques. On ne parle pas ici de VTT électriques permettant de gravir les sommets mais de vélos permettant par exemple de faire ses courses.

 

Dans d’autres Cantons, certaines Communes favorisent l’accès aux stations de montagne en transports publics, par exemple par l’envoi en avance de ses bagages en train et car postal. A ma connaissance rien de tel n’existe sur le canton de Vaud. Pourtant, ce type d’offres répondrait à une demande croissante d’individus et de familles qui souhaitent venir à la montagne sans voiture. De plus, de telles infrastructures permettent également de développer les Communes de montagnes en tant que lieu de vie et de résidence permanente, ce qui contribue également à renforcer leur vitalité.

 

Il y a trois ans, un postulat sur ce même thème avait été déposé par M. le député Julien Eggenberger et consorts (20_POS_215). Le débat à cette époque s’était beaucoup focalisé sur le ski, et le Grand conseil avait refusé de prendre ce texte en considération. Néanmoins, en trois ans, on voit que les perceptions évoluent, notamment sur le tourisme quatre saisons. Il me semble donc opportun de remettre ce sujet sur le tapis.

 

Ainsi, j’ai l’honneur d’interpeller le Conseil d’Etat pour les questions suivantes :

  1. Des projets spécifiques visant à favoriser le report modal dans les stations touristiques ont-ils été soutenus précédemment dans le cadre de la LADE ?
  2. Des projets spécifiques visant à favoriser le report modal dans les stations touristiques seront-ils soutenus dans le cadre du nouveau crédit-cadre voté en juin 2023 ?
  3. Le Conseil d’Etat prévoit-il d’autres mesures incitatives pour favoriser l’accessibilité et les déplacements sans voiture individuelle dans les stations vaudoises d’altitude ?

 

[1]https://www.letemps.ch/sciences/environnement/le-rechauffement-climatique-un-immense-defi-pour-le-ski-en-europe

 

[2] François, H., Samacoïts, R., Bird, D.N. et al. Climate change exacerbates snow-water-energy challenges for European ski tourism. Nat. Clim. Chang. (2023). https://doi.org/10.1038/s41558-023-01759-5

Conclusion

Souhaite développer

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Vincent KellerEP
Sébastien HumbertV'L
Sabine Glauser KrugVER
Anna PerretVER
Felix StürnerVER
David RaedlerVER
Pierre FonjallazVER
Blaise VionnetV'L
Patricia Spack IsenrichSOC
Laure JatonSOC
Cendrine CachemailleSOC
Hadrien BuclinEP
Muriel ThalmannSOC
Yannick MauryVER
Claude Nicole GrinVER
Séverine EvéquozVER
Nathalie JaccardVER
Denis CorbozSOC
Théophile SchenkerVER
Cloé PointetV'L
Julien EggenbergerSOC
Cédric RotenSOC
Alberto MocchiVER
Martine GerberVER
Romain PilloudSOC
Géraldine DubuisVER
Céline MisiegoEP
Joëlle MinacciEP
Valérie ZoncaVER

Document

23_INT_139-Texte déposé

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Yolanda Müller Chabloz (VER) —

Cet été, j’ai eu l’occasion de me rendre en tant que touriste dans d’autres cantons alpins que le canton de Vaud, et notamment les Grisons. J’ai été passablement impressionnée par plusieurs éléments : tout d’abord, par la qualité de la desserte en transports publics et leur fréquentation – ils étaient régulièrement pleins – ensuite, par l’accent mis sur le développement des activités d’été comme le VTT ou la randonnée et, enfin, par tout ce qui a été mis en place pour l’accueil des familles. Cela m’a fait réfléchir à notre débat d’avant l’été sur le soutien aux infrastructures touristiques vaudoises, débat dont j’étais sortie passablement frustrée. En effet, plusieurs interventions de représentants des stations touristiques n’étaient pas alignées avec mes propres attentes en tant que touriste. Si, lors de ce débat, nous avons parlé de limiter l’impact environnemental des infrastructures, nous n’avons pas du tout abordé la place de la mobilité individuelle dans l’empreinte carbone du tourisme, alors qu’elle est la source de plus de la moitié des émissions du ski, par exemple. Ce sujet avait déjà été thématisé, il y a 3 ans,  dans un postulat de mon collègue Julien Eggenberger, postulat qui avait été refusé à l’époque. Sans vouloir refaire tout le débat de la Loi sur l’appui au développement économique (LADE), mon interpellation demande des compléments d’information sur le soutien à des projets qui favorisent le report modal dans les stations, ainsi que d’autres mesures incitatives qui seraient envisagées par le Conseil d’Etat.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

L’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.

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