Point séance

Séance du Grand Conseil du mardi 1er juin 2021, point 11 de l'ordre du jour

Texte déposé

En ces temps de pandémie, de nombreuses mesures ont été recommandées ou imposées, mettant à mal, dans de nombreux cas, les liens entre individus. En plus de la distance de sécurité, et l’interdiction et crainte des gestes affectifs (bise, poignée de main, étreinte), les contacts à distance ont été compliqués par des technologies à fiabilité inconstante.

 

Les points de vue en opposition entre ceux qui souffrent et / ou craignent la COVID-19 et ceux qui souffrent et/ou craignent des mesures choisies pour l’endiguer, avec toutes les nuances qui existent, se manifestent par des confrontations dans les lieux publics, sur la toile, tout comme dans l’espace privé, prenant des proportions à la hauteur de l’aspect émotionnel de cette problématique.

Le risque de renforcement de cette situation avec le temps est réel, avec, pour conséquence, de l’intolérance, de la violence croissante, voire un isolement, parfois collectif.

 

Une personne en détresse est difficilement en mesure de faire preuve d’empathie. Il est donc nécessaire qu’elle puisse se confier à un tiers bienveillant, qui ne la jugera pas ou qu’elle puisse s’accorder de l’auto-empathie.

Dans la situation de crise actuelle, la population a tout intérêt à développer ses capacités d’empathie et d’auto-empathie, de bienveillance et de tolérance, afin de prendre soin de soi et des autres. Une compréhension des mécanismes psychologiques dans le cadre des échanges sociaux (jugement, peur,…) mériterait d’être promue, afin d’anticiper et éviter des réactions contre-productives et enfermantes. Car, bientôt, espérons-le, les mesures sanitaires prescrites vont s’alléger, jusqu’à revenir à la normale, et chacun se positionnera sur les gestes qu’il est prêt à ré-accueillir dans son quotidien, apportant de nouvelles raisons sensibles d’entrer en confrontation, sans recommandations officielles pour les justifier.

 

Malgré l’importance manifeste de cette problématique, les questions touchant à l’intériorité sont toujours délicates, car il est difficile de percevoir comment l’État pourrait promouvoir des outils de développement personnel tout en respectant l’intégrité des individus. La présente interpellation s’intéresse donc à la transmission d’outils visant à prendre soin des liens entre individus et à veiller au bien-être les uns des autres, par une bonne compréhension des réflexes psychologiques, des besoins et des sentiments. Porter son attention sur ce qui se passe en soi lors d’un débat, par exemple, permet de prendre conscience de l’impact des mots, mais aussi de l’écoute de l’autre sur l’état intérieur.

 

En conséquence, nous avons l’honneur de poser les questions suivantes au Conseil d’État :

1. Le Conseil d’État a-t-il, dans le cadre de la crise actuelle, encouragé ou prévu des actions pédagogiques dans le cadre scolaire visant à promouvoir le débat bienveillant et empathique, comme par exemple des journées de sensibilisation ou des ateliers sur cette thématiques ? Le cas échéant, lesquelles ?

2. Le Conseil d’État envisage-t-il que la promotion de la bienveillance et de l’empathie, au sein d’une organisation ou auprès de sa clientèle / de son public cible, puisse, dans des contextes à définir, devenir un critère d’octroi d’aides financières de la part de l’État ?

 

Conclusion

Souhaite développer

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Didier LohriVER
Pierre ZwahlenVER
Pierre FonjallazVER
Andreas WüthrichV'L
Jean-Marc Nicolet
Séverine EvéquozVER

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
Mme Sabine Glauser Krug (VER) —

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les liens entre les individus ont été mis à mal durant la période de COVID. D’un côté, évidemment, le fait que la bise et les étreintes soient évitées, voire redoutées, et que les rassemblements plus ou moins importants soient proscrits n’aide pas à entretenir les liens. Mon interpellation s’intéresse à un autre aspect des liens, à savoir les liens affectifs entre bienveillance, tolérance, empathie et jugement. En effet, la manière de vivre la pandémie et les peurs qui y sont liées ont été et sont encore très variées dans la population. La sortie de la pandémie – car nous espérons que nous nous dirigeons dans ce sens – ne saurait suffire à annuler toutes les tensions et le fait que chacune et chacun est amené à choisir quels gestes relationnels sont pertinents à ses yeux, sans consigne de la part des autorités pour les justifier, réserve encore bien des tensions.

Il existe des outils qui permettent d’entretenir la bienveillance, la communication vraie, l’empathie et le vivre ensemble, chez les personnes pour qui ce n’est pas inné. Ces outils invitent à observer son intériorité, à l’exprimer de manière juste et à être à l’écoute de l’autre. Ils apportent une meilleure compréhension des mécanismes psychologiques susceptibles de braquer un interlocuteur et permettent d’y remédier. Bien qu’ils figurent dans le Plan d’études romand (PER), ces outils peinent à trouver une place dans la grille horaire. Estimant que le risque de marginalisation d’individus ou de groupes d’individus est préoccupant, mon interpellation interroge le Conseil d’Etat sur les démarches faites pour transmettre ces outils, dont le bénéfice humain va bien au-delà de la période actuelle et pourrait également nous aider à traverser les crises à venir.           

Mme Sonya Butera (SOC) — Président-e

L’interpellation est renvoyée au Conseil d’Etat qui y répondra dans un délai de trois mois.

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