Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 30 août 2022, point 25 de l'ordre du jour

Texte déposé

Madame la Présidente, Mesdames les députées et Messieurs les députés, 

 

 

À l’heure de la transition énergétique et du besoin de voir la production d’énergie photovoltaïque prendre l’ascenseur, un constat interpelle : de très nombreuses installations solaires placées par des particuliers sur des toits de villas ou de petits immeubles n’en couvrent souvent qu’un quart, un tiers ou tout au plus la moitié de la surface disponible.

 

Cette non utilisation de l’ensemble de la place à disposition peut s’expliquer par le prix de rachat pour  le moins faible pratiqué par de nombreux distributeurs d’électricité lorsqu’il s’agit d’acquérir l’énergie qui n’est pas directement consommée par le bâtiment. Les propriétaires sont ainsi poussés à maximiser leur autoconsommation, en calibrant la taille de leur installation à l’énergie qu’ils vont eux-mêmes consommer, la vente du surplus étant difficile à rentabiliser sur le long terme.

 

Le potentiel de l’énergie photovoltaïque est immense dans notre pays : l’Office Fédéral de l’énergie (OFEN) a ainsi estimé en 2019 qu’en couvrant tous les toits du pays on pourrait produire 67 milliards de kilowattheures par an, soit 110% de la consommation d’électricité en Suisse. Même en se montrant moins ambitieux, il est indéniable qu’à court terme l’énergie produite par les panneaux solaires est indispensable à notre transition énergétique et à la sécurité de l’approvisionnement de notre pays.

 

Or les objectifs de croissance de ce mode de production d’électricité – destiné à représenter 40 à 50% de l’électricité produite en Suisse en 2050 selon les perspectives énergétiques 2050+ – ne pourront être atteints si on continue à sous-exploiter le potentiel des toitures au moment de la pose de panneaux solaires. Un toit qui n’est pas exploité complètement au moment de la pose des panneaux solaires est un toit qui ne le sera par ailleurs sans doute pas dans un avenir proche, au vu des coûts fixes représentés par l’installation d’un échafaudage ou la main d’œuvre.

 

Les gestionnaires de réseau ont une responsabilité importante en la matière, puisqu’ils ont une marge de manœuvre quant au prix d’achat de l’énergie produite par les installations photovoltaïques et non auto-consommée. Ces prix varient ainsi énormément d’un gestionnaire à l’autre, allant par exemple des 5,3 cts le kWh des services industriels de la commune de Galgengen, dans le canton de Schwyz, jusqu’aux 21,75 cts le kWh du gestionnaire cantonal Nidwaldien.

 

Plus près de chez nous, les Services industriels genevois ont une réelle politique de subventionnement de ces installations, rachetant à 13,25 cts le kWh produit. De l’autre côté de la Sarine, les BKW pratiquent quant à elles un tarif supérieur aux 18 cts. Malheureusement, le principal gestionnaire de notre canton, la Romande Energie, ne suit pas ce mouvement d’incitation, et pratique des prix particulièrement bas à l’échelle nationale : 9,5 cts le kWh.

À ces conditions, il va être compliqué d’inciter les propriétaires de notre canton de couvrir complètement leurs toits de ces panneaux solaires dont nous avons pourtant tant besoin.

La Romande Energie est une entreprise détenue principalement par les pouvoirs publics. Le Canton de Vaud en est ainsi actionnaire à plus de 38%, et possède avec les nombreuses communes vaudoises actionnaires une part importante du capital de l’entreprise. 

 

Il semble donc aujourd’hui nécessaire que ces institutions - tenues par la loi vaudoise sur l’énergie (LVLene) à faire preuve d’exemplarité en matière d’exploitation de l’énergie de façon rationnelle, économe et respectueuse de l’environnement – fassent entendre leur voix d’actionnaires majoritaires.

 

Tout porte à croire que le prix de rachat va être augmenté tout prochainement, suivant la flambée du prix de l’énergie. Mais cette hausse purement conjoncturelle ne saurait suffire, et c’est d’une subvention pérenne dont nous avons besoin, garantissant sur le long terme à celles et ceux qui décident d’investir pour équiper leur toit en panneaux photovoltaïques un rendement leur permettant d’amortir leur investissement et en faire profiter la collectivité via la production d’énergie renouvelable.

 

Si de nombreux gestionnaires proposent un prix de rachat plus attractif pour ce type d’installations, le Romande Energie le peut aussi, pour mettre notre canton sur les rails de la transition énergétique.

 

C’est pourquoi nous demandons par le biais de ce postulat au Conseil d’Etat d’étudier les possibilités qui sont les siennes pour voir le prix du rachat de l’énergie photovoltaïque produite par des particuliers dans le canton de Vaud augmenter, notamment en intervenant auprès des gestionnaires de réseau dont l’Etat est actionnaire ou par un subventionnement cantonal, favorisant ainsi la création d’installations solaires plus grandes et une couverture des toitures plus étendue.

Conclusion

Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Yolanda Müller ChablozVER
Sabine Glauser KrugVER
Nathalie VezVER
Isabelle FreymondSOC
Géraldine DubuisVER
Felix StürnerVER
Jerome De BenedictisV'L
David RaedlerVER
Oscar CherbuinV'L
Cendrine CachemailleSOC
Mathilde MarendazEP
Pierre WahlenVER
Andreas WüthrichV'L
Patricia Spack IsenrichSOC
Rebecca JolyVER
Martine GerberVER
Valérie ZoncaVER
Nathalie JaccardVER
Kilian DugganVER
Hadrien BuclinEP
Théophile SchenkerVER
Yannick MauryVER
Alice GenoudVER

Document

22_POS_43-Texte déposé

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Alberto Mocchi (VER) —

Ainsi que M. Pahud le disait, le solaire – ou photovoltaïque – est une énergie extrêmement importante dans l’optique d’une transition vers le renouvelable. Le potentiel est énorme, dans le canton comme dans notre pays, mais aujourd’hui trop souvent, les propriétaires qui décident d’une installation sur leur toiture la calibrent non pas à la taille de leur toit, mais selon l’autoconservation. On se retrouve donc avec énormément d’installations de panneaux qui couvrent un tiers, un quart ou parfois la moitié de la toiture, et non pas son entier. C’est dommageable, car si l’on souhaite voir cette énergie s’envoler et devenir quelque chose de conséquent en termes de production, il faut profiter de l’entier de l’espace à disposition.

Cela est dû, en bonne partie, au prix de rachat de cette énergie. Un certain nombre de choses ont déjà été faites, dans ce Parlement, et notamment par notre collègue Pahud – des actions que je salue. Pourtant, un levier d’action relativement important est celui du prix de rachat pratiqué par les différents distributeurs d’énergie, et notamment par la Romande énergie, entreprise détenue majoritairement par des fonds publics cantonaux ou communaux. Via ce postulat, il me semble intéressant de demander au Conseil d’Etat de se pencher sur ce qu’il pourrait faire pour voir augmenter quelque peu le prix de rachat de l’énergie. Visiblement, nous aurons d’assez bonnes nouvelles dès demain concernant ce prix, mais ce sont des nouvelles conjoncturelles, alors que nous avons besoin d’une politique qui puisse durer sur le long terme.

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

Le postulat, cosigné par au moins 20 membres, est renvoyé à l’examen d’une commission.

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