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Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 24 janvier 2023, point 20 de l'ordre du jour

Texte déposé

Au nom de la commission 22_POS_18

Postulat Didier Lohri et consorts - Formation gardien-ne d’animaux avec orientation animaux de rente

 

 

Le Grand Conseil enjoint le Conseil d’État à s’adresser au SEFRI et à l’OrTra nationale pour que, dans le cadre de la révision en cours de l’ordonnance de formation d’agriculteur-trice CFC - AFP, un poids et souci tout particuliers soient portés à la question de la garde d’animaux de rente sur les alpages, notamment au travers du renforcement du volet "économie alpestre et estivage".

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Cédric RotenSOC
Sergei AschwandenPLR
Grégory BovayPLR
Mathieu BalsigerPLR
Monique HofstetterPLR
Graziella SchallerV'L
Circé Barbezat-FuchsV'L
Marion WahlenPLR
Didier LohriVER
Pierre-André RomanensPLR
Jacques-André HauryV'L
Guy GaudardPLR
Sébastien CalaSOC
Géraldine DubuisVER
Marc MorandiPLR
Sébastien HumbertV'L
Cendrine CachemailleSOC
Philippe GermainPLR
Maurice NeyroudPLR
Florence Bettschart-NarbelPLR
John DesmeulesPLR
Daniel RuchPLR
Laurence BassinPLR
Aurélien DemaurexV'L
Carole DuboisPLR
Chantal Weidmann YennyPLR
Sylvie Pittet BlanchetteSOC
Alexandre BerthoudPLR
Regula ZellwegerPLR
Jean-Franco PaillardPLR
Florence GrossPLR
Marc VuilleumierEP

Document

23_RES_1-Texte déposé

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

La résolution étant accompagnée de 32 signatures, la présidente ne demande pas l’appui de 20 membres.

M. Olivier Petermann (PLR) —

Au nom de la commission qui a traité de cet objet, j’ai l’honneur de soumettre au Grand Conseil la résolution suivante :

« Le Grand Conseil enjoint le Conseil d’Etat à s’adresser au SEFRI et à l’OrTra nationale pour que, dans le cadre de la révision en cours de l’ordonnance de formation d’agriculteur-trice CFC - AFP, un poids et souci tout particuliers soient portés à la question de la garde d’animaux de rente sur les alpages, notamment au travers du renforcement du volet "économie alpestre et estivage". »

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

La discussion est ouverte.

M. Loïc Bardet (PLR) —

Je déclare mes intérêts : je suis le président de l’Organisation du monde du travail (OrTra) nationale en charge des formations agricoles. Comme cela a été dit dans le rapport, j’étais également membre de la commission qui a traité de cet objet. Je ne vais pas revenir sur les différents arguments avancés et le contenu des discussions qui ont été très bien présentés par le rapporteur de la commission. Néanmoins, étant donné que la séance a eu lieu à la mi-septembre, j’aimerais vous donner deux ou trois informations complémentaires. La révision en cours de la formation d’agriculteur avance bien. Nous allons lancer, au début du mois de février, la formation interne auprès des organisations agricoles. Ces documents seront publics. Comme je l’avais promis à l’époque à M. Lohri, nous pourrons discuter de leur contenu une fois que ceux-ci auront été publiés.

Si cette résolution devait être adoptée, ce que je vous encourage à faire au nom du PLR, elle soutiendrait la volonté de l’OrTra – qui était aussi celle du postulant – de soutenir le volet économie alpestre et agriculture de montagne dans le cadre de la formation d’agriculteur. J’en profite pour remercier M. Lohri pour les discussions constructives que nous avons eues pendant la séance de commission.

M. José Durussel (UDC) —

 Le dépôt de cette résolution fait suite, comme expliqué précédemment, au retrait du postulat de M. Lohri. Cette résolution qui enjoint le Conseil d’Etat de s’adresser au Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) et à l’OrTra afin de renforcer le volet « économie alpestre et estivage » ne me satisfait pas. Pourquoi donc ? Eh bien, aujourd’hui, les formations en économie alpestre dans nos écoles d’agriculture couvrent largement les besoins que la commission a soulevés pour le postulat qui a précédé. Les problématiques des soins au bétail, de surveillance, de conduite des troupeaux, d’entretien des clôtures, d’apport ou de contrôle des points d’eau, du désherbage et de la sylviculture sont largement abordées dans les formations actuelles. Finalement, à la suite du retrait de ce postulat, nous avons une résolution qui aborde le thème unique de la présence excessive du loup sur notre territoire, avec tous les problèmes que l’on connaît avec cet animal. Je n’imagine pas que des compléments de formation puissent faire diminuer ce nouveau fléau. Créer une cohabitation – c’est noté à un moment donné – future entre bétail, loup et berger est un simple rêve. Surtout lorsque, comme actuellement, des éthologues ou biologistes professionnels engagés par le canton, il y a quelques années, ont reconnu être surpris, dans un passé récent, de voir des meutes se former dans le Jura vaudois, notamment à la Vallée de Joux.

En parallèle, je crains qu’à l’avenir, les dégâts causés par cet animal ne soient simplement plus indemnisés pour les animaux dont les bergers n’auraient pas suivi cette formation. C’est une situation que je connais en plaine, qui est fréquemment vécue depuis plusieurs années avec la problématique du sanglier. Je fais une petite parenthèse : les dégâts des sangliers ne sont plus indemnisés si l’on ne protège pas les cultures.

Que pourront faire de plus les personnes qui suivront ces cours ou ces formations supplémentaires de gardien ou gardienne d’animaux en présence du prédateur dans les alpages ? Ironiquement, elles pourront éventuellement murmurer à l’oreille du loup qu’il aille chasser ailleurs. Pour toutes les raisons évoquées, je ne soutiendrai pas cette résolution et je vous encourage à faire de même.

M. Frédéric Borloz (CE22-27) — Conseiller-ère d’Etat

J’aimerais revenir sur le fond de la proposition de M. Lohri, liée à la formation des gens et non pas à résoudre la problématique du loup et de son acceptation, de sa régulation, qui relève d’un autre sujet. Je comprends que l’on fasse un lien entre ces deux questions, mais je pense en l’occurrence qu’il ne faut pas les confondre. Je reviens donc sur l’excellent rapport de M. Petermann qui a bien résumé l’esprit constructif ayant régné dans cette commission, y compris chez le dépositaire du postulat. Je vous invite à soutenir cette résolution. Elle nous permet d’agir rapidement, d’aller de l’avant et de donner un message clair et constructif lié à la formation concernée.

J’ouvre moi aussi une petite parenthèse : j’essaye, en tout cas en commission, de trouver des chemins, parce que les demandes qui nous sont adressées au travers de vos postulats ou motions peuvent générer beaucoup de travail, mais aussi prendre beaucoup de temps pour qu’une solution soit trouvée. Je n’hésite pas à faire des propositions ou à soutenir des chemins parfois plus rapides, lorsque je sens une unanimité ou une large majorité au sein de la commission. Il est toujours délicat et frustrant de retirer un postulat. Encore une fois, je remercie M. Lohri pour sa coopération dans cette petite aventure de la commission. Je pense que c’est aussi dans l’intérêt du sujet qui a été évoqué et que cela n’enlève rien aux bonnes intentions et à la volonté du postulant. Je me suis permis de faire cette remarque pour que certains comprennent ma position dans les commissions. Nous essayons d’avancer parfois plus rapidement que le temps.

M. José Durussel (UDC) —

Monsieur le conseiller d’Etat, veuillez m’excuser d’intervenir après vous, mais je ne suis pas tout à fait satisfait par vos propos. En effet, je connais passablement d’éleveurs, d’agriculteurs ou de bergers dans nos montagnes – dans le Jura, les Préalables ou les Alpes – qui font parfaitement bien leur travail depuis de nombreuses années. Ils ont eu de bonnes formations dans nos écoles d’agriculture. Je trouve que c’est un peu affaiblir cette profession. Je sais bien que notre métier relève du secteur primaire, mais il ne faut pas aller trop loin quand même… Aujourd’hui, s’il y a des discussions sur ce thème, ce n’est pas parce que la formation n’est pas satisfaisante. C’est uniquement à cause de la présence de ce prédateur. Je crois que tout le monde l’a compris dans ce Parlement. Je vous remercie de refuser cette résolution.

M. Didier Lohri (VER) —

Monsieur le conseiller d’Etat, je vous remercie pour vos propos. C’est effectivement dans un esprit de coopération que j’ai déposé ce postulat. Je tiens à préciser à M. José Durussel que je comprends un peu sa position vis-à-vis des agriculteurs. A l’origine de ce postulat, ma réflexion était beaucoup plus globale. Rappelez-vous mes premières interventions sur le fait que le canton de Vaud est un canton à la traîne en matière de formation professionnelle. Nous sommes l’avant-dernier canton dans la formation initiale de degrés 2, c’est dire si nous ne sommes pas un exemple. Pour l’agriculteur, la possibilité d’avoir des gardiens d’animaux est une ressource en personnel intéressante pendant la période d’alpage et par le côté de la durabilité de la formation. La saison d’alpage dure quelque temps ; je vois mal, dans la pratique, comment un agriculteur CFC va pouvoir travailler pendant quatre ou cinq mois sur l’alpage. Il aura besoin d’aide. Cette aide, vous l’avez déjà aujourd’hui sous forme d’étudiants ou de personnes qui ont choisi une vie particulière. Monsieur Durussel, la question du loup ne faisait pas partie de ma réflexion. Ma proposition concernait la formation professionnelle, ce qui correspond à un besoin important non pas forcément relativement au loup, mais pour toute la question de la gestion de l’eau des alpages, la question des cultures sur les alpages et de l’entretien de ces derniers. Dans le Jura et dans les Alpes, nous allons quand même à l’encontre d’un problème : nous n’aurons plus assez d’animaux de rente pour aller sur ce patrimoine. Ma proposition permet d’avoir un moyen complémentaire à l’agriculteur qui sera surqualifié pour effectuer ce travail de gardiennage d’animaux. C’est pour cette raison que j’ai accepté d’aller dans le sens de la commission, pour aller de l’avant. M. Bardet l’a dit, je suis très content de l’avancement de la formation d’agriculteur et ce volet d’économie alpestre en est un élément. Mettons toutes les chances de notre côté pour répondre au mieux à la sauvegarde de nos alpages et des animaux de rente.

Je vous en supplie, acceptez largement cette résolution pour lui donner plus de poids. Au moment où il y aurait une dissidence, cela supposerait que cette résolution servait uniquement à faire plaisir aux gens. Voyez l’avenir et essayez de dépasser le stade de l’agriculture en matière de gestion des pâturages, parce que tout le patrimoine visuel est aussi concerné lorsque nous aurons des personnes qualifiées dans ces pâturages, des personnes qui seront sensibles à toutes ces notions de durabilité.

M. Loïc Bardet (PLR) —

Je comprends ce que dit notre collègue Durussel et suis d’accord avec lui sur plusieurs points. Néanmoins, ce n’est pas le contenu de la résolution sur laquelle nous discutons actuellement. La formation agricole est déjà de très bonne qualité actuellement. En revanche, le plan de formation date d’une vingtaine d’années. Des choses ont évolué depuis. C’est une nécessité, au niveau de la loi fédérale, de revoir périodiquement le contenu de la formation. Dans certaines régions, notamment de la Suisse centrale et d’autres régions de montagne, il a été demandé de renforcer certains aspects en lien avec l’agriculture de montagne et la tenue des alpages. Pour cette raison, dans le cadre de la discussion sur le postulat Lohri, nous avons pu démontrer au postulant que sa demande était pleine de bon sens, mais qu’elle tombait peut-être à côté, étant donné que la formation de gardiens d’animaux est liée aux animaux détenus en intérieur plutôt qu’au secteur primaire. Nous avons pu démontrer que nous menions en parallèle ce processus de révision et que sa demande pourrait créer certaines turbulences dans ce processus. C’est la raison pour laquelle le postulant a accepté de retirer son texte en faveur d’une résolution qui, dans son contenu, ne parle pas directement de la problématique du loup. C’est la raison pour laquelle j’encourage ce Grand Conseil à accepter largement cette résolution.

M. Nicolas Glauser (UDC) —

Je pensais que M. le conseiller d’Etat allait en parler, mais il faut savoir que nos écoles professionnelles ne sont pas demeurées en reste concernant la formation sur les alpages. A ce jour, il existe un diplôme cantonal en conduite d’alpage qui a pour but, pour les personnes qui s’inscrivent, de pouvoir gérer un train de montagne et d’acquérir les compétences nécessaires relatives à ce travail. Cette formation cantonale est principalement basée sur la pratique, mais la classe qui devait être ouverte l’année passée n’a pas pu l’être, faute de candidats intéressés à cette formation. Je trouvais important de dire qu’il ne faut pas seulement attendre le plan de formation. Parallèlement, nos écoles sont d’ores et déjà actives et il existe déjà une formation de ce type.

M. Didier Lohri (VER) —

Je remercie notre collègue Glauser d’être revenu sur cette certification cantonale. C’est bien là le problème : cette certification cantonale n’est pas reconnue au niveau de la Confédération et les personnes susceptibles de faire cette formation n’auront droit à aucune reconnaissance au niveau fédéral. De nos jours, les gens ont besoin d’ une formation correspondant à une structure de certification dans les règles de la Confédération. Je ne conteste pas le travail qui est fait dans la formation professionnelle – vous le savez, je suis très proche des milieux de la formation professionnelle – mais je crois qu’il faut donner à ces gens la possibilité d’avoir un certificat fédéral pour pouvoir mettre en valeur ces compétences, mais aussi une forme de reconnaissance de leurs tâches pour les alpages.

Je vous demande vraiment de soutenir cette résolution qui va dans le bon sens. Je crois que Paris ne s’est pas faite en un seul jour et qu’il faudra beaucoup de personnes pour fournir les textes en français de la nouvelle ordonnance des métiers de l’agriculture.

Mme Séverine Evéquoz (VER) — Président-e

La discussion est close.

La résolution est adoptée par 115 voix contre 15 et 8 abstentions.

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