Ces dernières années, de nombreux articles et études font état d’une détérioration préoccupante de la santé mentale des jeunes. Des élues et élus de tous bords s’inquiètent, à juste titre. Une succession de crises climatiques, sanitaires et géopolitiques dans un laps de temps concentré assombrit les perspectives à un âge où il faut trouver sa place dans la communauté, vivre des relations amicales et amoureuses, gérer les écrans avec son lot de risques et d’opportunités, trouver une formation, la réussir et s’insérer sur le marché de l’emploi.
La pression à la performance s’est accrue dans un contexte devenu plus incertain. Lesbesoins des jeunes ont évolué rapidement, complexifiant le rôle éducatif des parents. Mais cette évolution ne s’oriente pas que vers le pire, fort heureusement. La parole se libère. Celle des jeunes femmes, par exemple, face aux violences sexistes et sexuelles, ou celle des jeunes LGBTIQ+, dont la souffrance jadis trop souvent étouffée s’exprime plus librement, faisant bouger le curseur de l’inacceptable.
Or, face à ces nouveaux défis, une récente étude montre que les Cantons disposent de politiques publiques disparates dans le domaine de l’enfance et de la jeunesse. Normal, dans un système fédéraliste, diront certains. Certes, mais peut-on tolérer une telle iniquité entre Cantons alors que la Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant ratifiée par la Suisse devrait s’appliquer de manière équitable sur son territoire, rétorqueront d’autres. C’est ce constat qui a motivé le récent dépôt de cinq postulats de divers partis demandant au Conseil fédéral de développer une stratégie nationale pour l’enfance et la jeunesse, en collaboration avec les Cantons et la société civile.
Nouvelle enquête
Après des échecs passés, une stratégie nationale fixera-t-elle bientôt des standards minimaux aux Cantons, tout en leur laissant une mise en œuvre adaptée aux réalités cantonales et communales, pour mieux protéger et soutenir les enfants et jeunes sur tout le territoire?
Le Canton de Vaud, lui, s’est doté en 2017 déjà de lignes directrices pour sa politique de l’enfance et de la jeunesse, édifiées sur la base des résultats à un sondage de besoins réalisé en 2015 auprès d’un échantillon représentatif de jeunes, de parents et de l’ensemble de la population vaudoise. Cette enquête d’envergure est justement en cours de renouvellement. Dix ans plus tard, où en sommes-nous? Comment ont évolué les besoins des parents dans leur rôle éducatif? Quelles sont les ressources d’aide mobilisées par les jeunes et les adultes de référence? Quelles sont, de leur point de vue, les priorités en matière de prévention pour les années à venir?