Paysannes vaudoises, ambassadrices du monde agricole

Association des Paysannes vaudoises, Thérèse Porret, 2024 — Association des Paysannes vaudoises, 2024

Avant l’Association des Paysannes vaudoises (1931), il y a eu l’Association des Productrices de Moudon (1918), qui s’est donné pour but de défendre les intérêts des paysannes desservant le marché de Moudon, de palier la raréfaction et la cherté des denrées et de lutter contre le marché gris et les intermédiaires en période de guerre. Ce groupe a été la première association de paysannes en Suisse et a eu comme première présidente Augusta Gillabert-Randin, pionnière de la lutte pour les droits politiques des femmes et pour les conditions de vie des paysannes, dont elle a très vite encouragé la formation professionnelle. Augusta Gillabert-Randin est aussi à l’origine, en 1931, de l’Association agricole des femmes vaudoises, qui prendra plus tard le nom de l’Association des Paysannes vaudoises (APV).

Aujourd’hui, l’Association des Paysannes vaudoises couvre tout le canton, compte 73 groupes et 5'000 membres et fait partie de Vaud Associations. Chaque groupe est autonome dans ses activités, mais tous ont les mêmes objectifs : encourager l’esprit de solidarité et l’entraide entre les membres ; favoriser la compréhension entre les milieux citadins et ruraux ; promouvoir une alimentation saine, de saison et de proximité ainsi que les produits du terroir ; défendre les intérêts agricoles ; soutenir les démarches visant la formation (professionnelle et continue) des paysannes ainsi que la reconnaissance de leur statut.

Si une majeure partie de ses membres a des liens directs avec le milieu rural, l’association a aussi dès l’origine accueilli des femmes venues d’autres horizons. En participant à de nombreuses manifestations, l’APV est garante des traditions et des savoir-faire du monde rural vaudois. La force de l’APV vient de son inscription et de son engagement dans le temps présent.

Dans le canton de Vaud

Ensemble du canton. L’Association des paysannes vaudoises (APV) compte un peu moins de 5'000 membres et est composée de 73 groupes représentant 10 régions :

Broye (Combremont et environs, Constantine et environs, Corcelles-près-Payerne, Grandcour et environs, Granges-Marnand et environs, Moudon et environs)
Lavaux-Jorat (Forel-Savigny, Les Hauts de Vevey, Jorat, Mézières et environs, Les Monts-de-Lavaux, Oron et région, Puidoux, Vigneronnes de Lavaux)
Gros-de-Vaud et environs de Lausanne (Bottens-Bretigny-Froideville, Crissier et environs, Cugy-Morrens, Echallens et environs, Epalinges, Mont s/Lausanne, Poliez-Pittet et Montilliez)
Environs d’Yverdon (Bercher et environs, Belmont-Gressy-Ependes-Suchy et environs, Champvent-Mathod et environs, Fey, St-Cierges et environs, Valeyres s/s Ursins, Vuarrens-Essertines s/Yverdon, Yvonand-Chavannes-le-Chêne)
Orbe-Jura (Arnex s/Orbe, Bavois, Bofflens, Bretonnières, Chavornay-Corcelles-Essert-Pittet et Penthéréaz, Croy et environs, Lignerolle, Orbe)
Bords du Lac de Neuchâtel (Balcon du Jura, Baulmes, Bonvillars-Champagne et environs, Corcelles-Concise-Onnens, Fiez et environs, Provence-Mutrux, Vuiteboeuf)
Morges-Pied du Jura (Ballens-Bière-Berolle-Mollens, Colombier et environs, Denens et environs, L’Isle, Montricher, Apples-Pampigny-Cottens et Sévery, Saint-Prex et environs, Vallée de Joux-Vaulion, Yens-St-Livres-Villars s/ Yens-Reverolle)
Est du canton-Pays-d’Enhaut (Bex et environs, Château-d’Oex-Rossinière, Flendruz-Rougemont, L'Etivaz, Ollon, Plaine du Rhône)
Venoge (Cossonay et environs, Cuarnens, Daillens, Gollion, Le Veyron, Vufflens-la-Ville et environs)
La Côte (Aubonne-Etoy et environs, Begnins, Boiron, Gilly-La Côte, Gimel, Grivrins et environs, Marchissy et environs, Nyon et environs).

Citation: Augusta Gillabert-Randin, in La Terre vaudoise, 20 juillet 1918

« De tout temps, la femme vaudoise, à la campagne, travailla aux côtés de son mari, partageant son dur labeur… Sans porter précisément de grosses responsabilités, elle savait les partager et conseillait souvent… plutôt qu’elle n’était consultée, et cela lui suffisait.

Vint la guerre, qui changea brusquement la face des choses ; du jour au lendemain… le travail de la femme assura le pain du pays…

Et tel fut le résultat de cela que sa valeur réelle lui fut révélée à elle-même, qu’elle prit conscience de ses possibilités et sentit le besoin de plus d’indépendance.

Actuellement, dans la lutte intense pour la vie, alors que la tension extrême des forces est exigée dans toutes les conditions de l’existence…la paysanne vaudoise, elle aussi, est au service de la patrie…

Est-ce pour ce travail intense que la citadine jalouse la paysanne ? les légumes poussent-ils donc tout seuls, qu’elle lui dénie le droit d’en obtenir un prix supérieur à celui d’avant-guerre ?...

Tout travail a droit à un salaire…

Comment évaluer tout cela, comment mettre d’accord des intérêts aussi divers que ceux du citadin et du paysan, comment protéger pour l’après-guerre notre culture indigène dans la ruée qui se produira pour le retour de la vie à bon marché ?

Voilà d’où est née l’Association des productrices [de Moudon], laquelle demande pour vivre d’être comprise et appuyée par toutes les paysannes d’un bout à l’autre du pays. »

Citation : Augusta Gillabert-Randin, in L'industrie laitière suisse, 10 juillet 1925

« C’est ce qu’il faut qu’apprenne à faire la paysanne suisse : tour à tour s’intéresser à la formation professionnelle de la femme, comme à tous les perfectionnements qui concernant son travail sans négliger les œuvres sociales d’entraide… Casse-cou ! émancipation ! féminisme !... diront quelques-unes de mes lectrices en reculant. Si vous voulez, oui, le voilà le vrai féminisme, celui qu’il ne faut pas redouter, celui qui consiste à travailler à son développement physique, intellectuel et moral puis à apporter à l’ensemble toutes ses capacités, ses loisirs et son cœur. »

A voir et écouter

RTS La Première, 2012, 53'22'' : Etre paysanne aujourd'hui ?
Archive RTS, 1991, 47'59'' : Une Suisse sans paysans ?

En Suisse et ailleurs

Chaque canton possède une association de femmes paysannes (AG, AI, AR, BE-D, BE-F, BL, FR-D, FR-F, GE, GL, GR, JU, LU, NE, NW, OW, SG, SH, SO, SZ, TG, TI, UR, VS-D, VS-F, ZG, ZH).

Les différentes sections cantonales sont regroupées au sein de l’Union suisse des paysannes et femmes rurales (USPF)