Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 20 février 2024, point 15 de l'ordre du jour

Texte déposé

Le Canton de Vaud abrite actuellement 13 gymnases sur son sol.  Sur ces 13 établissements, 12 portent un nom en lien avec la géographie du lieu et 1 seul se réfère à une personnalité, le gymnase Auguste Piccard.

De nouveaux gymnases sont en construction. Lors de la discussion concernant le nouveau projet du gymnase de Nyon – La Côte, le nom "provisoire" qui lui a été attribué a suscité des interrogations, vu qu'il n'avait plus aucun lien avec sa situation géographique.

Considérant qu'il existe un gymnase honorant une personnalité masculine sur sol vaudois, le gymnase Auguste Piccard, et vu qu'il convient d'améliorer la visibilité des femmes dans l’espace public, j'ai l'honneur de proposer au Conseil d'Etat de mener une réflexion concernant les noms qui seront attribué aux nouveaux gymnases vaudois et de leur attribuer des noms de femmes qui ont contribué au rayonnement de notre canton.

Je remercie d'avance le Conseil d'Etat pour son engagement en faveur de la visibilisation des femmes dans l'espace public.

 

Pully le 21 mai 2023                                                                                     

Conclusion

Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Martine GerberVER
Aude BillardSOC
Jean TschoppSOC
Alexandre DémétriadèsSOC
Yannick MauryVER
Romain PilloudSOC
Nathalie VezVER
Joëlle MinacciEP
Claire Attinger DoepperSOC
Cédric RotenSOC
Julien EggenbergerSOC
Yves PaccaudSOC
Cendrine CachemailleSOC
Vincent KellerEP
Sandra PasquierSOC
Patricia Spack IsenrichSOC
Alberto MocchiVER
Carine CarvalhoSOC
Pierre FonjallazVER
Claude Nicole GrinVER
Laurent BalsigerSOC
Sébastien CalaSOC
Thanh-My Tran-NhuSOC
Sébastien PedroliSOC
Alexandre RydloSOC
Felix StürnerVER
Jean-Louis RadiceV'L
Valérie ZoncaVER
Céline MisiegoEP
Amélie CherbuinSOC
Théophile SchenkerVER
Nathalie JaccardVER
Isabelle FreymondSOC
Alice GenoudVER
Hadrien BuclinEP
Graziella SchallerV'L

Documents

RC - 23_POS_49

23_POS_49-Texte déposé

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Circé Barbezat-Fuchs (V'L) — Rapporteur-trice

La commission s’est réunie le 30 octobre 2023 en présence de M. le conseiller d’Etat Frédéric Borloz. Le chef de la Direction générale de l’enseignement postobligatoire (DGEP), M. Lionel Eperon, était également présent. Je remercie le secrétaire de la commission pour ses notes de séance. Les principaux arguments développés par la postulante étaient les suivants :

  1. Les noms des infrastructures sont hautement symboliques ; ils sont choisis afin d’honorer une personnalité pour ses combats, ses performances artistiques ou sportives, ou encore son engagement. A l’heure actuelle, ces noms sont majoritairement masculins, car les femmes ont été exclues de nombreux domaines de la vie publique, ne leur permettant pas de s’illustrer comme leurs homologues masculins.
  2. La visibilisation des femmes dans l’espace public est importante pour plusieurs raisons, notamment la reconnaissance de leur contribution à l’histoire et à la société, mais aussi l’inspiration que cela pourrait être pour les générations futures de femmes à réaliser leur potentiel.
  3. C’est dans ce but que de nombreuses collectivités publiques en Suisse et en Europe ont décidé de réhabiliter les femmes en leur offrant de la visibilité dans le domaine public.
  4. Ce postulat demandait donc au canton de réaliser ce type d’études pour les infrastructures cantonales telles que les gymnases. En effet, de nombreux gymnases sont en cours de réflexion dans notre canton et c’est dans ce contexte que ce postulat a été déposé.

Le conseiller d’Etat a ajouté quelques aspects pratiques au développement de la postulante. Aucune loi ou règlement n’impose la nomination des bâtiments. En outre, le nom de ce type de bâtiment rappelle la plupart du temps la région dans laquelle il s’implante et il faut que la commune soit en adéquation avec le nom du futur gymnase. Mais sur le principe, le conseiller d’Etat n’était pas opposé à l’idée. Il en va de même pour le chef de service de la DGEP qui, lui, mettait l’accent sur le fait que la commune devait avoir un pouvoir de décision sur le nom du gymnase qu’elle accueille ou qu’elle accueillera.

Lors de la discussion générale, l’argument de la cautèle de la commune accueillante a reçu l’approbation de la majorité de la commission. Cependant, pour la majorité de la commission, plusieurs solutions sont possibles pour visibiliser les femmes tout en conservant le lien avec la région accueillante. Par exemple, le nom de la région pourrait être accolé à un nom d’une famille illustre, comme c’est le cas pour la station de métro Riponne-Maurice Béjart, par exemple. Ce postulat permettrait alors d’apporter des éléments aux communes pour leur donner des pistes de réflexion.

En outre, pour la majorité de la commission, le but de ce postulat est de demander au Conseil d’Etat d’entamer une réflexion sur le nom des futurs gymnases, en mettant en place un plan d’action pour visibiliser les femmes qui ont contribué au rayonnement du canton.

Enfin, un dernier argument a reçu l’approbation de la majorité de la commission : s’il est trop difficile de donner le nom d’une femme aux gymnases en question, la nomination des aulas – lieu public – pourrait être une solution. En effet, ces dernières pourraient être nommées par des noms de femmes ayant contribué à la renommée de notre canton et/ou de la région. Ainsi, fort de ces différents arguments, par 5 voix contre 4, la majorité de la commission souhaite la prise en considération de ce postulat et son renvoi au Conseil d’Etat, afin que ce dernier réalise une étude sur la faisabilité d’une telle demande, dans le but de féminiser quelque peu le nom de nos futurs gymnases.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La discussion est ouverte.

Mme Muriel Thalmann (SOC) —

Dans notre beau canton, nous avons des arrêts de métros, des infrastructures publiques, des rues qui honorent des personnalités publiques, et il s’agit en grande majorité d’hommes. Ce constat semble être partagé à droite comme à gauche de l’hémicycle, puisqu’il y a, par exemple, un postulat déposé par la présidente du PLR lausannois qui invite sa Municipalité à étudier l’opportunité de rendre hommage à une ou plusieurs personnalités féminines dans le cadre de la désignation du nom des futurs arrêts de métro sur la ligne du m3.

Visibiliser les femmes dans l’espace public permet :

  • de rétablir la mémoire collective en reconnaissant et en célébrant leurs contributions à l’Histoire et à la société ;
  • d’inspirer les jeunes femmes à poursuivre leurs rêves et à réaliser leur potentiel en se projetant et en s’identifiant ;
  • de rappeler que les femmes, aussi, sont fortes et sont des héroïnes ;
  • de rendre les localités plus ouvertes, plus inclusives et plus hospitalières.

En tant que propriétaire d’infrastructures publiques – gymnases ou centres de formation professionnelle, lieux sportifs ou culturels, places, salles, etc. – le canton se doit d’agir et d’améliorer la visibilité des femmes dans l’espace public.

De nouveaux gymnases et de nouveaux centres de formation professionnelle vont bientôt sortir de terre, c’est donc une occasion unique pour mener une réflexion quant à leur future appellation et d’envisager de leur attribuer des noms de femmes qui ont contribué au rayonnement de notre canton ; c’est un moyen d’offrir de nouveaux modèles, tout d’abord à nos jeunes en formation, mais également à nous tous. Je rappelle les points importants suivants :

  • C’est le canton qui a la compétence de nommer les gymnases et les centres de formation professionnelle.
  • Le canton et l’école ont un devoir d’exemplarité et le canton a aussi pour mission de rétablir la mémoire collective.
  • Adopter le nom d’une femme qui a contribué au rayonnement de leur région permettrait de fédérer toutes les communes qui font partie du bassin de recrutement des gymnases et écoles professionnelles, et qui n’ont pas l’honneur de voir leur gymnase ou leur centre de formation professionnelle porter le nom de leur commune.
  • Il est possible de cadrer la démarche participative autour de la visibilisation des femmes et de fédérer ainsi les habitantes et habitants, voire les élèves d’une région.
  • Tradition ne signifie pas immobilisme ; si c’est le lieu qui a pratiquement toujours prévalu pour le nom des gymnases, cela ne signifie pas que les communes ne sont pas prêtes à accueillir et à répondre à de nouvelles attentes. Elles sont également fières d’avoir le nom de personnes qui ont contribué au rayonnement de leur région.
Mme Marion Wahlen (PLR) —

Ce postulat demande au canton de réaliser une étude sur la possibilité de rendre hommage à une ou plusieurs femmes ayant marqué l’Histoire en nommant avec leur patronyme les infrastructures cantonales telles que les gymnases ou les centres de formation.

D’après la postulante, les femmes sont sous-représentées, car elles ont été exclues de nombreux domaines de la vie publique, ne leur permettant ainsi pas de s’illustrer de la même manière que les hommes. Mais au-delà d’une mise en valeur des femmes méritantes, il faut retenir qu’il n’existe aucune loi ou règlement imposant la nomination des bâtiments publics ; c’est de compétence communale. Il serait malvenu d’imposer le nom d’un gymnase à une commune accueillante.

Un rapport pour donner suite à ce postulat n’amenant pas d’informations supplémentaires, la postulante aurait pu retirer son texte, revenir avec une interpellation qui permettrait de transmettre l’idée aux communes et de donner une impulsion dans le sens qu’elle le souhaite. Ce postulat ayant été maintenu malgré son impact tout relatif, la majorité du groupe PLR le refusera, surtout dans le but de préserver l’autonomie communale.

M. Olivier Gfeller (SOC) —

Je voudrais saluer l’ouverture du Conseil d’Etat sur cette question, puisque je lis dans le rapport que M. Borloz a reconnu que cette idée méritait d’être exploitée. On pourrait même relever que notre exécutif fait preuve d’ouverture à double titre. Tout d’abord, il y a la reconnaissance des femmes qui ont contribué au rayonnement de notre canton ; ce n’est que justice de réparer les omissions de l’Histoire. Et puis, il y a l’engagement du Conseil d’Etat à consulter les communes, parce que contrairement à ce qu’a dit ma préopinante, les gymnases appartiennent au canton et ce ne sont pas les communes seules qui peuvent décider de leur nom. Je reconnais ici la sensibilité du responsable actuel de la formation à la cause des communes. Comme syndic, je ne peux que saluer cette approche.

Il est inutile de rappeler à quel point il est important que les autorités cantonales et communales collaborent et travaillent dans le même sens. Le canton et les communes ont l’occasion d’être unis dans un même élan progressiste. Je vous invite donc à accepter cette proposition intéressante à plus d’un titre.

Mme Géraldine Dubuis (VER) —

Les recherches en géographie du genre ont mis en évidence la dimension sexuée des espaces et de la mobilité. En tant qu’espaces publics, les villes contribuent à reproduire les rapports de pouvoir et les inégalités sociales qui traversent la société dans son ensemble. La façon de penser et d’organiser les villes représente autant de façons de naturaliser ces rapports sociaux et d’alimenter, sous couvert de neutralité, une vision genrée de la ville – des aménagements urbains qui sont pensés avant tout pour les jeunes hommes, à l’exemple des terrains de foot ou des skateparks. Face à cette réalité, des communes ont pris les choses en main et commencé à dégenrer leurs espaces publics en les rendant plus accessibles aux femmes ou en changeant des noms de rues, par exemple.

Avec ce postulat, on nous demande d’apporter une dimension nouvelle à cette réflexion, plus en lien avec les compétences de notre canton : celle d’étudier le fait de nommer certains futurs gymnases avec des noms de femmes. La commission à laquelle nous avons été conviés a démontré que, si tout le monde est d’accord qu’il est important que les femmes aient plus de place et de reconnaissance dans l’espace public, peu de personnes sont prêtes à se mouiller pour que cela se réalise concrètement.

Comme l’a rappelé le conseiller d’Etat Borloz, il n’existe aucune loi ou règlement portant spécifiquement sur la nomination des bâtiments publics. A contrario, il existe donc une marge de manœuvre politique dont pourrait se saisir le Conseil d’Etat, avec l’appui du Grand Conseil, qui soutiendrait ce postulat pour étudier l’opportunité de nommer des gymnases, voire d’autres infrastructures publiques, avec des noms de femmes. Car oui, donner des noms de femmes à des lieux aussi importants que des lieux d’apprentissage n’est pas juste un effet de mode porté par des féministes. Plus tôt dans la journée, je vous ai parlé d’une jeune Afghane ayant fui son pays à la suite de la prise de pouvoir des talibans. Pour elle, comme pour d’autres, voir qu’ici les lieux d’apprentissage peuvent porter le nom d’une femme serait une mesure forte et non uniquement symbolique. Pour changer les mœurs, les stéréotypes de genre, et mettre en œuvre une réelle égalité au sein de notre société, c’est ce genre de démarche que nous devons accomplir. Plus qu’un symbole, c’est une reconnaissance et peut-être aussi une réelle réflexion politique sur la place des femmes dans nos espaces publics et lieux d’apprentissage que nous pourrions entamer en acceptant la prise en considération de ce postulat. C’est pourquoi les Verts soutiendront la prise en considération de ce postulat.

M. Denis Dumartheray (UDC) —

Le groupe UDC, dans sa majorité, ne prendra pas le postulat en considération. Si les buts de celui-ci sont louables et que la plupart des intervenants, en particulier les communes, sont attachés à une attribution égalitaire des noms de leur territoire, ce postulat ne fera rien avancer. Les communes et régions restent autonomes dans leur choix, et c’est bien ainsi. Le choix d’un nom pour des espaces intérieurs – aulas ou salles publiques – pourrait inciter les établissements à proposer une démarche participative aux élèves, dans le sens du texte du postulat.

M. David Vogel (V'L) —

Je déclare mes intérêts : je travaille dans le gymnase de Nyon, qu’on appelait autrefois le CESSOUEST et qui continue d’ailleurs à être appelé ainsi par les élèves, même si cela fait 15 ans que le nom a été changé.

Donner des noms de personnes à des lieux est une mauvaise idée sur le principe – hommes ou femmes, d’ailleurs – parce que nommer aujourd’hui, c’est l’assurance de se dédire demain. Je vous donne deux exemples : prenons l’exemple d’un endroit que l’on nommerait « Gandhi », en l’honneur de l’apôtre de la non-violence, icône de l’indépendance de l’Inde, etc., mais qui, par ailleurs, dormait avec des jeunes femmes nues, dont sa nièce, testant sa résistance au désir, était contre la médecine moderne et a refusé la pénicilline à sa femme – qui, d’ailleurs, est morte d’une pneumonie à cause de cela. Héros ou zéro ? Les critères d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier et ne seront pas ceux de demain. Même chose avec l’exemple de Verena Keller, avocate qui a eu un doctorat en droit, propriétaire de son cabinet, très engagée en politique, qui s’inscrit dans des questions sur le droit de vote des femmes, qui a écrit un nombre de courriers de lecteurs hallucinants : on trouve cela très bien à la fin des années 60. Et si nous avions nommé un gymnase ou un lieu en hommage à Verena Keller ? Elle était contre le suffrage féminin et certains ou certaines diraient finalement que ce n’était pas une très bonne idée.

Afin de gagner un peu de temps et d’énergie, afin d’éviter les envolées lyriques des politiciens et des politiciennes, et afin d’éviter également les indignations ou les louanges qui sont en général extrêmement sélectives, je suis favorable au fait que les gymnases soient nommés par leur désignation géographique, ce qui est beaucoup plus simple, beaucoup moins politique et évitera de longs débats.

Mme Géraldine Dubuis (VER) —

Monsieur Vogel, dans une ville où il n’y a qu’un gymnase, cela peut se comprendre – on parlerait par exemple du gymnase de Renens – mais dans une ville comme Lausanne, où il y a plusieurs gymnases, vous savez ce qu’il va se passer ? Souvent, ces gymnases vont être liés aux rues dans lesquelles ils sont situés et ces rues portent majoritairement des noms d’hommes. Dès lors, cela va complètement à l’encontre de ce qui est demandé par la postulante.

M. Frédéric Borloz (C-DEF) — Conseiller-ère d’Etat

Je ne vais pas parler longtemps de ce sujet : il a un potentiel impact, mais qui n’est pas si gigantesque que cela. Nous ne sommes pas du tout opposés à cette proposition ; c’est une bonne idée, mais nous n’avons pas envie de nous imposer des règles et des contraintes supplémentaires. Vous me direz que ce n’est peut-être pas grand-chose, mais c’est quand même quelque chose de plus. Un gymnase ne se construit pas tout seul ; cela se construit en collaboration avec la commune qui l’accueille. Finalement, notre attitude privilégiée est de répondre un peu aux attentes de notre partenaire et de faire quelque chose avec lui. Il est vrai, les demandes sont souvent liées au nom de la commune, parce qu’il y a quand même un peu de fierté à avoir un gymnase sur sa commune – on verra ce que les communes d’Aigle et d’Echallens nous proposeront de faire. En effet, même si l’Etat est propriétaire de ces bâtiments, nous allons rester à l’écoute des communes, avec ou sans acceptation de ce postulat.

Si les communes ont quelques personnalités féminines à nous proposer, nous serons très heureux et nous accèderons à leurs demandes. Toutefois, il faut garder à l’esprit ce qu’a dit M. Vogel : il y a souvent, des années après, des retours en arrière sur des noms de personnes qui ont été attribués, mais on peut vivre en prenant quelques risques. L’idée est bonne, mais mon enthousiasme est quand même raisonnable par rapport à l’effet social bénéfique que pourrait avoir une telle démarche. Pour l’instant, je n’y vois que des contraintes administratives.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La discussion est close.

Le Grand Conseil refuse la prise en considération du postulat par 70 voix contre 65 et 2 abstentions.

M. Romain Pilloud (SOC) —

Je demande un vote nominal.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

Cette demande est appuyée par au moins 20 membres.

Celles et ceux qui acceptent le postulat votent oui ; celles et ceux qui le refusent votent non. Les abstentions sont possibles.

Au vote nominal, le Grand Conseil refuse la prise en considération du postulat par 70 voix contre 66 et 3 abstentions.

* Insérer vote nominal

Retour à l'ordre du jour

Partager la page

Partager sur :