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Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 22 mars 2022, point 11 de l'ordre du jour

Texte déposé

 

L’Union suisse des paysans (USP) et le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) ont initié ensemble en 2015 déjà, un projet visant à intégrer des migrants dans l’agriculture en collaboration avec la Haute école spécialisée bernoise (BFH). Les résultats de cette étude ont démontré la faisabilité de cette démarche dans la pratique, au profit de toutes les parties concernées : 1).

 

Le canton du Jura a aussi instauré dès 2016 un partenariat entre la Chambre d’agriculture jurassienne et l’EJAM, l’Association Jurassienne d’Accueil des Migrants : 2).

Cette expérience jurassienne a été couronnée de succès car elle a permis à des jeunes migrants de se former et de s’intégrer dans le tissu économique du canton, tout en amenant un soutien bienvenu aux agriculteurs, en agriculture bio notamment. En effet pour respecter le cahier des charges de Bio Suisse, des humains sont nécessaires dans les champs et sur la ferme pour remplacer la chimie.

 

Dans le canton de Vaud, c’est quelques 3580 fermes familiales qui sont recensées en 2020, avec une moyenne d’âge supérieure à 50 ans pour plus de 49 % des chefs d’exploitation 3).

Une forte proportion, de l’ordre de 30 %, de ces fermes ont de la peine à trouver un repreneur au sein de la famille et qui plus est des collaborateurs à l’extérieur de la famille. En effet nos exploitations agricoles, dans le contexte de notre politique agricole de ces 30 dernières années, sont devenues trop lourdes, trop compliquées avec d’innombrables heures de travail pour un revenu souvent modeste en regard des autres branches de l’économie.

 

Parallèlement à ce phénomène structurel, on voit aussi émerger une demande de la société pour une agriculture toujours plus écologique. Pour rappel, 40 % de la population suisse a plébiscité une agriculture sans pesticides en juin 2021. Une agriculture se passant de plus en plus de chimie et allant en direction de l’agriculture biologique, que je pratique au quotidien, nécessite assurément plus de main d’œuvre.

 

D’autre part, la cohabitation avec des grands prédateurs comme le lynx et le loup, parle clairement en faveur d’un renforcement de la présence humaine sur nos alpages, et dans les fermes qui seule est à même de limiter les attaques dans les élevages de bovins, de moutons et de chèvres qui occupent le 75 % de notre territoire suisse.

 

Les besoins de travail sont aussi énormes dans nos forêts vaudoises, mises à mal par le changement climatique. Il s’agira en effet, dans le cadre des mesures prévues par le Plan Climat Vaudois, de procéder à des nettoyages et des replantations de jeunes plants d’essences adaptées à des températures plus élevées et à la modification de la pluviométrie. Il ne suffira pas de nettoyer et de replanter mais il faudra aussi et surtout assurer les soins culturaux permettant à ces nouvelles plantations de se développer.

 

A l’instar du projet vaudois ProLOG-Emploi, 4), qui concerne particulièrement les métiers de la santé, il semble tout à fait possible de s’inspirer dans notre canton des exemples alémaniques et jurassiens pour créer des conditions cadres permettant à de jeunes migrants et autres bénéficiaires de l’aide sociale, désireux de se former et de s’intégrer dans le tissu économique pour venir soutenir les besoins avérés dans l’agriculture et dans la sylviculture.

 

Soucieux de répondre pragmatiquement à cette double problématique qui est d’une part la facilitation de l’insertion économique des migrants et autres bénéficiaires de l’aide sociale et d’autre part le renforcement du soutien à une agriculture et une sylviculture en pleine mutation, les Députés soussignés demandent instamment au Conseil d’État d’étudier, en consultation avec tous les milieux concernés comme par exemple le Centre Social d’Intégration des Réfugiés (CSIR), l’EVAM, la Fondation « Mode d’emploi « et AGRILOGIE, la possibilité de créer rapidement des conditions cadres pour :

 

  • Former des jeunes migrants et autres bénéficiaires de l’aide sociale aux métiers de la terre et de la forêt

 

  • Faciliter leur insertion/réinsertion dans la vie économique afin de pallier aux manques chronique de main-d’œuvre dans de nombreux secteurs économiques y compris dans le secteur primaire

 

 

 

  1. https://www.rts.ch/info/suisse/9763608-le-projet-dintegration-de-migrants-dans-lagriculture-est-un-succes.html
  2. https://www.agrijura.ch/application/files/1815/7121/6090/20191015_CP_Palier_2.pdf
  3. https://www.vd.ch/themes/etat-droit-finances/statistique/statistiques-par-domaine/07-agriculture-et-sylviculture/agriculture/
  4. https://www.google.ch/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwj18_Oggv31AhWk57sIHcJiDPIQFnoECAUQAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.prolog-emploi.ch%2F&usg=AOvVaw2LfKEN3IJuTiiYun9jJh-j

 

Conclusion

Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Daniel RuchPLR
Jean-Christophe BirchlerV'L
Blaise VionnetV'L
Graziella SchallerV'L
Cendrine CachemailleSOC
Isabelle FreymondSOC
Jean-Marc Nicolet
Alain BovayPLR
Pierre FonjallazVER
Felix StürnerVER
Jérôme ChristenLIBRE
Yannick MauryVER
Vincent KellerEP
Didier LohriVER
Céline MisiegoEP
Hadrien BuclinEP
Pierre ZwahlenVER
Léonard Studer
Taraneh AminianEP
Rebecca JolyVER
Philippe GermainPLR
Cloé PointetV'L
Josephine Byrne GarelliPLR
Jean-Rémy ChevalleyPLR
Jean-Louis RadiceV'L
Claire RichardV'L

Document

22_POS_15-Texte déposé

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Claude-Alain Gebhard (V'L) —

J’ai commencé à écrire et documenter ce postulat à la fin de l’année 2021, sans aucune prévision de l’épouvantable situation géopolitique que nous vivons maintenant depuis quelques semaines. Je vous prie donc de bien vouloir faire la part des choses et de ne pas me soupçonner d’opportunisme électoraliste, qui serait de la plus basse espèce, en l’occurrence. Il est donc important de bien situer les choses dans leur contexte : ce postulat s’adresse en tout premier lieu aux migrants tels que nous les recevons régulièrement, en Suisse, depuis des années, et particulièrement aux migrants économiques, si je puis m’exprimer ainsi.

Les réfugiés ukrainiens qui parviennent actuellement en Suisse – essentiellement des femmes et des enfants – ne doivent à mon sens être aucunement concernés par ce postulat. En effet, ils ne sont pas des migrants économiques, mais bien des réfugiés de guerre fuyant les bombardements dans leur pays. Nous devons les accueillir sans aucune forme de compensation et les protéger de ce massacre, en attendant que cette guerre finisse enfin.

Ma proposition se place dans une démarche constructive. En effet, la Suisse à l’instar de plusieurs pays occidentaux se trouve dans une situation de dénatalité, avec 1,46 enfant seulement par femme. Dans ce contexte, si cette situation n’était pas compensée par une migration contrôlée, il serait probablement difficile de maintenir une croissance économique dans notre pays. En plus de cet argument démographique, il est évident que, pour la plupart des migrants et en particulier pour les bénéficiaires de l’aide d’urgence, l’oisiveté ou même pour certains l’interdiction de travailler, sont des facteurs aggravants d’instabilité physique et psychique, qui peuvent conduire à la dépression ou même à la violence. L’expérience jurassienne qui a consisté à faire un partenariat entre l’Etablissement jurassien d’accueil des migrants (EJAM) et la Chambre jurassienne d’agriculture a montré que toutes les parties pouvaient être gagnantes dans cet échange de bons procédés, qui redonne aux migrants concernés un sens à leur existence et du courage pour poursuivre leur intégration dans notre pays. Je suis persuadé que le canton de Vaud a beaucoup à gagner en s’inspirant de l’exemple précurseur et courageux du canton du Jura.

Mme Laurence Cretegny (PLR) — Président-e

Le postulat, cosigné par au moins 20 membres, est renvoyé à l’examen d’une commission.

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