Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 27 février 2024, point 5 de l'ordre du jour

Texte déposé

Le 12 février dernier quelques 500 paysannes et paysans vaudois.e.s se sont réuni.e.s à Villars-le-Terroir pour partager avec courage et détermination leur colère à propos de la politique agricole et de ses incidences sur leurs pratiques professionnelles et leur situation financière (article dans 24h du 13 02 2024). 

Le constat est sans appel : la situation de l’agriculture est révélatrice d’un désastre annoncé. Après avoir misé durant plusieurs décennies sur l’exploitation des sols, des ressources et le développement des intrants chimiques de compensation, cette agriculture dévoile peu à peu ses effets dévastateurs : perte d'autonomie de la profession, perte de rendements, perte de salaire, dérèglement des écosystèmes et apparition de nouvelles prédations, perte de la biodiversité et fragilisation du vivant, sans oublier les problèmes psycho-sociaux et d’accès à la terre pour la relève.

La liste n’est pas exhaustive, dont nous découvrons les prémices des conséquences sur l’ensemble de la société.

Cette politique agricole, mécanisée et informatisée, centrée sur le rendement à court terme et alliée de l’économie de marché libérale à certes fait progresser l’agriculture à certains égards mais elle a surtout contribué à enrichir les exploitations les plus importantes au détriment de la paysannerie adaptée à son environnement et précipité les paysans dans une crise pour laquelle ils sont instrumentalisé.e.s, à la fois victimes et auteurs à leur insu et dans l'incapacité d’en sortir puisque pris au piège du tentaculaire consumérisme mondialisé, dont l’opacité fait ressurgir le spectre d’une souveraineté alimentaire nationale. Pour le meilleur et pour le pire.

 

Les paysannes et les paysans vaudois ne sont pas les seul.e.s à afficher leur colère. Des réunions similaires ont eu lieu ou auront encore lieu dans toute la Suisse.

BioVaud et Uniterre ont formulés des revendications rejoignant le mouvement vaudois de luttes paysannes, telles que des prix justes aux producteurs et une équité dans la chaine d’approvisionnement alimentaire.

 

L’Union Suisse des Paysans a quant à elle lancé une pétition sur Campax en janvier 2024, reprenant certaines revendications de la base paysanne, mais dont l’impact est aussi nulle qu’une déclaration d’intention restée sans adresse.

 

Entre autres personnalités influentes présentes lors de la soirée du 12 février à Villars-le-Terroir, Mme la Conseillère d’Etat, Valérie Dittli, dans son allocution, a insisté sur sa volonté d’entendre les revendications et s’est montrée ouverte au dialogue et à l’action.   

De cette soirée animée découle une liste de revendications écrites, sous le nom de «  Révolte agricole suisse », «Alliance des différents groupes d’Agriculteurs suisses pour l'équité́ et la liberté́ », réunissant 6 revendications issues de différents groupes de luttes paysannes. En voici les titres.

  1. Réduire la bureaucratie et simplifier les normes
  2. Prix de vente justes
  3. Promotion de l’agriculture locale et durable
  4. Transparence et équité dans la chaine d’approvisionnement
  5. Protection du patrimoine agricole suisse
  6. Dialogue constructif avec les autorités

La plupart de ces revendications relèvent de l’Office fédéral de l’Agriculture. Toutefois, nous attendons que notre canton contribue à l’amorce d’un changement significatif de la politique agricole et agissent en faveur du monde paysan.

 

Aussi, permettez-moi de poser au Conseil d’Etat les questions suivantes :

 

  1. La DGAV a-elle pris connaissance de ces revendications et quelle est sa position à leur égard ?

 

  1. Le Conseil d’Etat, peut-il relever, à partir de ces revendications, les possibles leviers cantonaux et par des propositions concrètes, répondre aux impérieuses revendications des paysannes et des paysans vaudois ?

 

  1. La DGAV peut-elle s'engager auprès de l'OFAG pour appuyer la mise en œuvre de réformes à même de satisfaire ces demandes ?

 

Conclusion

Souhaite développer

Document

24_INT_30-Texte déposé

Transcriptions

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Mme Martine Gerber (VER) —

Permettez-moi de revenir brièvement sur la situation des paysans et paysannes. Je souhaite que les réponses qui découlent de ces révoltes nous unissent plutôt qu’elles nous séparent. Le 12 février dernier, comme vous le savez, 500 paysannes et paysans vaudois étaient réunis à Villars-le-Terroir pour partager avec courage et détermination leur colère à propos de la politique agricole et de ses incidences sur leurs pratiques professionnelles et leur situation financière. Le constat est sans appel, non seulement dans le canton de Vaud, mais dans toute la Suisse, toute l’Europe, voire dans le monde entier. L’agriculture révèle un désastre annoncé. Nous devons travailler main dans la main pour que la situation se stabilise. Cette séance a réuni 500 paysannes et paysannes ; il en découle une liste de questions et de revendications que je souhaite relire.

La première : réduire la bureaucratie et simplifier les normes pour des prix de vente justes, pour la promotion de l’agriculture locale et durable, pour la transparence et l’équité de la chaîne d’approvisionnement, pour la protection du patrimoine agricole suisse et pour un dialogue constructif avec les autorités. La plupart de ces revendications relèvent certes de l’Office fédéral de l’agriculture, toutefois nous attendons que notre canton contribue à l’amorce d’un changement significatif de la politique agricole et agisse en faveur du monde paysan. Aussi, les questions que j’aimerais poser au Conseil d’Etat sont les suivantes :

  • la Direction générale de l'agriculture, de la viticulture et des affaires vétérinaires (DGAV) a-t-elle pris connaissance de ces revendications et quelle est sa position à leur égard ?
  • Le Conseil d’Etat peut-il relever, à partir de ces revendications, de possibles leviers cantonaux et, par des propositions concrètes, répondre aux impérieuses revendications des paysannes et des paysans vaudois ?
  • La DGAV peut-elle s’engager auprès de l’Office fédéral de l’agriculture pour appuyer la mise en œuvre de ces réformes à même de satisfaire ces demandes ?
M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

L’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.

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