Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 30 août 2022, point 33 de l'ordre du jour

Texte déposé

Forêt vaudoise en régime forestier « forêt jardinée », avantage et désavantage

 

La forêt jardinée ou futaie jardinée est un type de futaie irrégulière caractérisé par un mélange pied par pied d'arbres de toutes dimensions, de feuillus et de résineux. Les arbres d'un même peuplement sont de classe de tailles et d'âges différents où le but est d'obtenir une structure d'âge qui assure une production régulière et continue de biens et de services

Sa gestion consiste essentiellement à prélever périodiquement l'accroissement de manière à conserver un volume de bois sur pied constant et à conserver une structure d'âge équilibrée.

On peut ainsi y trouver des petits arbres voire des semis qui côtoient des arbres déjà arrivés à maturité. Les futaies irrégulières sont en outre caractérisées par une fermeture irrégulière de la canopée2, ce qui signifie que les différents peuplements ne forment pas des strates distinctes.

Elles ont un caractère immuable. Bien que passant tous les 10 à 12 ans en coupe, on peine à y voir le passage des forestiers. Seul un œil averti pourra déceler les traces d'une exploitation récente puisque après la coupe subsiste un peuplement avec toujours des arbres de tous âges et de toutes tailles.

Bien qu'elle puisse être considérée comme possédant certaines caractéristiques des forêts naturelles, la futaie jardinée est toujours une forêt gérée par l'homme.

Au niveau de la gestion, la futaie jardinée répond à des règles culturales et économiques. Les règles culturales favorisent la végétation et la reproduction des peuplements, les règles économiques sont un compromis entre choix des essences à production et valeur ajoutée en fonction des cours pratiqués et futurs.

Parmi les principaux avantages du régime de forêt jardinée, on peut relever :

 

  • une régénération essentiellement conduite par voie naturelle qui permet de travailler avec des essences en station et de provenance locale ;
  • une gestion « en continu » avec des exploitations régulières permettant de ne récolter que "les intérêts" d'un capital bois qui reste constant en forêt (les premiers forestiers ayant mis en œuvre le principe du jardinage ont inventé le principe de durabilité plus d'un siècle avant qu'il ne devienne courant) ;
  • une production de bois stable et constante sur le long terme. Les suivis détaillés des futaies neuchâtelois depuis plus de 120 ans montrent que le principe fonctionne sur le long terme avec des récoltes correspondant au matériel sur pied total moyen sur une révolution de 30 à 40 ans. Cela signifie qu'en une centaine d'années les propriétaires forestiers ont récolté l'équivalent de 3 fois le matériel sur pied total tout en conservant une couverture forestière maximale ;
  • une maximisation de la qualité des bois favorisée par les passages réguliers en coupe, passages qui sont systématiquement suivis par des opérations de réglage et de soins à la jeune forêt ;
  • une meilleure résistance aux tempêtes et aux nuisibles

Avec le changement climatique, ce dernier avantage, soit une meilleure résistance aux tempêtes et aux nuisibles tel que le bostryche qui ravage actuellement nos forêts est un avantage indéniable pour affronter l’avenir.

Le Canton de Neuchâtel pratique se mode de régime forestier depuis 1881.

 

 

Dès lors j’ai l’honneur de demander au Conseil d’Etat de nous fournir un rapport sur les avantages et désavantages de passer les forêts vaudoises en régime de forêt jardinée.

 

L’Auberson, le 23 septembre 2022

Yvan Pahud

Conclusion

Prise en considération immédiate

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Jean-Louis RadiceV'L
Jean-François ThuillardUDC
Patrick SimoninPLR
Josephine Byrne GarelliPLR
John DesmeulesPLR
Pierre-François MottierPLR
Céline BauxUDC
Denis DumartherayUDC
Fabien DeillonUDC
Nicolas BolayUDC
Sylvain FreymondUDC
Jacques-André HauryV'L
Fabrice TannerUDC
Fabrice MoscheniUDC
Aliette Rey-MarionUDC
Cloé PointetV'L
Oscar CherbuinV'L
Philippe GermainPLR
Jerome De BenedictisV'L
Nicolas GlauserUDC
Didier LohriVER
Pierre-André RomanensPLR
Yann GlayreUDC
Cédric WeissertUDC
Mathieu BalsigerPLR
Daniel RuchPLR
Sébastien HumbertV'L
Florian DespondPLR
Stéphane JordanUDC
Jean-Bernard ChevalleyUDC
Géraldine DubuisVER
Fabrice NeyroudUDC
Marc MorandiPLR
Grégory BovayPLR

Document

22_POS_38-Texte déposé

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Yvan Pahud (UDC) —

J’ai l’honneur de demander un rapport sur les avantages et désavantages de passer les forêts vaudoises au régime de la forêt jardinée. La forêt jardinée – ou futaie jardinée – est un type de futaie irrégulière caractérisée par un mélange, pied par pied, d’arbres de toutes dimensions et composé de feuillus et de résineux. Les arbres d’un même peuplement sont de classes de taille et d’âge différents, le but étant d’obtenir une structure d’âge qui assure une production régulière et continue de biens et de services. La gestion consiste essentiellement à prélever périodiquement l’accroissement, de manière à conserver un volume constant de bois sur pied avec une structure d’âges équilibrée. Bien qu’elle puisse être considérée comme possédant certaines caractéristiques des forêts naturelles, la futaie jardinée est toujours une forêt gérée par l’homme.

Au niveau de la gestion, la futaie jardinée répond à des règles culturales et économiques. Les règles culturales favorisent la végétation et la reproduction des peuplements. Les règles économiques sont un compromis entre choix des essences à production et valeur ajoutée en fonction des cours pratiqués et futurs.

Parmi les principaux avantages du régime de forêt jardinée, on peut relever :

  • une régénération essentiellement conduite par voie naturelle ;
  • une gestion « en continu », avec des exploitations régulières permettant de ne récolter que les intérêts d’un capital bois ;
  • une production de bois stable et constante sur le long terme ;
  • une maximisation des qualités des bois favorisée par des passages réguliers en coupe ;
  • et surtout une meilleure résistance aux tempêtes et aux nuisibles.

En effet, avec le changement climatique, une meilleure résistance aux tempêtes et aux nuisibles – tel que le bostryche qui frappe actuellement nos forêts – est un avantage indéniable pour affronter l’avenir.

Je suis persuadé que ce postulat va dépasser le clivage gauche-droite, puisqu’il allie, d’un côté, la biodiversité avec des forêts qui tendent vers un état naturel et, de l’autre côté, une exploitation qui garantit toujours du bois de qualité pour la construction vaudoise. C’est la raison pour laquelle je propose un renvoi direct au Conseil d’Etat. Le fait de ne pas passer par une commission permet d’économiser quelques milliers de francs – environ 4000 francs. J’espère que ce postulat rencontrera un bon accueil et que vous accepterez de l’envoyer au Conseil d’Etat qui pourra faire un rapport sur les avantages et désavantages des forêts jardinées.

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Daniel Ruch (PLR) —

J’annonce mes intérêts : je suis forestier-bûcheron. Je soutiendrai le postulat de M. Pahud. Je précise néanmoins que, de manière générale, dans notre canton, on travaille de plus en plus en forêt jardinée. Dans le Jorat, c’est différent : il s’agit de forêts qui ont été plantées dans les années 1800 et qui ont plus ou moins été rasées ; des chênes ont été remplacés par des épicéas, pour la construction. Aujourd’hui, dans notre région et dans notre groupement forestier, nous travaillons beaucoup avec la régénération naturelle sous forme de forêts jardinées. C’est bien et c’est plus joli, mais cela a aussi un coût d’exploitation supplémentaire, comme l’a dit M. Pahud. Il est néanmoins vrai que cela offre une forêt beaucoup plus solide, qui résistera beaucoup mieux aux intempéries qui nous menacent avec le réchauffement climatique. Je vous encourage donc à soutenir ce postulat.

M. Vassilis Venizelos (CE22-27) — Conseiller-ère d’Etat

Je remercie le député Pahud pour le dépôt de son postulat. Comme vient de le faire M. le député Daniel Ruch, je souhaite rappeler que la pratique dite du jardinage est déjà largement répandue dans les forêts vaudoises, que ce soit dans le Haut Jura ou dans les Préalpes. Je précise aussi que cette pratique sylvicole n’est pas possible partout. Par exemple, elle ne fonctionne pas bien pour rajeunir les essences qui ont besoin de lumière, comme les chênes. Je rappelle encore que la politique forestière 2040 prévoit une mesure spécifique ; elle prévoit de mettre à jour les recommandations sylvicoles pour tenir compte de la multifonctionnalité, mais aussi du changement climatique et de la protection des sols. Dans le cadre de la mise en œuvre de cette mesure, nous prévoyons précisément de valoriser la pratique dite du jardinage qui pourrait effectivement répondre à l’objectif de la politique forestière 2040.

Pour conclure, je souhaiterais préciser qu’en marge de la question technique, il faut rappeler que le choix d’appliquer l’un ou l’autre de ces principes appartient finalement au propriétaire de la forêt. L’Etat ne peut pas imposer un principe sylvicole, dès lors que la gestion durable et multifonctionnelle est garantie dans les choix et les options retenues par le propriétaire de forêt. Cela dit, nous accueillerons volontiers ce postulat en ligne directe pour faire un rapport sur la question. Dans le cadre de la politique forestière, nous prévoyons de favoriser et de soutenir ce genre de mesure. Un renvoi direct au Conseil d’Etat nous convient donc parfaitement.

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

La discussion est close.

Dans son développement écrit, l’auteur demande le renvoi direct au Conseil d’Etat.

Le postulat, pris en considération, est renvoyé au Conseil d’Etat par 124 voix contre 1 et 5 abstentions.

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