Après le vote sur les minarets

Le Conseil d'Etat réaffirme sa politique d'ouverture et d'intégration.

Discours prononcé le 9 décembre devant le Grand Conseil vaudois par Pascal Broulis, président du Conseil d'Etat.

 

Mesdames et Messieurs les députés,

La votation fédérale sur l’interdiction des minarets suscite de nombreuses réactions dans notre pays et à l’étranger. Le Conseil d’Etat juge nécessaire d’y apporter un commentaire, au moyen d’une Déclaration au Grand Conseil.

La situation est complexe, elle appelle des constats nuancés. Le Conseil d’Etat sait parfaitement que l’enjeu, et le résultat du vote, dépassent de beaucoup le problème de police des constructions formellement tranché par les citoyens. Les réactions de la communauté internationale suffisent à le prouver. En outre, du point de vue du fonctionnement de la démocratie, nous sommes préoccupés par le flou que font régner certaines déclarations a posteriori sur les rapports entre la constitution fédérale et le droit international.

La présente déclaration n’a pas pour but de porter le moindre jugement sur le résultat de la votation : le Conseil d’Etat ne le permettrait pas ; il est conscient des inquiétudes qu’exprime le vote d’une partie de corps électoral vaudois.

Sans empiéter sur les prérogatives de la Confédération, qui traite seule des affaires étrangères de la Suisse, le Conseil d’Etat aimerait rappeler ici que les cantons peuvent de leur côté contribuer activement à défendre une image positive du pays. Ils peuvent le faire en tirant parti de la politique d’intégration qu’ils appliquent. Or justement, nous constatons que la politique d’intégration, menée avec constance et sérieux depuis des années dans notre canton, porte ses fruits.

Le Conseil d’Etat entend poursuivre dans cette voie, rejeter dos-à-dos tous les extrémismes, continuer à construire une cohésion interne strictement respectueuse de nos lois. Le canton de Vaud a une vocation d’ouverture que lui inspirent la composition de sa population, sa localisation géographique, la nature de son économie, le rayonnement de ses hautes écoles et  tant d’autres aspects encore. Sa politique en porte l’empreinte.

Nous savons que le canton de Vaud est attentif aux communautés et aux minorités qui vivent en son sein, communautés et minorités étrangères, communautés et minorités religieuses. Sa constitution, ses lois, le programme de législature de son gouvernement l’affirment clairement.

Mesdames et Messieurs les députés, ces éléments ont toute leur importance pour l’avenir. En effet, dans ce que le gouvernement entreprendra à son niveau, en relation avec les suites de la votation, il fera valoir cette vocation du canton à être ouvert sur l’extérieur et attentif aux minorités.

Dans ce contexte, nos responsabilités se situent sur plusieurs plans.

D’une manière générale, le Conseil d’Etat cherchera à prévenir et à apaiser toutes tensions, toutes inquiétudes qu’il sentirait dans le canton, en quelque lieu et en quelque circonstance que ce soit. Nous n’avons pas de raison aujourd’hui de redouter une détérioration sensible du climat social, dont pâtiraient certaines communautés ; mais il nous appartient, à nous et aux autres autorités, d’observer la situation avec une grande attention.

Aux personnes, aux organisations, aux collectivités ou aux entreprises qui nous feraient connaître leur déception, leur désapprobation ou leur appréhension par rapport à la votation fédérale et à ses effets, nous dirons et répèterons que le canton continue d’offrir des conditions favorables à la diversité.

Le Conseil d’Etat mettra un soin particulier à la mise en œuvre de la loi sur l’intégration des étrangers et la prévention du racisme, loi sur laquelle il s’est fondé pour définir cette années des priorités dans différents domaines  que je cite : «Langue et formation» «Marché du travail», «Politique d’accueil», «Cohabitation dans les quartiers et zones périurbaines», «Ecole, famille, égalité», « Prévention du racisme et compréhension interreligieuse». Le simple énoncé de ces thèmes atteste combien l’Etat tout entier, avec de nombreux partenaires, est actif sur le terrain de l’intégration. Et il faut souligner combien l’école y contribue, notre canton étant souvent cité en exemple sur ce point.

Nous nous emploierons à intensifier le dialogue entre les religions, qui se développe et donne des résultats positifs.

La politique du canton, comme son nom l’indique, vise à une intégration harmonieuse, soucieuse de prévenir tout repli communautariste.

Ainsi, Mesdames et Messieurs les députés, que ce soit au sein des institutions et de l’administration, que ce soit dans le dialogue qu’il entretient avec les entreprises étrangères implantées sur sol vaudois, avec les fédérations internationales, avec ses hôtes venus d’ailleurs, le Conseil d’Etat s’en tiendra donc à un seul et même message : les valeurs du canton ne changent pas ; ses atouts demeurent intacts.

L’ouverture reste d’actualité, plus que jamais. Rappelons nous que le canton de Vaud  aura très probablement la chance d’accueillir en automne 2010 le prochain Sommet de la Francophonie. Un rassemblement que le Conseil fédéral a souhaité en Suisse pour démontrer que le pays ne se referme pas sur lui-même. Un rassemblement autour d’une langue et d’une culture qui ont donné au monde la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen. Tout un symbole.

Au nom du Conseil d’Etat, je vous remercie de votre attention.

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