Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 26 mars 2024, point 27 de l'ordre du jour

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Texte adopté par CE - R-CE INT Perret 23_INT_102 - publié

Transcriptions

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Mme Anna Perret (VER) —

Je remercie le Conseil d’Etat pour sa réponse claire et détaillée, dans laquelle il rappelle qu’il a fait de la lutte contre le dérèglement climatique et de l’adaptation au changement climatique une priorité de législature. Pour rappel, dans le Plan climat vaudois 2020, le Conseil d’Etat s’est engagé à œuvrer pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 50 à 60 % en 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050. Or, des études récentes montrent que le Plan climat vaudois 2020 ne va pas suffire. L’audit de l’EPFL de 2022 montre que, sans renforcement supplémentaire, la réduction des émissions de gaz à effet de serre n’avoisinera que 8 % vers 2030. J’avais déposé cette interpellation début juin 2023, quelques semaines avant la décision du Conseil d’Etat d’allouer une enveloppe supplémentaire de 209 millions de francs pour renforcer l’action climatique afin d’atteindre les objectifs. Vingt mesures immédiates avaient été identifiées par les départements afin de pouvoir passer à l’action tout de suite. Bien entendu, je salue la réactivité du Conseil d’Etat. En revanche, les mesures immédiates n’ont toujours pas été soumises au Grand Conseil et n’ont donc pas encore été déployées.

Dans mon interpellation, je citais la glaciologue Heïdi Sevestre qui appelait à une réaction immédiate : pas dans cinq ans, mais cette semaine ou ce mois, afin d’éviter la disparition de la banquise d’été de l’océan du nord et de l’Arctique, qui est un des piliers du système climatique. Il faut agir vite, comme le rappellent chaque mardi les organisations d’Objectif climat qui nous accueillent devant le Grand Conseil. J’espère donc que les départements vont nous soumettre ces mesures très rapidement, ainsi que le nouveau Plan climat vaudois, afin que nous puissions avancer.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Pierre Zwahlen (VER) —

Il faut bien le reconnaître en lisant cette réponse : la vitesse supérieure n’a pas été passée. Malheureusement, la réponse manque beaucoup de consistance. Certes, quelques mesures sont énumérées, notamment celles qui contribueront plus spécifiquement à la réduction des émissions de méthane et de protoxyde d’azote, à l’augmentation de la durée productive des vaches laitières, et des soutiens pour la valorisation énergétique de la biomasse, y compris les engrais de fermes, dont la production de biogaz, ainsi que des aides à l’investissement pour les installations d’acidification de lisiers. Pour le reste, la réponse se réfère au Fonds de soutien à l’économie durable, au renouvellement des installations ferroviaires servant au transport des matériaux et à la stratégie marchandise, ainsi qu’au bon de réduction d’un montant équivalant à la moitié d’un abonnement Mobilis deux zones aux jeunes jusqu’à 25 ans et aux personnes de 65 ans et plus.

L’essentiel de cette réponse consiste en un appel à la mobilisation de l’ensemble des actrices et acteurs. Alors oui, d’accord ! Mais s’il faut voir entre les lignes l’esquisse du futur plan climat 2024, il y a de quoi être déçu. Nous espérons encore que le Gouvernement trouvera plus d’élan pour réaliser l’objectif auquel le Conseil d’Etat s’est engagé, soit la réduction de 50 à 60 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, à savoir dans six ans.

M. Hadrien Buclin (EP) —

Je vais dans le même sens que Mme Perret et M. Zwahlen : la réponse du Conseil d’Etat n’est pas à la hauteur des enjeux. Premièrement, le flou ne devrait pas subsister dans les réponses du Conseil d’Etat sur les questions climatiques et sur les objectifs concrets et chiffrés de réduction de CO2 dans les années qui viennent. Nous ne trouvons pas ces objectifs dans la réponse du Conseil d’Etat. Pourtant et de plus, comme l’a rappelé notre collègue Perret, la réduction d’émissions permises par le premier plan climat est très inférieure à ce qui serait requis pour respecter l’Accord de Paris.

Deuxième remarque critique que je me vois obligé d’émettre : dans sa politique de réduction des émissions de CO2, le Conseil d’Etat peine à intégrer de manière conséquente le caractère d’urgence. M. Zwahlen l’a indiqué, mais il importe de le répéter et de le souligner : nous ne voyons pas quelles sont les mesures d’urgence envisagées par le Conseil d’Etat. Prenons les réponses aux questions 3 et 4 qui abordent la thématique des transports. Certes, le Conseil d’Etat nous annonce des facilités tarifaires pour les jeunes en formation et les retraités. C’est une bonne chose que le Conseil d’Etat admette enfin que des tarifs plus incitatifs favorisent le recours aux transports publics plutôt qu’à la voiture – de notre côté, cela fait une vingtaine d’années que nous le répétons. Une prise de conscience à ce sujet est donc bénéfique. Toutefois, si c’est une mesure efficace et que nous vivons une période d’urgence climatique, 18 mois après la publication du programme de législature, pourquoi n’y a-t-il toujours pas de projet de décret permettant la concrétisation de ces facilités tarifaires ?

J’avoue ressentir de l’inquiétude en lisant, dans le communiqué d’aujourd’hui du Conseil d’Etat relatif aux Comptes 2023, que certaines mesures prévues par le Programme de législature seront reportées en raison de la situation financière. J’espère en tout cas que les mesures liées à la politique climatique, comme la réduction des tarifs des transports publics, ainsi que d’autres mesures liées à la préservation de la biodiversité, ne seront pas reportées aux calendes grecques et sacrifiées sur l’autel de l’austérité. Une austérité que le Conseil d’Etat d’ailleurs a lui-même provoquée par des baisses d’impôts à répétition ces dernières années ! Nous nous trouvons donc aujourd’hui dans une situation plus difficile pour mettre en œuvre ces indispensables mesures de transition climatique ! Je ne vais pas continuer trop longtemps parce que nous pouvons difficilement mener un débat de fond dans le cadre d’une réponse à une interpellation. Toutefois, j’appelle le Conseil d’Etat à accélérer sa politique climatique.

Mme Valérie Dittli (C-DFA) — Conseiller-ère d’Etat

Je peux vous assurer que la politique climatique est l’une des priorités, l’un des axes principaux de notre Programme de législature et que nous allons agir selon ce dernier. Je me permets aussi de préciser que cette interpellation ne portait pas sur les chiffres des réductions. La réponse à une interpellation du député Humbert permettra de donner des éléments de réponses sur les trajectoires des réductions visées par le Plan climat. Nous allons donc répondre aux questions mentionnées ou posées aujourd’hui en plénum par le biais de cette interpellation. Je me rends bien compte qu’il faut savoir mesurer ce que nous faisons pour savoir où nous allons et si les mesures prévues sont efficaces ou non.

Finalement, je me permets de souligner qu’entre-temps – en juin dernier – le Conseil d’Etat a communiqué sur les prochaines mesures envisagées par le 2e volet du Plan climat. Les départements travaillent d’arrache-pied à la mise en place des mesures emblématiques de ce 2e volet pour faire face au réchauffement climatique que nous vivons chaque jour dans des domaines différents.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La discussion est close.

Ce point de l’ordre du jour est traité.

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