Interpellation Alberto Mocchi et consorts - Grand tétras es-tu (encore) là ?

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Texte déposé

S’il est une espèce animale symbole de l’arc jurassien et de la fragilité de ses milieux naturels, c’est sans l’ombre d’un doute le grand tétras. Ce gallinacé affectionnant particulièrement les forêts de conifères était jadis fort répandu dans nos contrées, et on le retrouvait dans les Préalpes comme dans l’entier du massif jurassien. Divers facteurs, dont des activités humaines toujours plus invasives, ont mené à la disparition des populations dans les Alpes vaudoises dès le début des années 1990, et à un fort déclin dans le Jura, où l’espèce n’est désormais présente qu’à la Vallée de Joux. 
 

La population suisse de cette espèce était estimée dans les années 1970 à au minimum 1100 mâles, alors que les derniers recensements, qui datent des années 2013-2016, font état d’environ 380 à 480 coqs. Dans notre canton, où vit un tiers de la population de grands tétras de l’arc jurassien ( le reste se trouvant dans les départements français de l’Ain, du Doubs et du Jura), un comptage en 2023 a permis de recenser 52 coqs. 
 

Les causes principales de ce déclin sont connues : pertes de l’habitat, dérangement par des activités humaines de loisirs, mais aussi perte de diversité génétique de populations toujours plus isolées les unes des autres. Si rien n’est fait pour inverser la tendance, on estime que les populations jurassiennes pourraient avoir complètement disparu d’ici à quelques années. 

Un Plan d’action national a été mis sur pied à la fin des années 2000 pour ancrer les bases de la conservation de l’espèce. Une carte des zones prioritaires pour la conservation du grand tétras a été élaborée et est toujours utilisée pour la mise en œuvre de mesures ou dans le cadre de projets d’aménagement du territoire.
 

En 2019, la Station ornithologique suisse et Birdlife Suisse ont publié un bilan intermédiaire du plan d’action national. Les conclusions principales étaient que les mesures mises en place – notamment la création de réserves forestières particulières et de zones de tranquillité pour la faune - avaient permis de stopper le déclin de l’espèce dans l’Est du pays, avec même un rétablissement des populations par endroits permettant au passage une stabilisation des effectifs suisses, mais que le déclin de la population jurassienne se poursuivait. Les mesures mises en place jusqu’à maintenant dans le canton de Vaud n’ont donc malheureusement pas permis d’inverser la tendance. Les solutions pour y remédier existent et il semble urgent d’intensifier leur application avec détermination dans notre canton si nous voulons éviter de voir disparaître les dernières populations de grands tétras de l’arc jurassien. 
 

Au vu de ce qui précède, il est souhaité poser les questions suivantes au Conseil d’Etat :

1. Quelle analyse est-elle faite de l’état actuel des populations de grand tétras dans l’arc jurassien, et plus particulièrement dans le canton de Vaud? 

2. Quelle analyse est-elle faite des mesures prises à ce jour en matière de conservation de cette espèce dans l’arc jurassien ? 

3. Quelles mesures le Conseil d’Etat entend-il prendre ces prochaines années afin de stopper le déclin des populations de grands tétras dans le canton ? 

4. Les acteurs de la conservation du grand tétras dans le Jura français réfléchissent à renforcer la population avec des individus réintroduits pour éviter la consanguinité. De telles réflexions ont-elles lieu également dans le canton de Vaud ? 

5. Une action coordonnée avec les autorités françaises actives dans le domaine de la préservation du grand tétras, nécessaire pour la mise en place de politiques efficaces à large échelle, pourrait-elle être mise en place ?

Conclusion

Souhaite développer