Les HES, voie royale vers l'emploi

La création des hautes écoles spécialisées (HES) a redessiné le paysage suisse des hautes écoles au tournant du siècle, tout en valorisant une nouvelle étape dans les cursus de formation professionnalisante. Elles ont permis à des dizaines de milliers de personnes de se former dans un métier en leur fournissant des compétences d’analyse et de recherche. C’est ce double profil pratique et réflexif qui fait tout l'intérêt des parcours en HES — et qui ouvre les portes du monde professionnel. À l’aube de la nouvelle année académique, il est intéressant de relever qu’un an après avoir terminé leurs études, 97,3 % des diplômées et diplômés HES en Suisse sont actifs dans leur domaine.

Bachelor : le grade le plus fréquent

Un cursus de Bachelor en trois ans est le parcours « classique » d’une formation en HES qui alterne théorie et pratique. Certaines filières proposent de suivre le cursus de Bachelor également à temps partiel, ce qui augmente de quelques semestres le temps de formation mais permet aux personnes qui assument d’autres charges, notamment familiales, de se former à leur rythme. Quelques formations sont aussi accessibles en emploi, notamment dans la Santé ou le Travail social. De plus, tous les domaines proposent désormais des cursus de Master, le plus souvent conjoints à plusieurs hautes écoles de la HES-SO. Quant au Doctorat, les HES proposent de le suivre en collaboration avec des universités suisses ou étrangères, car elles ne sont pas autorisées à délivrer seules ce titre.

Les voies d’accès

La voie d’accès la plus favorable est de disposer d’une maturité spécialisée ou professionnelle dans le domaine correspondant à la filière d’étude choisie. Pour les détentrices et détenteurs d’une maturité gymnasiale, une année d’expérience professionnelle dans le domaine de la formation souhaitée est exigée, soit au moyen de stages, soit par des passerelles. Par exemple dans le domaine de l’Ingénierie, des modules complémentaires techniques (MCT) sont donnés en collaboration avec le Centre professionnel du Nord vaudois (CPNV). Pour les jeunes femmes, une année préparatoire « Future ingénieure » est proposée à la HEIG-VD, puisqu’il s’agit de promouvoir la présence des femmes dans ce domaine. Une nouvelle possibilité est celle du Bachelor intégrant la pratique (PiBS), pour des étudiantes et étudiants détenteurs d’une maturité gymnasiale et qui pratiquent leur cursus avec un emploi fixe à temps partiel dans leur champ de formation, durant quatre ans. Pour le domaine de la santé, l’Année propédeutique santé (APS), commune à HESAV et La Source, permet aux personnes non issues d’une maturité professionnelle santé d’acquérir les compétences et l’expérience nécessaires pour s’inscrire dans la filière Bachelor de leur choix.

Des filières régulées

Toutes les formations en HES ne sont pas forcément accessibles sur simple inscription avec le titre d’admission requis. Certaines filières sont régulées et offrent dès lors un nombre de places limité. La régulation tient notamment compte des places de stages disponibles et concerne toutes les personnes candidates de cette filière. La régulation s’applique dans les domaines Musique et Arts de la scène ou Design et Arts visuels, qui mettent en place des tests ou des auditions. La régulation est pratiquée également dans les domaines de la Santé et du Travail social, à l’aide de tests d’aptitudes. Les filières de Physiothérapie ou d’Ergothérapie, par exemple, sont très prisées mais ne peuvent accueillir qu’un nombre restreint d’étudiantes et étudiants. Chaque haute école renseigne toute personne intéressée sur les conditions d’admission à ses filières — mais il faut y penser à l’avance.

Les débouchés

L’avantage des formations en HES est un taux d’employabilité très élevé pour l’ensemble des diplômé·e·s. C’est le résultat d’un ancrage fort dans le terrain pour toutes les formations. Les stages effectués, qui représentent une part importante des cursus, permettent d’arriver sur le marché de l’emploi avec des compétences directement applicables. Elles et ils ont aussi connaissance des dernières avancées de la recherche dans leur domaine. Pour leurs employeurs, ce vivier de talents renouvelle l’influx des équipes et permet de les dynamiser. Quatre personnes sorties des HES vaudoises témoignent de leur parcours, avec des transitions réussies vers un emploi (lire ci-dessous).

Un réseau d’écoles

Les HES sur sol vaudois font toutes partie de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO), qui rassemble des institutions de tous les cantons romands et du canton de Berne. Les premiers cursus de formation ont démarré en 2002, tout d’abord dans le domaine Santé-Social. Plusieurs domaines ont complété l’offre initiale : Design et Arts visuels, Ingénierie et Architecture, Economie et Services, Musique et Arts de la scène. Dans le canton de Vaud, neuf HES proposent des formations dans tous ces domaines. Six sont cantonales : l’ECAL, la HEIG-VD, l’HEMU, la HETSL, HESAV et La Source. Trois sont directement conventionnées avec la HES-SO : CHANGINS, l’EHL et La Manufacture.

Effectifs et titres

En 2020, on dénombre 39 144 étudiantes et étudiants dans le canton de Vaud, toutes formations confondues. L’effectif est de 27 572 personnes sans l’EPFL et de 7625 personnes fréquentant une HES, dont 4986 une HES cantonale.

En 2020, 5970 titres (Bachelor et Master) ont été décernés dans les hautes écoles du canton de Vaud, sans l’EPFL. Parmi ces titres, 2056 ont été décernés par les HES (34,4 % de l’ensemble), dont 1307 par les HES cantonales (21,9 % de l’ensemble). 

En 2019, les titres présentés pour être admis dans les HES vaudoises étaient : la maturité professionnelle dans le domaine visé (31 %), la maturité spécialisée dans le domaine visé (18 %), et la maturité gymnasiale (26,1 %). Dans un quart des cas (24,9 %), un autre titre était présenté, comme d’autres maturités professionnelles ou spécialisées ou des titres étrangers.

Employabilité

Selon des chiffres de 2018, le taux d’employabilité des diplômées et diplômés HES en Suisse est de 97,3 % un an après l’obtention du diplôme (96 % pour les HEU). C’est dans le domaine des sciences sociales et de l’éducation (intégrant les HEP) que ce taux d’employabilité est le plus élevé, atteignant les 99 %. Les autres domaines oscillent entre 92,2 % (Arts) et 98,7 % (Santé).

« Je travaille au sein du service de chirurgie thoracique et vasculaire du CHUV. J’ai obtenu une maturité gymnasiale, option biologie et chimie : une base solide pour une formation en santé. Puis j’ai fait mon service militaire en tant que sanitaire d’unité — un ambulancier pour troupe de combat. À HESAV, j’ai d’abord suivi l’Année propédeutique santé (APS), puis j’ai intégré la Physiothérapie pour une année. Mais j’ai finalement opté pour les Soins infirmiers. J’ai été coach étudiant et ambassadeur pour ma filière. J’ai vécu des formations pratiques enrichissantes, avec des personnes exceptionnelles. La formation est exigeante : on comprend que des vies seront un jour entre nos mains. Une des plus-values de la formation Bachelor en Soins infirmiers est la lecture et production de contenu scientifique — ce qui ouvre l’accès au Master et au Doctorat. Je conseille aux personnes qui désirent suivre cette formation de s’orienter dans une maturité ou un apprentissage du domaine de la santé. Mais même avec une voie moins rapide, tant qu’on reste fixé sur son objectif, tout peut arriver. »

Wassim Jerbia
Diplômé HESAV

« Avant mon entrée en HES, j’ai effectué une école de culture générale à La Chaux-de-Fonds. J’ai ensuite fait une année de stage dans des institutions liées à l’éducation spécialisée (Fondation de Verdeil et Fondation des Eglantines). Le terrain m’a permis de savoir où je souhaitais axer ma formation. Les atouts de la formation en HES ? Le terrain — le terrain — le terrain ! J’ai apprécié de pouvoir rencontrer des professionnels du domaine. Le stage était pour moi l’atout majeur de cette formation. Je suis maintenant Directrice du Théâtre Boulimie à Lausanne. J’ai aussi monté ma propre structure de coordination culturelle qui s’appelle Minuit Pile. J’y emploie trois personnes et nous suivons plus de dix compagnies et projets. Les stages m’ont permis de rediriger ma formation vers l’animation socio-culturelle et de trouver un métier qui me passionne. Je conseille de ne pas hésiter à faire son premier stage dans une institution ou une filière à laquelle on n’aurait pas pensé. C’est formateur de se laisser surprendre. »

Marion Houriet
Diplômée HETSL

« J’ai réalisé d’abord un apprentissage en électronique au sein de l’entreprise BOBST SA d’une durée de quatre ans avec maturité professionnelle intégrée. Cela m’a permis de découvrir l’électronique, un domaine qui me fascinait depuis petite, et de connaître le monde de l’industrie. Ensuite j’ai continué mes études à la HEIG-VD en électronique embarquée et mécatronique. Un atout de cette formation est la mise en pratique de la théorie vue en cours. Cela permet de mieux appréhender certains aspects technologiques et scientifiques. J’ai apprécié d’avoir des classes relativement petites : cela permet une bonne ambiance générale et facilite l’interaction avec les professeurs. J’ai aussi eu l’occasion de participer à un projet technologique interdisciplinaire pendant un semestre, réunissant des étudiants d’autres hautes écoles. Actuellement, je travaille au sein de l’Institut d’automatisation industrielle de la HEIG-VD (IAI). Un professeur m’a proposé le poste et j’ai commencé le lendemain de ma défense de Bachelor. J’encourage les personnes envisageant une telle formation à acquérir auparavant des bonnes bases : CFC et maturité professionnelle ont constitué pour moi une préparation adaptée aux études à la HEIG-VD. »

Jessica Schmid
Diplômée de la HEIG-VD

« Avant d’entrer à l’ECAL, j’ai fait mes études de Bachelor Design de produit aux Pays-Bas, à l’Académie des Beaux-Arts ARTEZ. L’enseignement était très libre et nous devions fixer nos propres échéances, ce que j’ai trouvé honnêtement assez difficile. J’y ai beaucoup appris sur les matériaux, ce que j’ai apprécié. Un des atouts de l’ECAL est sa réputation : j’ai pu y suivre l’un des meilleurs Masters au monde. L’approche personnelle m’a beaucoup apporté : le corps enseignant est très impliqué dans nos projets. Même si le programme est assez exigeant, le sentiment d’accomplissement est très élevé. Les efforts de l’école pour présenter notre travail à travers le monde sont impressionnants. Après, j’ai choisi de travailler pour mon propre compte, comme spécialiste dans le Design en lien avec le domaine alimentaire, et c’est un choix professionnel réussi. Je n’aurais pas pu le faire sans mon diplôme de Master. Je conseille d’acquérir de l’expérience avant de se lancer dans un Master à l’ECAL. Lorsqu’on a une idée précise de ce qu’on veut dans le futur, on bénéficie énormément de ce cursus. »

Carolien Niebling
Diplômée de l’ECAL


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