24_MOT_24 - Motion Loïc Bardet et consorts au nom Groupe PLR - Survie de la pêche professionnelle dans la région des Trois-Lacs (Développement et demande de renvoi à commission avec au moins 20 signatures).

Séance du Grand Conseil du mardi 23 avril 2024, point 15 de l'ordre du jour

Texte déposé

Les statistiques concernant la pêche le démontrent, le nombre de captures de poissons dans le Lac de Neuchâtel est en perte vertigineuse depuis 10 ans.  De 350 tonnes de poissons adultes en 2014, les pêcheurs professionnels en prélèvent actuellement une centaine de tonnes uniquement. Si l’équilibre du milieu aquatique est soumis à de multiples pressions, un facteur a toutefois radicalement changé ces dernières années : le développement quasi exponentiel de la population de cormorans. Au vu de cette croissance et de leur diminution dramatique de revenu, les pêcheurs professionnels tirent la sonnette d’alarme.

Le cormoran est considéré comme une espèce indigène. Il n’a toutefois été observé que de manière sporadique par le passé et la 1ère couvée a eu lieu en 2001. Le très fort développement des colonies qui a suivi reste incontrôlé à ce jour. Nous demandons donc qu’une régulation soit faite de manière durable, en particulier dans la région des Trois-Lacs vu que les autres lacs du Canton semblent pour le moment moins touchés. La région des Trois-Lacs est un important lieu de nidification des cormorans mais malheureusement aussi de prédation. D’après l’Association de la Grande Cariçaie, le nombre de couples de cormorans dépasse à ce jour 1300 couples sans compter les juvéniles qui s’additionnent à hauteur de 2 à 3 par couple.En revanche, les hivernants sont quant à eux un peu moins nombreux. Cependant,cela représente tout de même une moyenne annuelle d’environ 3’000 cormorans présents sur le lac de Neuchâtel. Avec une consommation de minimum 450g/jour, cela fait plus de 492 tonnes prélevées, toutes classes d’âge et espèces confondues.

Avec de tels chiffres, il devient raisonnable de prendre des mesures permettant d’assurer un avenir à la pêche professionnelle. Cette dernière, pratiquée de manière durable, doit être soutenue, car c’est une composante de l’économie locale et elle revêt une importance patrimoniale et culturelle de 1er ordre. Les espèces de poissons normalement communes, comme la bondelle, la palée, la truite, la perche doivent être protégées par des mesures appropriées. En outre, il reste à clarifier si les cormorans perturbent l’habitat d’autres espèces d’oiseaux, et si tel est le cas, de quelles manières.

Comme indiqué dans la réponse du Conseil d’Etat au postulat Christen, il est rappelé que les tirs de cormorans à partir de bateaux de pêche et donc à proximité des filets sur les lacs sont possibles toute l'année, sauf si le Canton en décide autrement. Toutefois, les concordats et règlements cantonaux ont été modifiés en 2017 sur le Léman et en 2020 sur les lacs de Neuchâtel et Morat avec l’ajout du cormoran à la liste des espèces chassables sur les lacs du 1er octobre au 31 janvier uniquement. Cette période limitée est inappropriée car c’est à ce moment-là que les cormorans sont les moins nombreux et que la plupart des poissons sont en eaux profondes. La pression exercée par les cormorans est maximale de la fin mars à la fin août et c’est à cette période que les filets sont tendu proche de la rive ou dans peu de profondeur d’eau. Il est donc nécessaire que le Canton utilise pleinement la marge de manœuvre accordée par le droit fédéral en autorisant les tirs durant toute l’année.

Il convient aussi de maintenir et approfondir la collaboration avec les cantons voisins. A ce titre, notons que le Grand conseil bernois a déjà adopté une motion analogue alors que les Parlements neuchâtelois et fribourgeois ont également été saisis. Par ailleurs, dans l’attente d’un retour à une situation normale, il est essentiel qu’en accord avec la nouvelle teneur de l’art. 35 du concordat sur la pêche dans le Lac de Neuchâtel, une aide financière à la pêche professionnelle soit maintenue.

En conclusion, il est demandé au Conseil d’Etat de présenter un projet de décret visant les éléments suivants :

  1. Maintien à un niveau supportable de la population de cormorans par le biais de mesures appropriées, afin de permettre la durabilité de la pêche professionnelle ;
  2. Protection des espèces de poissons menacées ainsi que de leurs zones de frai, comme des écosystèmes de ces zones lacustres ;
  3. Coordination de ces mesures ainsi que d’autres soutiens à la pêche professionnelle avec les cantons voisins.

Conclusion

Renvoi à une commission avec au moins 20 signatures

Liste exhaustive des cosignataires

SignataireParti
Nicolas SuterPLR
Aurélien ClercPLR
Fabrice TannerUDC
Laurence BassinPLR
Josephine Byrne GarelliPLR
Guy GaudardPLR
Marc-Olivier BuffatPLR
Florence GrossPLR
Jean-Luc BezençonPLR
Sergei AschwandenPLR
Nicolas BolayUDC
Jean-Louis RadiceV'L
Florence Bettschart-NarbelPLR
Aliette Rey-MarionUDC
Carole DuboisPLR
Marc MorandiPLR
Jean-Daniel CarrardPLR
Anne-Lise RimePLR
Georges ZündPLR
Monique HofstetterPLR
Chantal Weidmann YennyPLR
Nicola Di GiulioUDC
Alexandre BerthoudPLR
Jean-François CachinPLR
Marion WahlenPLR
Nicole RapinPLR
Mathieu BalsigerPLR
Bernard NicodPLR
Olivier AgassisUDC
Jacques-André HauryV'L
Pierre-Alain FavrodUDC
Jean-Franco PaillardPLR
Aurélien DemaurexV'L
Jean-Rémy ChevalleyPLR
Maurice NeyroudPLR
Jean-Marc UdriotPLR
Pierre-André RomanensPLR
Laurence CretegnyPLR
Gérard MojonPLR
Thierry SchneiterPLR
Philippe GermainPLR
Blaise VionnetV'L
Stéphane JordanUDC

Document

Transcriptions

Visionner le débat de ce point à l'ordre du jour
M. Loïc Bardet (PLR) —

Comme vous le savez, depuis plusieurs années, les pêcheurs professionnels du lac de Neuchâtel se plaignent d’une forte diminution des poissons dans le lac ; d’autres lacs du canton sont aussi touchés, mais c’est particulièrement marqué dans le lac de Neuchâtel. Les quantités de poissons prélevées ont été divisées par trois, en 10 ans, et cela est dû à différentes raisons plusieurs fois évoquées dans ce plénum. Un des facteurs principaux est la forte augmentation de la population de cormorans. Il est nécessaire de réguler ces oiseaux migrateurs qui mangent des quantités importantes de poissons, chaque jour, et font ainsi diminuer les possibilités de prises et donc de revenus pour les pêcheurs professionnels.

C’est pour cette raison que, ces dernières années, en collaboration avec les cantons de Fribourg et de Neuchâtel, le canton de Vaud a accordé une aide financière, mais cette dernière se termine à la fin de l’année 2024. Par ailleurs, des autorisations de tir ont été données aux pêcheurs, à proximité des instruments de pêche, mais contrairement à ce qui est autorisé par le droit suisse qui permettrait de tirer les cormorans durant toute l’année, ici la période de tir est limitée durant l’année. C’est la raison pour laquelle, en parallèle avec des collègues députés des cantons de Neuchâtel et de Fribourg, nous avons déposé un texte déjà adopté par le Grand Conseil bernois à la fin de l’année dernière. Ce texte demande 3 choses :

  1. le maintien de la population de cormorans à un niveau supportable ;
  2. la protection des espèces de poissons indigènes ;
  3. la coordination de ces mesures, ainsi que d’autres mesures de soutien et notamment le maintien des mesures financières, tant que la situation par rapport à la population de cormorans n’est pas réglée, avec les cantons voisins.

J’aurai le plaisir de discuter de tout cela en commission.

M. Laurent Miéville (V'L) — Président-e

La motion, cosignée par au moins 20 membres, est renvoyée à l’examen d’une commission.

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