Conclusion

Entre nature et culture, le paysage : sources d’archives et projets de mise en valeur


Conclusion par Marco Carassi, Gilbert Coutaz et Jean Luquet, co-organisateurs du colloque


Le Colloque a mis en évidence la diversité des réflexions en cours sur le paysage (de types différents: culturel, industriel, naturel, rural, urbain, etc.), le thème transcendant les frontières nationales, à la fois transversal (il peut mobiliser plusieurs disciplines) et complémentaires (les domaines de la connaissance peuvent s’enrichir l’un l’autre s’ils sont sollicités). Il a souligné que l’étude pouvait se faire à partir de sources textuelles dont les mots suggèrent et évoquent des «images», des «odeurs», des «sons» et qui peuvent être exploitées à une période où les sources visuelles font défaut. Le mot «paysage» est le plus souvent absent des thésaurus, car il est récent, et n’est pas qualifié, car l’analyse demeure superficielle.

La place de l’archiviste se mesure principalement par les inventaires qu’il rédige (il est responsable prioritairement de faire connaître les fonds d’archives dont il a la responsabilité de la conservation) et qui, à l’heure des normes de description archivistique et d’Internet, permettent des regards croisés et des rapprochements inattendus ou insoupçonnés. Mais comment faire savoir que des documents et des dossiers intéressent le paysage, à l’intérieur des séquences documentaires qui ne lui sont pas dédiées, avec le risque de faire des effets de grossissement, des anachronismes? Il faut aller de  l’avant, il n’est pas possible aux archivistes de revisiter les inventaires existants pour les mettre en phase avec les besoins de la recherche, surtout s’ils relèvent d’un petit groupe d’intérêt. Il faut faire confiance aux nouvelles technologies, aux espaces collaboratifs et aux utilisateurs.

En affirmant le principe de provenance dans ses pratiques professionnelles, l’archiviste valorise principalement les producteurs d’archives, souvent ceux de l’administration publique, il fait surgir le contexte de production (les objectifs et les résultats obtenus) qui est crucial pour comprendre le contenu des fonds d’archives, leurs forces et leurs faiblesses, leurs atouts et leurs limites. Le vocabulaire descriptif est celui de la date de l’inventaire, il n’est pas nécessairement celui de l’exploitant et dans les termes d’aujourd’hui. La place de l’archiviste n’est pas celui de l’historien ou du chercheur, il doit aider l’un et l’autre en les orientant sur les richesses documentaires du dépôt d’archives, tout en leur laissant la responsabilité de l’interprétation – jusqu’où les photographies et jusqu’où les photographies et les dessins reflètent la réalité vraie? Comment décoder ce qui est codé dans une manière de représenter par la gravure le paysage? Comment dépasser les choix du photographe qui disent souvent plus que la photographie elle-même de sa perception du paysage? Dans quelle mesure les sources visuelles sont l’interprétation plus ou moins exacte de l’objet considéré?

L’archiviste a une place certaine dans le débat sur le paysage, il est un des acteurs important par les apports documentaires (il intervient dans la constitution de la mémoire avant les historiens et, à ce titre, a une responsabilité énorme), il peut interpeller ses autorités sur sa connaissance du passé, il peut servir d’aiguillon à la recherche. Il n’est pas le propriétaire des documents; au contraire, il est invité à les proposer et à les porter à la connaissance du public, en s’aidant des nouvelles technologies pour augmenter leur rayonnement et les rapprocher du contenu d’autres institutions. Il doit affirmer son rôle dans la cité et s’approprier du thème du paysage comme un nouveau champ d’investigation, qui constitue déjà un enjeu fort de la société, disputé et conflictuel qu’il lui incombe de documenter aussi objectivement et largement que possible.

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