« Entendre directement les spécialistes de la santé est plus rassurant et formateur »
Ateliers santé pour seniors issus de la migration
« Nous qui avons un âge avancé, avons réellement besoin d’informations précises pour notre santé. Et nous devons être orientées vers les services de prévention, afin d’éviter que les maladies s’empirent. » Nora (Prénom d’emprunt), âgée de 62 ans et d’origine albanaise, est convaincue par l’utilité des ateliers proposés par l’Entraide protestante suisse (EPER) dans lesquels elle et une vingtaine d’autres personnes migrantes peuvent renforcer leurs connaissances en matière de santé. En effet, dans le canton de Vaud, selon Statistique Vaud, environ 20% des personnes de 55 ans et plus sont de nationalité étrangère, Souvent, elles ne sont pas familières du fonctionnement du système de santé et de ses offres.
Ces ateliers mêlent théorie et pratique et se déroulent dans les quatre régions du canton.
Safia Jobara, responsable à l’EPER pour le programme Âge et migration en Suisse romande, précise : « Nos séances d’information sont complétées pardes activités axées sur le bien-être physique et moral, ce qui permet aux personnes participantes de mettre en pratique les informations dispensées ». Ces éléments sont transmis par les principaux acteurs du réseau de santé vaudois. Nora explique : « Même si je dispose déjà d’informations de base, obtenues à travers les médias, les réseaux sociaux, mon entourage ou mon médecin de famille, ces soirées offrent une opportunité tout à fait différente. Entendre directement les spécialistes de la santé expliquer, clarifier et répondre à nos questions est beaucoup plus rassurant et formateur. » Nora suit les ateliers de l’EPER depuis 2022. « J’ai besoin d’être informée de manière continue et fiable », dit-elle en souriant.
En plus d’un manque d’informations sur les offres de santé, les personnes migrantes vieillissantes ont souvent des parcours de vie difficiles, marqués par exemple par des emplois précaires et pénibles. Ces parcours sont susceptibles d’induire une situation de fragilité physique mais aussi psychique au cours du vieillissement. L’accès aux soins est également freiné par des barrières linguistiques, culturelles ou administratives. Par ailleurs, l’’absence de prévention et de détection précoce peut entraîner des complications graves et coûteuses.
Grâce à ces ateliers, Nora a pris conscience de l’importance de la prévention et a été encouragée à devenir actrice de sa propre santé. « Les animatrices m’ont motivée à participer aux programmes cantonaux de dépistage du cancer. La mammographie est désormais une démarche habituelle pour moi et la plupart des personnes participantes. »
En organisant ces ateliers, l’EPER réalise également un travail de sensibilisation des professionnelles et professionnels lié aux enjeux du vieillissement de la population migrante et ses besoins spécifiques. L’association les met en contact avec ce public et travaille le contenu des séances au préalable avec elles et eux. Le but : contribuer à une meilleure connaissance de ce public et à une prise en charge de ses spécificités, telles que la méconnaissance du système de santé ou les lacunes en matière de prévention de certaines maladies.
Ce projet a démarré en 2022 et s’inscrit dans la mesure 7 du plan de mesures Vieillir2030 (pdf, 85 Ko). Cette mesure vise à tester des actions visant à accompagner l’accès aux prestations d’accompagnement social, de santé et financières pour les seniors en situation de vulnérabilité sanitaire ou de précarité sociale. Le projet est financé, jusqu’en 2028 au moins, par la Direction générale de la santé (DGS) à travers le programme cantonal d’activité physique, alimentation et santé mentale.
Plus d’information sur le projet : Safia Jobara, responsable à l’EPER du programme âge et migration pour la Suisse romande : safia.jobara(at)eper.ch