Le monde méconnu mais indispensable des professions médico-techniques

Photographie de Jess Coca et Alexandra Baggenstos
Terminant leur formation à l’École supérieure de la santé de Lausanne, Alexandra Baggenstos et Jess Coca ne rencontreront aucune difficulté à trouver un emploi dans un secteur qui recrute. MARIE-LOU DUMAUTHIOZ

Apportant leur expertise métier aux médecins, les techniciens en salle d’opération et en analyses biomédicales ont une forte identité professionnelle. Témoignages.

Certaines professions de la santé sont moins connues que d’autres, mais tout aussi essentielles. Les professions médico-techniques, en particulier, qui représentent 12% du personnel de santé des hôpitaux en Suisse. En font partie les techniciens et techniciennes en analyses biomédicales (TAB), sans lesquels il n’y aurait pas de diagnostic possible, et les techniciens et techniciennes en salle d’opération (TSO), qui garantissent le bon déroulement des interventions chirurgicales. Deux métiers qui s’acquièrent par des formations professionnelles supérieures, après un apprentissage ou après le gymnase.

Analyse et diagnostic
Jess Coca est étudiant de dernière année à l’École supérieure de la santé. Le futur technicien en analyses biomédicales (TAB) est heureux de son choix et de son parcours de formation. Après l’école obligatoire, son goût pour les maths et les sciences l’a conduit à suivre un apprentissage de laborantin en biologie à l’Institut de biochimie de l’Université de Lausanne. C’est en cours de route que le jeune apprenti, passionné par la biologie et le corps humain, a ressenti l’envie de poursuivre des études. «Après mon CFC, j’avais besoin d’aller plus loin intellectuellement.» Jess Coca obtient alors une maturité professionnelle et enchaîne avec l’examen permettant d’accéder aux études universitaires, avant de commencer médecine. Trouvant cependant les études trop théoriques, il quitte l’Uni et réoriente à nouveau sa formation. Ce qu’il a gardé de ses études de médecine, ce sont les cours de laboratoire et les travaux pratiques. «Je me suis renseigné sur www.orientation.ch sur les professions du laboratoire, puis je me suis présenté à l’examen d’entrée de la filière Technicien en analyses biomédicales de l’École supérieure de la santé.» Les formations en école supérieure articulent enseignement théorique en école et stage en milieu professionnel, un modèle que Jess Coca apprécie. «La formation de TAB (ndlr: 2 ans après un CFC de laborantin) est très condensée. Les stages nous permettent de réaliser l’importance de certaines matières et de faire le lien. On apprend tellement en mettant en pratique ce qu’on voit en théorie!» Son premier stage s’est déroulé dans un laboratoire polyvalent, le deuxième en médecine légale. «Le métier de TAB est très pointu, mal connu, même des professionnels de la santé. Sans nos analyses, les médecins auraient plus de difficultés à poser un diagnostic précis.» Son métier se tient à l’écart du patient, et pourtant celui-ci n’est jamais loin. «Il y a un patient derrière chaque analyse. C’est de notre responsabilité de trouver les résultats qui lui permettront de suivre le traitement adéquat.»

Assurer la sécurité du patient
Intéressée par les métiers de la santé, Alexandra Baggenstos a commencé des études en soins infirmiers après l’École de culture générale avant de se réorienter vers le métier de technicienne en salle d’opération (TSO). «On pense que l’instrumentiste (ndlr: synonyme de TSO) tend juste les instruments au chirurgien. Mais c’est bien plus que ça!», s’exclame l’étudiante de 24 ans, qui termine sa formation de trois ans cette année. Alexandra Baggenstos apprécie son métier qui lui permet d’être en contact direct des patients, au-delà de l’aspect psycho-social, et de mettre en pratique leur traitement chirurgical. Pour ce faire, les étudiants et étudiantes TSO acquièrent des connaissances en anatomie et physiologie spécifiques aux techniques opératoires et des compétences dans la prévention des infections nosocomiales (contractées lors d’un séjour hospitalier). «Au bloc, le TSO est le bras droit du chirurgien, poursuit la jeune femme. Nous devons connaître le dossier du patient et la procédure opératoire, et savoir réagir en cas d’imprévu. Il faut avoir un mental fort et être capable de prendre des décisions en cas d’urgence.» La formation de TSO met rapidement les étudiants et étudiantes à l’épreuve du terrain. «Dès la première année, on est dans le vif du sujet, on instrumente pour des opérations électives (ndlr: non urgentes).» En salle d’opération, chef de bloc, médecin, assistant technique en salle d’opération, équipe anesthésie et TSO travaillent en équipe. «La communication est très importante. Il faut savoir adapter son langage», observe Alexandra Baggenstos, dont le travail de diplôme porte justement sur la communication interprofessionnelle. Autant de connaissances et de responsabilités qui permettent au TSO d’instaurer un climat de confiance en salle d’opération et de garantir la sécurité du patient. Dans les deux métiers de TSO et TAB, la pénurie de personnel se fait déjà sentir, en partie due au départ à la retraite des professionnels et aux projets d’élargissement d’activités des institutions de soins. Les perspectives d’emploi des professions médico-techniques sont excellentes et assurées à long terme.

Corinne Giroud
Office cantonal d'orientation scolaire et professionnelle

Publié dans le 24 heures du 22 juin 2023

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